Théâtralisation du Programme Spécial d’Intervention   
06/05/2008

Chassez le naturel, il revient au galop c’est ce qu’on dit. C’est bien plat mais que voulez-vous, sous nos huttes et nos palmiers, l’on aime les choses plates. Les surfaces tellement lisses qu’on peut y faire courir la main sans rencontrer la moindre aspérité. On aime ça. Le verbiage nu qui ne s’encombre d’aucune substance et qui glisse sur tous les corps sans susciter le moindre impact encore moins une quelconque réaction.



C’est normal du reste que l’on ne se sente pas interpellé si le discours nage entre deux eaux, si le verbe se campe dans la neutralité et si le ton est anonyme. Ceci pour en venir à un art dans lequel les médias officiels mauritaniens ont brillé il n’y a pas longtemps et que l’on croyait mort dans notre candeur bébête, mais que nenni, il n’a fait que se tailler de nouveaux habits, il se porte comme un charme. Lui ou elle, c’est la langue de bois. Celle là même que les présentateurs et chroniqueurs des organes d’information utilisaient à satiété pour décrire et relater les infos destinées à la plèbe. Le problème est que cette média attitude est bien énervante car elle présente les auditeurs et les spectateurs comme des demeurés à qui on anone des discours sans reliefs des heures durant sans un atome de respect pour leurs pauvres cervelles. C’est tout comme s’ils se sont tous mis d’accord pour avoir le monopole du discours transparent, celui là qui ne nous dit rien entend-on. A la TVM, il est bien difficile ces temps ci de suivre un journal télévisé sans éprouver un tout petit sentiment d’impatience. Vous avez vu le tapage médiatique qui se fait autour du Plan Spécial D’Intervention ? Il n’a rien à envier aux mémorables campagnes organisées sous l’ère de Maawiya Sid’Amed Ould Taya pour la promotion du livre. En ces temps là le gros de la population mauritanienne s’était comme retrouvée prise dans une folie collective qui avait pour nom livre, livre et livre. Seulement ce temps là, on le sait, beaucoup n’avaient aucune conviction tranchée vis à vis du bouquin. Il fallait aboyer avec les chiens et l’on hurlait plus fort que les autres. Ce qui est insupportable c’est que tout le monde savait que tout le monde faisait semblant et personne n’était dupe mais bon….  Aujourd’hui, pour une cause moins bien amusante que savoir pour tous et,  rebelote. Sauf que cette attitude a  un air de déjà-vu. A force de nous faire subir ce matraquage médiatique chaque soir avec une page Programme Spécial d’Intervention, l’on finit par douter de la bonne volonté des ces nouveaux mécènes et soldats de l’humanitaire. Il y’a trop de théâtralisation sur le sujet. Certains commencent à trouver cette attitude caricaturale. Il faut arrêter le manège. Si on veut réellement agir, il faut le faire et arrêter de faire semblant. Et pour cela, rien ne vaut une descente sur le terrain et s’appuyer sur les couches sociales qui sont du reste les cibles et travailler sans tambour ni trompette. Et si après cela on veut  apprécier la reconnaissance, il n’y aura qu’à attendre. Les actions efficientes ne sauraient jamais rester méconnues. Alors de grâce, messieurs les présentateurs, arrêtez ce folklore. Proposez-nous des sujets plus abrupts, y’en a marre de la glissade !
Biri N’Diaye


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