La justice a ordonné le 21 juillet l’arrestation et l’incarcération de deux journalistes qu’elle accuse d’ «injures à l’encontre de juges »". Mohamed Nema Oumar, directeur de publication de l’hebdomadaire «Al Houriya» et Mohamed Ould Abdel Latif, journaliste au sein du même organe, ont été arrêtés, suite à la publication d’articles dans la dernière parution d’«Al Houriya» évoquant «la corruption» des magistrats de la chambre d’accusation, à l’origine du non lieu prononcé en faveur de prévenus accusés de trafic de drogue.
Les articles d’ «Al Houriya» parlaient du partage d’un pactole de 25 millions d’UM qui aurait été « fourni par l’avocat des prévenus aux trois juges de la chambre d’accusation». C’est la deuxième fois en un mois que cette publication est traînée devant la justice . En juin dernier, son directeur Mohamed Nema Oumar a été détenu 48 heures dans un commissariat de police et présenté à la justice sur la base d’une plainte déposée par le puissant sénateur de Rosso Mohcen Ould El Haj, après qu’ «Al Houriya» ait évoqué dans l’une de ses éditions, sa participation présumée à un congrès d’une association sioniste aux USA. Avec cette cascade de plaintes, «Al Houriya» est en train de devenir un martyr de la presse mauritanienne. Au lieu de s’en prendre aux journalistes d’ «Al Houriya» ne convenait-il pas de s’interroger d’abord sur la véracité des informations apportées par ce journal ? Il y a quand même un fait têtu. Parmi les dizaines de prévenus accusés dans les affaires de trafics de drogue, ceux qui restent en prison sont rares! Pourquoi donc tant de magnanimité à l’endroit de présumés trafiquants de cocaïne, et tant de sévérité, à l’endroit des journalistes ?
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