Les trois projets qui boosteront le développement économique   
27/03/2016

Trois décisions, jugées  importantes pour le développement économique et social , ont été prises lors du dernier conseil des ministres, notamment dans le domaine de la décentralisation, de l’économie maritime et de la coopération internationale. Le conseil des ministres du ...



... jeudi 17 mars 2016, de par les mesures qu’il a prises, est l’un des conseils qui s’est le plus concrètement porté sur des questions essentielles de développement. Il s’agit de la décentralisation et du renforcement de la capacité des communes à travers l’augmentation des fonds publics qui leur sera désormais affecté, mais aussi du port en eaux profondes que le conseil a adopté sur proposition de la Zone Franche de Nouadhibou. Enfin, l’adoption du tracé de la Grande Muraille Verte sur le territoire mauritanien marque le démarrage effectif de ce mégaprojet africain dont notre  capitale abrite le cÅ“ur névralgique et le siège de ses décisions.


Fonds régional de développement (FRD)
Dans son exposé des motifs portant sur la modification qui a été apportée à certaines dispositions du décret 2011-059 du 14 février 2011 portant création du Fonds régional de développement, fixant ses modalités de mise en œuvre, plusieurs raisons ont été avancées par le ministre de l’Intérieur. Il a évoqué le montant dérisoire qui était jusque-là affecté aux communes, mettant en exergue leur inefficacité et leur absence totale d’incidence sur la vie des populations. Pire, il a mis en exergue au cours de la conférence de presse animée en marge du conseil des ministres, que le FRD souffrait de plusieurs dysfonctionnements, dont le moindre est l’orientation des fonds vers de petits projets sans impact social et le manque d’équité dans sa répartition. Fixé à 2,5 milliards d’UM en 2006, le FRD aurait été porté à plus de 3 milliards d’UM.
En plus, des critères de répartition plus objectifs et plus équitables ont été prévus selon le ministre par le projet de décret de modification. L’un des premiers critères est celui relatif au nombre de population de la commune, 50% des fonds prévus devant être distribués selon ce critère. Deuxième critère, la pauvreté. Ainsi, 30% des fonds seront affectés en fonction du degré de pauvreté des communes bénéficiaires. Enfin, 20% des fonds restant seront distribués d’une manière générale à toutes les communes.
Créé en 2001, le FRD qui visait à rapprocher le citoyen des services publics, est passé de 265 millions d’UM à 2,5 Milliards UM en 2006. Il constitue la principale source de revenus pour de nombreuses communes. Il était réparti en trois dotations, le fonctionnement qui absorbait 35% du fonds, dont 15% répartis à parts égales entre les communes et les 15% restant répartis en fonction de la taille démographique et du taux de pauvreté par Wilaya. La deuxième dotation concernait l’équipement et il couvrait 55% du FRD, dont 40% affectés en fonction du poids démographique des communes et 15% représentant la part compensatrice du retard d’équipement et une dotation pour le suivi évaluation et le renforcement des capacités de l’Administration. Le FRD est géré par le ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation. Beaucoup d’élus et d’agents communaux se plaignaient de la gestion catastrophique de ces fonds dont l’intégralité n’arrivait pas, selon eux, à destination. Aujourd’hui, 60% du FRD est affecté fonctionnement et 40% aux actions de maintenance et d’entretien des équipements.
En 2011 le décret organisant le FRD a été modifié pour améliorer le niveau des transferts financiers aux communes pour assurer leur plus grande implication dans le processus de développement. Mais cette modification n’avait pas touché les montants affectés au FRD et s’était contentée d’introduire des réformes juridiques et institutionnelles, tels que l’adoption d’une loi d’orientation sur l’aménagement territorial, l’élaboration de textes réglementaires et la mise en place de structures prévues par la loi d’orientation territoriale, le lancement du programme intérimaire de l’aménagement concerté du bassin du Karakoro et le lancement d’un programme pilote d’accompagnement de la sédentarisation dans le Hodh Gharbi notamment.


Port en eaux profondes à Nouadhibou
La deuxième mesure jugée d’importance prise lors du dernier conseil des ministres concerne la création d’un port en eaux profondes à Nouadhibou. Il s’agit d’une stratégie mise en œuvre par la Zone France de Nouadhibou et que le conseil a adopté. C’est d’ailleurs son président qui a exposé devant les ministres et le président de la République la fiche technique du projet qui selon lui devra boucler le schéma de financement des infrastructures, des superstructures, des équipements et outillages du futur port en eaux profondes de Nouadhibou. Cet ouvrage, compte tenu de son aspect marchand et commercial, devra être développé, selon le Président de la Zone Franche, à travers une série de contrats de partenariats entre le secteur public et le secteur privé.
Ainsi, un comité interministériel composé des départements techniques concernés, en plus de la Banque mondiale et de la Zone Franche devront superviser le processus de mobilisation des ressources et appuyer les efforts à entreprendre au niveau national et international pour promouvoir et mobiliser les investissements autour de ce projet stratégique pour le développement du pays et son ancrage dans l’économie mondiale.
Les études de préfaisabilité et de viabilité du port en eaux profondes ont été réalisées, selon le président de la Zone Franche, par un groupement international de firmes de consulting sur financement de la Banque mondiale. La rentabilité des différentes composantes du projet auraient été prouvée.
Il faut dire qu’aujourd’hui, les ports en eaux profondes ont tendance à suppléer aux ports de fond d’estuaire et subissent la forte concurrence des avant-ports disposant de terre plein vaste pour la manutention de marchandises dans des zones qui appartiennent aux chaînes de logistique.
Le Port de Nouadhibou devra en effet subir la forte concurrence de ports régionaux comme le Port de Las Palmas, le Port d’Abidjan ou encore le Port de Dakar. La marine marchande fait l’objet aujourd’hui de grande transformation marquée par une massification croissante des marchandises diverses. Actuellement, seul le Port minéralier de la SNIM à Nouadhibou est catalogué dans sa catégorie (ports minéraliers) parmi les plus grands ports au monde, à côté des ports de Hedland (Australie), Port Abbott Point (Australie) et Pointe Noire (Congo).
A noter que les débouchés maritimes constituent aujourd’hui un enjeu de pouvoir pour lesquels les Etats ne se font aucun cadeau. Ainsi, «dans le clapotis des rades marinent des haines recuites » et «dans les coulisses des docks, on déniche un étourdissant florilège de coups tordus et de guérillas judiciaires, providence de maints cabinets d’avocats ». Car, l’enjeu est énorme. «Qu’ils accostent ou appareillent, les navires charrient dans leur sillage des fortunes et du pouvoir ». Les ports marchands en Mauritanie ont ainsi beaucoup de chemins à parcourir et des nœuds à rattraper pour concurrencer des géants portuaires du continent comme Abidjan Dakar, Conakry, Cotonou, Lomé, Bissau…
Ainsi, dans sa communication, le Secrétaire général de la Présidence de la République a présenté une communication sur la mobilisation des ressources nécessaires pour la construction du port en eaux profondes de Nouadhibou. Il s’agissait de faire la lumière sur l’après étude de viabilité commerciale et de préfaisabilité de ce port, afin de fournir des éléments de cadrage du processus de mobilisation des ressources. Cette communication proposait aussi la mise en place d’une feuille de route mettant en exergue l’engagement des pouvoirs publics dans le projet du port qui aura l’ambition d’affirmer sa vocation de plateforme polyvalente de services portuaires dans la sous-région.


Grande Muraille Verte
Le ministre de l’Environnement, Amédi Camara a présenté lors du conseil une communication relative à l’adoption du tracé de la Grande Muraille Verte au Trarza. D’une longueur de 270 Km de long et 20 Km de large, le tracé passe par les Moughataas de Keur Macène, Rosso, Mederdra, Rkiz et Boutilimit, traversant les communes de Keur Macène, MBalal, Rosso, El Khat, Mederdra, Taguilalet, Bareina, R’Kiz, Boutalhaya, N’Teïchit et Ajouer. Le projet devra être entamé incessamment, selon le ministre, qui s’exprimait lors de la conférence de presse d’après-conseil. Il a précisé qu’un rapport spécial sera conçu par des experts avec la participation de tous les acteurs de la région du Trarza. Le processus de traçage aurait débuté en 2015 et un pré-rapport déjà débattu au cours d’un atelier organisé à Rosso en août 2015, a-t-il ajouté. Amédi Camara a précisé que ce projet devra toucher 65.000 habitants sur les 272.000 que compte la Wilaya du Trarza, selon le dernier recensement générale de la population de 2013. Ce seront ainsi 5430 kilomètres-carrés qui seront couverts par le projet sur les 106.470 kilomètres-carrés, superficie totale de la région. Il couvrira ainsi 5 des 6 Moughataas du Trarza, soit 11 communes sur 25 et 163 localités sur 604. En outre, cinq zones ont été choisies, selon le ministre, pour devenir des pôles de développement autour du tracé du projet sur l’axe Nouakchott-Rosso compte-tenu de leur densité démographique.
Il faut rappeler que la Grande muraille verte pour le Sahara et le Sahel est un projet développé par l’Union africaine pour affronter les effets de la désertification reconnue comme préjudiciable au développement économique et social de la région saharo-sahélienne et facteur principal de la dégradation des terres. Il s’agit d’une bande forestière reliant Dakar à Djibouti.
L’idée est née du facteur nuisible du désert, une mer de sable envahissant le Sahel et que seule une gigantesque muraille de forêt pourrait stopper. Mais il s’est avéré que le tracé qui devait passer par des zones inhabitées traversent des régions habitées abritant des économies rurales vitales pour ces occupants, d’où la nécessité d’associer les populations. L’option a été ainsi prise d’installer et de mettre en valeur des espèces végétales à valeur économique adaptée à la sécheresse. Nouakchott a été choisi pour abriter le siège de cet important outil d’intégration africaine.
Dieh Mokhtar


Toute reprise totale où partielle de cet article doit inclure la source : www.journaltahalil.com
Réagir à cet article
Pseudo
E-mail
Commentaire
Entrer le code
La rédaction de Tahalil vous demande d'éviter tout abus de langage en vue de maintenir le sérieux et de garantir la crédibilité de vos interventions dans cette rubrique. Les commentaires des visiteurs ne reflètent pas nécessairement le point de vue de Tahalil et de ses journalistes.
Les commentaires insultants ou diffamatoires seront censurés.

TAHALIL 2006-2022 Tous droits reservés