MAURITANIE: DANS LA FIÈVRE DE LA GUETNA, ENTRE DATTES ET TRADITIONS SÉCULAIRES   
21/08/2016

Depuis quelques semaines, les Mauritaniens sont profondément plongés dans la fièvre de la «Guetna», un festival marquant la cueillette des dattes. Il s’agit d’un véritable hymne à l’honneur de ce fruit qui pousse dans le désert mauritanien et une ...



... vaste «Opération retour vers le terroir».
«Guetna», la fête des dattes. Celle-ci se déroule du 15 juillet au 31 août, essentiellement dans les régions de l’Adrar, ayant pour capitale Atar, et celle du Tagant (centre), et à un degré moindre, dans l’Assaba et le Hodh occidental, situées dans le grand est mauritanien. Toutes ces régions, participent au festin de ce fruit béni depuis le temps du Prophète (PSL) et incontournable au moment de la rupture du jeûne du Ramadan.

Pendant cette pĂ©riode de Guetna, «les dattes fraĂ®ches appelĂ©es «Liblah» sont consommĂ©es sans modĂ©ration», tĂ©moigne le vieux Mohamed, vĂ©ritable habituĂ©  de ce rendez-vous, qu’il a vu dĂ©filer plusieurs dĂ©cennies grâce au privilège qui lui offre plus 80 ans bien sonnĂ©s de prĂ©sence dans le dĂ©sert d’Adrar, cette Ă©tendue qui accueille les sympathiques hommes bleus, dĂ©crit avec emphase par le grand aventurier Antoine de Saint-ExupĂ©ry.


Un véritable festin
La ruée des Mauritaniens vers les zones précitées s’explique par des facteurs géographiques, notamment la présence d’oasis créant les conditions d’accueil des palmiers dattiers. Des zones qui accueillent, durant ce festival dédié aux dattes, plusieurs milliers de personnes venues de Nouakchott, Nouadhibou, Rosso et ailleurs, dont des nantis qui vont oublier, l’espace d’un instant de vie, l’air conditionné des salons cossus de Tevragh-Zeina, vitrine de la capitale mauritanienne.

Dans le passé, les populations venaient habiter les lieux abritant les plantes pendant toute la durée de la «Guetna». Mais le contexte a évolué aujourd’hui grâce au développement fulgurant des moyens de transport.

Ainsi, on peut désormais aller dans les palmeraies, couper les régimes et les ramener vers Atar, Tidjikja, Kiffa, Aïoun, pour élargir le cercle des participants au festin.
Toutefois, des individus continuent à résider dans les palmeraies pendant toute la période de la «Guetna».

L’usage du terme «festin» est amplement justifié pour ce genre de rendez-vous. Car au-delà d’une simple consommation de dattes, c’est un véritable cérémonial de l’art culinaire qui est développé pendant la période de la «Guetna» qui s’accompagne de la consommation d’une énorme quantité de viande et de diverses autres formes de pâtes spécialement conçues au goût des gourmets adeptes de ces regroupements.


Retrouvailles, musique, mode mariage

Le dĂ©roulement de la «Guetna» renvoie les reflets d’une manifestation avec de multiples dimensions: Ă©conomique, sociale et culturelle. 

Un phĂ©nomène parfaitement dĂ©crit par Idoumou Ould Mohamed, un des pionniers de la presse privĂ©e en Mauritanie, natif de la rĂ©gion du Tagant, dans un entretien avec «le360 Afrique». Il s’agit d’«un festival pendant lequel on se retrouve pour profiter de la cueillette des dattes arrivĂ©es Ă  maturitĂ©. Des retrouvaille marquĂ©es par des manifestations culturelles, des spectacles Ă  caractère musical, de la mode, des jeux, mais aussi et surtout, le temps des amoureux, qui se passent la corde au coup grâce aux liens sacrĂ©s de l’institution religieuse et sociale que reprĂ©sente le  mariage, le tout est naturellement agrĂ©mentĂ© par les poĂ©sies des nombreux poètes.

Pendant cette période, les populations des oasis gonflent. Leur nombre passe même du simple au double, parfois au triple du fait de la grande affluence des populations citadines».

Au delà, la «Guetna» sert également à maintenir et perpétuer les liens séculaires de parenté, de solidarité et consolider les alliances de toutes sortes, en permettant la jonction entre la ville et le campement, un mélange et des retrouvailles chaleureuses entre citadins et nomades.


On passe sous la tante

Une fois arrivés dans les oasis, les festivaliers de la «Guetna» exécutent un cérémonial en deux rites. La première phase est constituée par une période de pré-cueillette (essais). La deuxième étape représente la vraie cueillette : on coupe les régimes (dattes préparées pour être conservées). Cette deuxième phase s’accompagne d’une forte consommation de viandes, par l’abat quotidiennement de plusieurs cabris juvéniles. Il y a également de la bouillie préparée à base de blé et le «Blaz» : pâte préparée à base d’orge.

Tout cela montre clairement que dans la société mauritanienne, la propriété d’un palmier confère un immense prestige.
Enfin, notons tout de même que la cuvée 2016 de la Guetna a été contrariée par des problèmes liés au manque d’eau pour l’irrigation des palmerais et l’apparition du Charançon (un microbe qui affecte et détruit les plantes).




source: afrique.le360.ma


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