Esclavage : Hollande écarte les demandes de réparation financière   
11/05/2015

François Hollande a écarté dimanche les demandes de réparation financières liées à l’esclavage, lors de l’inauguration du Mémorial ACTe, Centre caribéen d’expressions et de mémoire de la traite et de l’esclavage à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe).
 



     Le président s’est engagé à "acquitter" la dette de la France envers Haïti, une déclaration exclusivement morale, et non financière, a-t-on toutefois précisé dans son entourage.
 
    "Je sais le débat sur les réparations, il n’est pas épuisé", a déclaré François Hollande.
 
    "J’ai repris à mon compte il y a déjà longtemps les mots d’Aimé Césaire (poète et homme politique martiniquais, NDLR) quant à la nature irréparable du crime. Cependant, en lui donnant un nom et un statut par la loi de 2001, le Parlement français a accompli un acte de vérité, de courage et de justice, première des réparations", a-t-il ajouté, évoquant la reconnaissance de l’esclavage comme un crime contre l’humanité.
 
    "Il reste à explorer l’incommensurable leg de toutes les générations (...) le Mémorial ACTe lui donnera toute sa valeur", a conclu François Hollande, voyant dans l’inauguration de ce centre un "événement international majeur".
 
    Le syndicaliste guadeloupéen Elie Domota réclame notamment réparation à l’Etat français.
 
    Evoquant le passé d’Haïti, le président a rappelé que "quand l’abolition de l’esclavage fut acquise, les anciens maîtres ont exigé d’être dédommagés."
    "La monarchie de Charles X (...) réclama à la jeune République d’Haïti une indemnisation d’Etat de 150 millions de francs-or afin d’indemniser les colons qui le réclameraient", a-t-il dit. "Quand je viendrai en Haïti, j’acquitterai à mon tour la dette que nous avons", a-t-il ajouté devant le président haïtien Michel Martelly.
 
   
    PAS UN "LAMENTARIUM"
    L’entourage du président a toutefois immédiatement précisé qu’il n’y aurait pas "d’éléments financiers".
 
    "C’est une reconnaissance morale des pays qui ont profité des situations d’esclavage", a-t-on indiqué.
 
    François Hollande est attendu mardi en Haïti.
 
    Outre une délégation d’une quinzaine de chefs d’Etats de la Caraïbe, deux chefs d’Etats africains étaient présents dimanche en Guadeloupe, le Sénégalais Macky Sall et le Malien Ibrahim Boubacar Keïta, ainsi que deux ministres du Bénin.
 
    Le Mémorial ACTe, long de 240 mètres, sur une emprise de 3450 m2, a été édifié au Sud de Pointe-à-Pitre, sur le site d’une ancienne usine sucrière.
 
    Le granit qui le constitue est naturellement incrusté d’éclats de quartz dorés qui représentent les millions d’âmes disparues lors de la traite, selon l’architecte du projet Pascal Berthelot. La résille argentée qui enserre cette "boîte noire" figure les racines d’un arbre, le figuier maudit, représentant comme "un élan vers l’avenir", ajoute-t-il.
 
    "Vous vivez la métamorphose de ce site, désormais transformé en un temple dédié aux âmes de nos ancêtres. Le Mémorial ACTe sera leur Panthéon", a déclaré Victorin Lurel, le président de Région, à l’origine du projet avec le Comité international des peuples noirs (CIPN), qui ne veut surtout pas que le lieu soit un "lamentarium".
 
    Outre l’exposition permanente, qui sera constituée de 37 modules abordant l’histoire de l’esclavage, de l’antiquité à nos jours, le centre abritera un espace d’expositions temporaires dédié à la création artistique sous toutes ses formes, un espace de recherches généalogiques, une médiathèque et une bibliothèque.
 
    Il sera ouvert au public à partir du 7 juillet prochain. (Reuters)


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