Burkina Faso: attaque terroriste Ă  Ouagadougou   
16/01/2016

Le centre de la capitale burkinabé, Ouagadougou, est le théâtre, depuis la soirée de vendredi 15 janvier, d’une attaque terroriste, revendiquée par Al-Qaida au Maghreb islamique (AQMI). Des assaillants, dont le nombre est incertain, se sont retranchés avec des otages dans ...



... les étages supérieurs de l’hôtel Splendid après avoir mitraillé les terrasses de restaurants alentour. La nationalité des victimes et des otages n’a pour le moment pas été précisée, pas plus que le nombre d’otages qui pourraient se trouver à l’intérieur de l’hôtel.

Vers 9 h 30 (heure de Paris) le ministère de l’intérieur burkinabé, Simon Compaoré, a indiqué que les assauts étaient terminés sur le Splendid et le restaurant Cappuccino, mais qu’un autre assaut était en cours sur l’hôtel Yibi, situé en face du Splendid. Le ministre de l’intérieur a indiqué que « 126 personnes, dont au moins 33 blessées, ont été libérées et 3 djihadstes tués ».
 

Assaut et forces spéciales françaises

Selon un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP), des tirs nourris ont commencé à se faire entendre samedi vers 5 heures locales (6 heures à Paris). Des échanges de tirs ont été entendus entre forces de sécurité et djihadistes au café-restaurant Cappuccino. Précédemment, les échanges de coups de feu étaient sporadiques.
 
Samedi matin, François Hollande a dénoncé « l’odieuse et lâche attaque qui frappe Ouagadougou ». « Les forces françaises apportent leur soutien aux forces Burkinabé ». Les forces spéciales françaises sont épaulées par des militaires américains, indique un officiel à Washington, cité par l’agence AP.

Le Pentagone a par ailleurs confirmé l’appui des Etats-Unis : « La France a réclamé un soutien immédiat ISR (surveillance aérienne, souvent assurée par des drones) et nous sommes en train de le mettre en œuvre », a détaillé un responsable de la défense.

Un QG a été établi à proximité de l’établissement afin de coordonner les opérations. L’électricité aux abords du lieu a été coupée. Aux premières heures de samedi, plusieurs personnes ont affirmé que le hall de l’hôtel était en feu et que des cris pouvaient être entendus. L’origine des flammes n’était pas connue à ce stade.


Mitraillage des terrasses et prise d’otages au Splendid

Les assaillants ont mitraillé le Taxi-Brousse et le Cappuccino et incendié des véhicules qui ont explosé avant de se retrancher dans l’hôtel Splendid, dont le lobby a par la suite pris partiellement feu. Des contrôles de sécurité étaient en place à l’entrée, mais n’ont pu empêcher l’irruption des assaillants vers 19 h 45, quand des tirs nourris et des détonations ont éclaté.

Un témoin interrogé par Le Monde a raconté que trois hommes encagoulés se sont introduits en début de soirée dans l’enceinte de l’hôtel, situé sur l’avenue Kwame N’Krumah une des principales artères de la ville. Le Splendid, qui compte 147 chambres, est fréquemment utilisé par des Occidentaux et par du personnel des agences onusiennes.
 


Le nombre exact de personnes présentes lors de l’attaque n’a pas été communiqué, mais, selon nos informations, le lieu devait être bondé : une réception de l’Agence pour la sécurité de la navigation aérienne en Afrique et à Madagascar (ASECNA) s’y déroulait. Le ministre de la fonction publique se trouvait dans l’établissement. Il a pu être libéré.

« C’est horrible, les gens étaient couchés et il y avait du sang partout. Ils tiraient sur les gens à bout portant », a expliqué un des rescapés de l’hôtel. « On les entendait parler et ils marchaient autour des gens et tiraient encore sur des personnes qui n’étaient pas mortes. Et quand ils sont sortis, ils ont mis le feu », a-t-il ajouté.


Bilan difficile Ă  Ă©valuer

Trente personnes ont pu sortir « saines et sauves » de l’hôtel Splendid et 33 blessés ont été évacués lors de l’assaut toujours en cours des forces burkinabé, a affirmé à l’AFP le ministre de la communication Rémis Dandjinou. Parmi les trente personnes indemnes figure le ministre du travail burkinabé, Clément Sawadogo, présent à l’hôtel au moment de l’attaque, a précisé M. Dandjinou.


Des pompiers français assistent un blessé à proximité de l’hôtel Splendid, à Ouagadougou, le 15 janvier 2016.

Le ministre des affaires étrangères burkinabé, Alpha Barry a indiqué qu’il y avait « des victimes » dans l’attaque du Splendid et l’employé d’un des cafés cité par l’Agence France-Presse parle de « plusieurs morts » dans les deux restaurants.

Le directeur du principal hôpital de Ouagadougou a fait état d’un premier bilan global d’au moins « une vingtaine de morts ». Il a cité une blessée selon laquelle il y avait parmi les morts « plus de Blancs que de Noirs ». Le ministre de l’intérieur burkinais a fait état d’au moins dix morts sur la terrasse du café-restaurant Cappuccino, situé en face de l’hôtel Splendid.

Samedi matin, le ministre de l’intérieur a indiqué que 126 personnes avaient été libérées dont 33 blessés et que 3 djihadistes avaient été tués.


Revendication d’AQMI

L’agence de presse indépendante Alakhbar écrit qu’un membre d’AQMI lui aurait, de son côté, affirmé que « trente croisés » avaient été tués. AQMI a revendiqué l’attaque de Ouagadougou, précisant que l’attaque est menée par le groupe djihadiste Al-Mourabitoune.
 
Cette attaque survient un peu moins de deux mois après celle de l’hôtel Radisson Blu à Bamako, au Mali. Vingt-et-une personnes avaient été tuées dans une prise d’otages revendiquée par le même mouvement, Al-Mourabitoune, mené par l’Algérien Mokhtar Belmokhtar.

Peu de temps après les premiers coups de feu, l’ambassadeur de France au Burkina Faso, Gilles Thibault, a évoqué sur son compte Twitter une « attaque terroriste » et annoncé l’ouverture d’une cellule de crise.
 
Le couvre-feu, mis en place dans le pays à la mi-septembre à la suite d’un coup d’Etat, a été étendu de 23 heures à 6 heures. Jusqu’ici, il était effectif à compter d’1 heure.


Le Burkina jusqu’alors épargné

L’événement est inédit dans la capitale burkinabé, même si le pays, membre du « G5 Sahel » consacré notamment à la lutte antiterroriste et « point d’appui permanent » de l’opération française Barkhane, a déjà été la cible d’opérations djihadistes.

L’armée du pays a par ailleurs précisé dans la soirée de vendredi que le nord du territoire, près de la frontière avec le Mali, avait été la cible d’une première attaque dans la journée. « Aux environs de 14 heures (locales, 15 heures à Paris), une vingtaine d’individus non identifiés lourdement armés ont perpétré une attaque contre des gendarmes en mission commandée dans le village de Tin Abao. »

Le « bilan provisoire » est de « deux morts, un gendarme et un civil, et deux gendarmes blessés, dont un grave ». Les assaillants sont en fuite et activement recherchés.

A Paris, le ministère des affaires étrangères a donné des précisions sur le nombre de Français présents dans le pays : ils sont 3 915 à être enregistrés dont 3 034 à Ouagadougou, a indiqué Romain Nadal, le porte-parole du ministère, sur Twitter.

 


Le Monde.fr avec AFP, AP et Reuters


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