L’AMDH publie un rapport sur la liberté d’expression en Mauritanie   
25/07/2016

« La Mauritanie face à ses engagements » est le titre du rapport publié par l’Association Mauritanienne des Droits de l’Homme (AMDH) par rapport aux défis de la liberté d’expression. Présenté par Pierre Brunisso et Bâ Silèye, deux stagiaires qui ont travaillé pendant ...



... plus de deux mois sur le sujet. Ce rapport met  en exergue la problématique de la liberté d’expression en Mauritanie en générale et de la presse en particulier.
Ce rapport est le fruit d’une enquête réalisée par les deux stagiaires auprès des journalistes, des avocats, des chercheurs, des militants des droits humains et des autorités compétentes mais aussi de simples citoyens qui se sont prononcés sur cette problématique des libertés en Mauritanie. Des droits fondamentaux à la protection des sources en passant par l’évolution de la censure, le droit à l’information, le statut du journaliste, tout a été passé au peigne fin par les rapporteurs. Le rapport a également évoqué la discrimination qui prévaut dans la presse notamment avec les médias publics qui ont le  « privilège d’accès aux conférences officielles ». « On est mis à l’écart pour le grand oral du chef de l’Etat, ce sont des journalistes sélectionnés » note Jedna Deida du site Mauriweb. Des journalistes interrogés ont évoqué les difficultés d’accès à l’information mais aussi l’application des lois votées sur la liberté d’expression qui constitue un goulot d’étranglement. « Certains sujets restent sensibles et donc difficilement évocables, la pression de l’Etat ainsi que la pression sociale annihilent tout genre de débat » note le rapport qui fait allusion au jeune blogueur mauritanien Mohamed Ould Mkheitir qui a été condamné à mort pour avoir écrit un article jugé blasphématoire envers la religion islamique. « L’arsenal juridique mis en place ne garantit pas les libertés et ne protège pas le journaliste » souligne Me Fatima Mbaye présidente de l’Amdh. Me Mbaye a demandé à cette occasion, l’application des lois et/ou conventions sur les libertés  notamment sur les droits civils et politiques. Car, selon elle, « on ne peut pas construire la démocratie si la liberté d’expression ou de presse n’est pas effective ». L’Amdh selon sa présidente, préfère un régime déclaratif au lieu d’un régime d’autorisation pour permettre aux organisations de la société civile d’avoir le droit d’association. D’ailleurs, « l’article 22 du pacte des Nations Unies donne la possibilité aux Etats de restreindre ce droit à titre exceptionnel, au cas où une association serait contraire à l’intérêt général » souligne le rapport. La loi sur la liberté d’association date de 1964 et par conséquent, l’Amdh considère qu’elle « viole les engagements internationaux du pays et sa propre constitution » en ce sens qu’il faut au préalable avoir l’aval de l’Etat avant de jouir de son statut d’association.
Le rapport a en outre évoqué le problème lié à l’organisation de réunions et de manifestations souvent dispersées par la police avec l’usage disproportionné de la force. Tout comme des arrestations arbitraires, suivies d’incarcération et de tortures. D’ailleurs, le rapport fait état d’au moins 5 cas de tortures et d’une dizaine pour violence policière dans le seul mois de juillet 2016.
L’Amdh a formulé dans ce sens des recommandations au niveau de l’Etat et des organisations de la société civile (OSC). Il s’agit pour le premier, de renforcer la transparence dans l’attribution des licences à l’exploitation des médias audiovisuelles, augmenter l’aide à la presse, élargir les annonces publicitaires aux médias privés, instaurer une formation spécialisée dédiée au journaliste à partir de l’université, faciliter les médias privés l’accès aux conférences officielles, harmoniser le droit interne avec les standards internationaux en matière de liberté d’opinion, mais également appliquer la loi sur la presse au lieu du code pénal entre autres recommandations. L’Amdh a demandé la libération de tous les prisonniers d’opinion.  Quant aux OSC, l’Amdh a recommandé à cette occasion, la création d’ateliers de formation en partenariat avec les forces de l’ordre et les autres acteurs publics pour clarifier les méthodes d’intervention et de lutte contre la torture, établir un plaidoyer soutenu visant à abroger le régime d’autorisation encadrant les associations. Mais aussi établir un plaidoyer pour la protection des défenseurs des droits de l’Homme avec des méthodes d’alerte efficace.
Lors de cette présentation, les enquêteurs ont souligné certaines difficultés rencontrées relatives à la rétention de l’information par certaines autorités qui ont usé des méthodes dilatoires pour les éviter.
I.Badiane


Toute reprise totale où partielle de cet article doit inclure la source : www.journaltahalil.com
Réagir à cet article
Pseudo
E-mail
Commentaire
Entrer le code
La rédaction de Tahalil vous demande d'éviter tout abus de langage en vue de maintenir le sérieux et de garantir la crédibilité de vos interventions dans cette rubrique. Les commentaires des visiteurs ne reflètent pas nécessairement le point de vue de Tahalil et de ses journalistes.
Les commentaires insultants ou diffamatoires seront censurés.

TAHALIL 2006-2022 Tous droits reservés