La gestion des migrants par l’Europe est un -échec catastrophique-, selon MSF   
19/01/2016

Médecins sans frontières (MSF) forme cinq vœux pour 2016. Cinq souhaits pour éviter que l’année qui commence ne soit une redite de «l’échec catastrophique de l’Europe en 2015 à répondre aux besoins des réfugiés et migrants à ses portes ».



Son rapport sur l’année écoulée, intitulé « Parcours du combattant vers l’Europe », dénonce avec virulence la gestion des populations en besoin de protection. Selon les « French doctors », la politique menée par l’Union européenne et par les Etats a même aggravé les traumatismes et les souffrances des populations qui venaient y chercher refuge.


Ouverture de voies sécurisées
Alors, comme vœu numéro un pour 2016, MSF demande l’ouverture de voies sécurisées et légales pour les demandeurs d’asile, afin de diminuer l’emprise laissée aux passeurs et d’éviter aussi que les frontières ne s’érigent en murs entre les pays.


Programme de recherche en mer
Ensuite, l’ONG estime nécessaire « un ambitieux programme européen de recherche et sauvetage en mer », un programme qui s’approche « aussi près que possible des points de départ des bateaux », c’est-à-dire des lieux où ne va pas Frontex (l’agence de surveillance des frontières extérieures de l’Europe) et où se produisent pourtant la plupart des naufrages.


Accueillir davantage, relocaliser intra-européen et lutter contre la violence
Les médecins demandent aussi que l’Europe tout entière investisse « dans une capacité de réception qui respecte les standards européens plutôt que dans des mesures de dissuasion » ; qu’« en l’absence d’un système d’asile européen, l’Union soit capable d’investir de manière ambitieuse dans un programme de relocalisation intra-européen », et qu’on en finisse « avec les actes de violences et abus perpétrés par les autorités représentantes de l’Etat ».

Si ces préconisations ont été formulées à la suite de l’analyse des interventions de terrain, et si les décideurs européens en sont tous destinataires, il est pourtant peu probable que l’Europe prenne un virage à 180 degrés et change de politique, à l’heure où même les pays les plus ouverts commencent à se refermer. Or, la situation est d’autant plus inquiétante que rien ne dit que les flux d’entrants en 2016 seront inférieurs à ceux de 2015.

LES GOUVERNEMENTS ONT CRÉÉ Â« DES STRESS INSENSÉS ET DES CONDITIONS DE PASSAGE DANGEREUSES POUR DES MILLIERS DE PERSONNES »
Durant l’année passée, MSF a dû se mobiliser partout en Europe pour répondre aux besoins. L’association a affecté 535 personnes et dégagé 31,5 millions d’euros dans une zone où elle n’est pas habituée à travailler et où elle a pourtant dû prodiguer des soins d’urgence et plus de 100 000 consultations. Face aux noyades à répétition en Méditerranée centrale durant tout le printemps dernier, l’ONG a jugé de son devoir de se lancer dans le sauvetage en mer. A l’opération italienne « Mare Nostrum », dévolue au secours, s’était substituée une opération de surveillance sous l’égide de Frontex. Au total, MSF a sauvé 20 129 personnes en Méditerranée centrale et 6 000 mer Egée…

Mais MSF a aussi mesuré tout au long de l’année que certaines politiques ont été pires que l’incurie et ont aggravé les maux. « A travers toute l’Europe, la majorité des maladies traitées par les équipes médicales de MSF pourraient être évitées si un passage sécurisé et des conditions de réception décentes étaient en place », accuse le rapport. « En ouvrant, puis fermant leurs frontières, de manière dangereusement capricieuse », à la fin de l’été, les gouvernements ont créé « des stress insensés et des conditions de passage dangereuses pour des milliers de personnes ».

MSF observe clairement que ces mesures ont poussé nombre de migrants dans les bras des passeurs, en rendant le franchissement des frontières difficile et aléatoire. Ils « ont joué avec la santé, la dignité et le bien-être des migrants, réfugiés et demandeurs d’asile », insiste le rapport. Or, modeste, MSF reconnaît qu’il sait gérer l’urgence et traiter les besoins immédiats, mais rappelle que « l’Europe et ses Etats membres ont la capacité de placer la vie et le bien-être de ces personnes au centre de leurs décisions ». Tout un programme.



Le Monde.fr


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