Aziz passe en revue devant la conférence sur l'extrémisme violent les efforts déployés par la Mauritanie pour faire face au terrorisme et à l'extrémisme violent   
30/09/2015

Le Président de la République, Son Excellence Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz a affirmé, dans un discours prononcé mardi à New York à l’occasion de l’ouverture de la conférence sur le terrorisme violent que notre pays a adopté depuis 2009 une approche ...



... intégrée qui a sécurisé pleinement notre territoire, mettant depuis lors un coup d’arrêt aux actions terroristes qui, auparavant, secouaient périodiquement notre pays.

 Voici le texte intégral de cet important discours:

 "Excellence Monsieur Barack Obama, Président des Etats Unis d’Amérique;

 Excellences Mesdames et Messieurs les Chefs d’Etat et de Gouvernement ;

 Excellence Monsieur Ban Ki-moon, Secrétaire Général de l’Organisation des Nations Unies ;

 Mesdames et Messieurs ;

 Je voudrais, tout d’abord, exprimer mes sincères remerciements à Son Excellence Monsieur Barak OBAMA, Président des Etats-Unis d’Amérique, pour l’invitation qu’il a bien voulu m’adresser, en vue de prendre part à cette importante rencontre consacrée à un sujet qui figure au premier plan parmi les préoccupations de la communauté internationale.

 C’est un honneur de prendre la parole devant vous, ici, dans cette ville de New York qui a payé, dans son histoire récente, un lourd tribut à la folie humaine, mais qui a su remarquablement rester debout, pour continuer d’incarner, aux yeux du monde, un magnifique symbole de liberté et de progrès.

 Excellences,

 Mesdames et Messieurs,

 La montée du terrorisme et de l’extrémisme violent constitue un défi majeur de notre époque. A l’échelle du monde, elle alimente une terreur de masse, suscite le repli identitaire, et cristallise les haines.

 Au-delà du rejet catégorique et de la condamnation sans équivoque, nous devons opposer à cette dérive meurtrière, une résistance absolue. La violence des regroupements terroristes à travers le monde, appelle tous les Etats à une vigilance et une coopération accrues pour tarir, à la source, les ingrédients du mal.

 Excellences,

 Mesdames et Messieurs,

 La fermeté requise à l’égard du terrorisme et de l’extrémisme violent ne doit occulter, bien au contraire, la nécessité de comprendre ses ressorts.

 Il apparaîtra, alors, que la radicalisation, qui pousse au terrorisme et l’extrémise violent, prospère toujours sur le terreau propice des frustrations, que génèrent les privations.

 Ce sont des phénomènes qui émergent et se développent par défaut : défaut des conditions d’une vie digne, défaut de justice et de libertés, défaut de sens, de perspectives et d’horizon personnels, défaut de raison, en somme.

 Partout où il avance, l’extrémisme violent instrumentalise la pauvreté et l’injustice, la marginalisation et la perte des repères. A ces considérations internes à chaque société, l’ingérence extérieure peut apporter un facteur additionnel.

 Les interventions militaires dans les différends politiques internes, peuvent, indépendamment de leur légitimité, aggraver les désordres et l’anarchie, qui favorisent la montée de l’extrémisme et de la violence.

 La crise libyenne, dont l’onde de choc et les répliques se retrouvent, aujourd’hui, directement à l’oeuvre dans la déstabilisation accrue, que connaît le Sahel, en est l’illustration éclatante.

 Sans avoir été partisans du statu quo, les Etats de la région avaient pourtant invariablement alerté, dès le départ de cette crise, sur les dangers prévisibles, bien au- delà de la Libye, d’un effondrement brutal, dans ce pays, des institutions et de l’appareil d’Etat.

 Au vu de la situation présente au Sahel, il est regrettable pour le moins, que ces appels à plus de discernement et de retenue, n’aient pas été davantage entendus.

 L’intervention militaire en Libye a mis, certes, un terme à un pouvoir autocratique qui pratiquait l’oppression. Mais elle a également ouvert une parenthèse de désordres profonds, qui accentuent l’insécurité, et favorisent l’extrémisme violent, dans toute la région.

 Au nord Mali, c’est l’accumulation de revendications insatisfaites des populations de cette zone, par l’administration centrale, qui a été exploitée par des groupes terroristes et des réseaux de trafiquants de drogue pour déstabiliser ce pays frère.

 Les capacités opérationnelles de ces groupes ont été démultipliées par l’instabilité régnant en Libye.

 Plus au sud, l’extrémisme violent a acquis des capacités d’action inédites qui en font, désormais, une source de déstabilisation majeure pour toute la région de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel.

 Face à ces défis, les réponses à apporter se doivent toujours d’intégrer la réalité, complexe et multidimensionnelle, des phénomènes de radicalisation et d’extrémisme violent. La tentation simpliste du tout sécuritaire conduit, ici, dans une impasse. Donnant l’illusion d’enrayer la violence extrémiste, elle participe, au final, à l’entretenir et l’aggraver.

 La réponse efficace à ces phénomènes requiert de traiter simultanément leurs manifestations et leurs causes. Elle appelle à combiner réaction et prévention. Elle nécessite une conjonction optimale, de l’effort global et de l’action locale. Elle commande d’envisager, au-delà des seules dimensions sécuritaires, les considérations doctrinales, politiques et sociales.

 Excellences,

 Mesdames et Messieurs,

 C’est cette approche intégrée que notre pays a, résolument, fait sienne.

 Nous sommes parvenus, depuis 2009, à sécuriser pleinement notre territoire, mettant depuis lors un coup d’arrêt aux actions terroristes qui, auparavant, secouaient périodiquement notre pays.

 Les succès enregistrés, sur ce plan, sont le fruit d’une vision cohérente, et d’une stratégie pluridimensionnelle, alliant à l’action sécuritaire, une politique de dialogue, et un développement qui profite aux populations vulnérables, en priorité. Dans ce cadre, un effort sans précédent a été, d’abord, consenti à la préparation et l’équipement de nos forces armées et de sécurité, pour assurer l’inviolabilité de notre territoire, et garantir la sécurité des personnes et des biens.

 Parallèlement, nous avons initié, avec succès, d’importantes actions de persuasion envers nos jeunes radicalisés. Une politique de " la main tendue " nous a permis, à travers un dialogue conduit par nos principaux savants et érudits, de ramener dans le droit chemin, et réinsérer socialement, nombre de nos jeunes compatriotes, auparavant voués à l’extrémisme et l’action violente.

 Face à l’imposture extrémiste, notre pays s’est, plus généralement attaché à conserver la prépondérance naturelle de notre foi authentique : celle d’un Islam de Juste Milieu, tolérant et ouvert à l’altérité.

 C’est dans cette optique que nous avons, entre autres, multiplié les colloques et rencontres de sensibilisation, condamnant avec force le fanatisme , l’extrémisme et l’utilisation abusive de la religion en matière politique.

 Dans un registre connexe, nous avons veillé à faire des préoccupations des jeunes et des groupes défavorisés, un axe majeur de notre action. Nos politiques, dans ce cadre, attachent un prix particulier à la formation, à l’emploi, à l’épanouissement des jeunes et leur implication dans la vie publique et citoyenne.

 Ces politiques s’appuient, plus largement, sur la priorité que nous avons accordée à l’amélioration des conditions de vie des populations fragiles, à travers un meilleur accès à l’éducation, à la santé, aux infrastructures et aux services de base. Le recul de la pauvreté s’est particulièrement accéléré durant les cinq dernières années, nous permettant, par rapport au niveau de 2001, de faire baisser son taux global de 20% environ.

 En renfort à ces actions, notre engagement résolu pour l’ancrage de la démocratie et des libertés, la promotion de la bonne gouvernance, et la consolidation de l’Etat de droit, contribue, tout autant, à prévenir et conjurer les tentations extrémistes.

 Excellences,

 Mesdames et Messieurs,

 Pour appuyer les efforts de chaque pays, la coopération internationale est une clé du succès.

 La lutte contre l’intolérance, la radicalisation et l’extrémisme violent, est une responsabilité universelle. Elle ne saurait relever du devoir propre d’un seul Etat, ni même d’une région ou d’une aire de civilisation, en particulier. Elle appelle l’engagement solidaire de tous les peuples, et l’action concertée de tous les Etats.

 Mais au-delà de la coordination requise à ce niveau, il importe, à cette échelle également, de lutter contre les incompréhensions et combattre les injustices. La légitimité de notre engagement collectif contre l’extrémisme et l’intolérance, gagnera sans doute à s’appuyer sur l’émergence d’un nouvel ordre international, plus égalitaire et moins injuste.

 Respecter la singularité de chacun, agir en commun pour le bien de tous, sont la meilleure réponse que nous pouvons opposer à ceux qui s’emploient à diviser les Hommes, et figer les croyances dans un antagonisme meurtrier.

 C’est cette tâche immense et exaltante que nous devons inlassablement conduire, au bénéfice de l’entente et de la paix et au profit des générations présentes et à venir.

 Je vous remercie".






AMI


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