Le démantèlement au 30 avril dernier, de l’organisation salafiste-jihadiste «Ansar Allah El Mourabitoune vi Biladi Chinguitt» avec l’arrestation d’une quarantaine de prévenus (dont 16 ont d’ailleurs, été libérés par la justice), puis, l’arrestation récente de Dahoud Ould Sebty, (le chargé de communication de la dite organisation, qui n’est pas un combattant) ne constituent en fait, qu’un simple épisode dans la lutte que nos forces de sécurité seront appelées à livrer aux salafistes mauritaniens et leurs terribles alliés algériens.
Si le démantèlement d’«Ansar Allah » peut pousser au soulagement, il a également soulevé des inquiétudes : «Ansar Allah» opérait en Mauritanie depuis…. Septembre 2007 et c’est seulement le 10 avril 2008, qu’on s’en est rendu compte. La présence de son «Emir», Khadim Ould Semane -et celle de plusieurs kamikaze mauritaniens- avait bien été signalée aux forces de sécurité depuis janvier 2008, lors de l’audition de Mohamed Ould Chabarnoux, le salafiste qui a tiré à bout portant, sur les touristes français à Aleg. Trois mois après ce renseignement fourni, «Ansar Allah» et son «Emir» avaient curieusement continué à échapper à l’œil -censé être vigilant-, de nos forces de sécurité. Il y eut donc le mitraillage de l’ambassade d’Israël, du restaurant VIP et la mort d’un officier de police. Et il a fallu attendre que Sidi Ould Sidna s’évade le 2 avril 2008, qu’il soit récupéré par «Ansar Allah» (dont il n’était pas membre), pour qu’un véritable ratissage soit opéré avec une expertise extérieure et qu’il aboutisse au démantèlement de l’organisation et à la découverte des caches et des explosifs prêts à être utilisés. Ce démantèlemen s’est accompagné de plusieurs couacs et bavures et surtout d’un fiasco sécuritaire : la fuite via le Nord-Est de Nouakchott, du commando dépêché par Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) comprenant entre autres, le mauritanien Taghi Ould Youssouf et le nigérien Abou Doujana (un vétéran de Lemgheiti) qui avaient séjourné à plusieurs reprises à Nouakchott (entre septembre 2007 et avril 2008) convoyant armes et explosifs dans la triple mission d’encadrer «Ansar Allah », de mener des opérations ( comme le braquage des fonds du Port de l’Amitié), la supervision d’un attentat contre l’ambassade d’Israël et la préparation du kidnapping d’un diplomate allemand en fonction à Nouakchott. Ce commando de l’AQMI poussera son encadrement à «Ansar Allah» jusqu’au bout, en prévenant quelques minutes avant l’accrochage du 7 avril 2008, le noyau dur d’ «Ansar Allah » retranché dans la villa du «Centre Emetteur», faisant perdre ainsi, l’effet surprise, aux forces de sécurité mauritaniennes . Une autre source d’inquiétude ne doit pas non plus être refoulée. L’accrochage du 7 avril a occasionné la mort d’ «Abou Mouadh» le meilleur artificier salafiste mauritanien (spécialiste de la mise à feu à distance, survivant de la sanglante bataille d’ «El Menaa» contre les douanes algériennes) ainsi que celle d’un kamikaze potentiel, le jeune «Oussama». L’on doit savoir néanmoins, qu’une dizaine de Kamikaze mauritaniens potentiels sont encore dans les camps de l’AQMI et pourront regagner Nouakchott à tout moment. Et que deux autres artificiers mauritaniens connus, sont toujours dans la nature : «Abou El Welid» et «Houmam» ! Prendront-ils le relais d’«Abou Mouadh» ? Recevront-ils pour cela, un nouvel appui logistique d’AQMI ? Qui sait ? Deux précautions restent cependant à prendre : prêter attention aux infiltrations suspectes en provenance du Nord-Est mauritanien et surveiller le commerce des engrais notamment, le nitrate d’ammonium. Pouvons-nous le faire ? Avons-nous le temps de le faire dans notre présent contexte, où, la politique politicienne submerge le reste ? IOM
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