Le Maroc et le Polisario ont achevé la nuit du 18 mars près de New York deux jours de pourparlers directs sous l’égide des Nations Unies sans aucun progrès vers une solution de leur conflit vieux de 32 ans au sujet de l’avenir du Sahara Occidental.
Le médiateur de l’ONU, Peter Van Walsum, a précisé que les deux parties avaient accepté de se revoir, pour la cinquième fois depuis le mois d’avril, au même endroit, la ville de Manhasset, mais à une date qui reste à préciser. Selon Ahmed Boukhary, représentant du Polisario à l’ONU, il n’y a pas eu plus de progrès à cette quatrième session qu’au trois précédentes parce que "le Maroc maintient que la seule solution est sa proposition d’autonomie". Le Porte-parole du Polisario, qui réclame l’indépendance de l’ancienne colonie espagnole annexée par le Maroc en 1975, a déclaré "ne pas croire que le processus de Manhasset soit mort", mais "douter qu’il reprenne très bientôt". Ces pourparlers directs avaient été engagés à la demande du conseil de sécurité de l’ONU devant l’incompatibilité apparente des plans que lui avaient soumis chacune des parties pour régler l’un des conflits territoriaux africains les plus inextricables. Le plan marocain, soutenu ouvertement par Washington et Paris, ne propose à la population sahraouie qu’une autonomie étendue tandis que le plan du Polisario insiste pour la tenue du référendum d’autodétermination promis par l’ONU à la faveur du cessez-le-feu intervenu sous son égide en 1991 entre le Polisario et l’Armée Marocaine. Le plan du Polisario, soutenu par l’Algérie et les pays non alignés, prévoit que la consultation offre trois options : rattachement au Maroc, autonomie ou indépendance pure et simple pour les sahraouis, répartis entre leurs camps de réfugiés de la région algérienne de Tindouf et le "sahara utile" sous contrôle marocain.
Tension palpable
L’indépendance pure et simple est une hypothèse catégoriquement exclue par le Royaume Chérifien, qui estime avoir recouvré irrévocablement en 1975 ses "provinces sahariennes" - territoire de 266.770 km2 au sous-sol prometteur dont aucun pays de la communauté internationale n’a reconnu l’annexion par Rabat. Ahmed Boukhary a déclaré que le Maroc avait rejeté toutes les mesures d’instauration de la confiance proposées aux pourparlers de Manhasset, sauf une: le développement des échanges de visites entre membres des familles divisées par la ligne de front. Parmi les mesures refusées figurent notamment l’échange de délégations politiques et la création d’une commission militaire pour renforcer le cessez-le-feu de 1991, que supervise une petite force d’observateurs militaires, la Mission des Nations Unies pour le Référendum au Sahara Occidental (MINURSO). "L’atmosphère, le climat n’étaient pas bons et la tension était palpable", a rapporté Ahmed Boukhary, précisant que les délégués des deux parties n’avaient même pas dîné ensemble en privé. Pour sa part, la mission du Maroc à l’ONU a assuré que sa délégation avait fait preuve de "bonne foi" et d’une volonté d’engager un dialogue sérieux mais qu’elle s’était heurtée à "des positions rigides et dépassées des autres parties qui n’ont fait preuve d’aucune volonté positive de résoudre la question du Sahara". Outre au Polisario, la référence aux "autres parties" semble faire référence à l’Algérie, qui, tout comme la Mauritanie, assistait à ces pourparlers en tant que pays voisin concerné. Le Maroc, a, lui aussi, proclamé son attachement à la poursuite des négociations. M. Van Walsum a affirmé que la dernière rencontre de Manhasset, s’était concentrée sur la mise en oeuvre de résolutions du conseil de sécurité appelant à des pourparlers "sans conditions préalables et de bonne foi" pour parvenir à "une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable". Il a aussi indiqué que les parties avaient examiné les questions de l’administration, de la justice et des ressources dans cette ancienne colonie espagnole annexée par le Maroc en 1975. Trois sessions de négociations se sont déjà tenues sur le même modèle à Manhasset, sans permettre d’avancer vers une solution de compromis.
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