Zouerate: Blocage dans les nĂ©gociations   
01/04/2015

Les dĂ©lĂ©guĂ©s des grĂ©vistes de la SNIM Ă  Zouerate se sont retirĂ©s en milieu de journĂ©e du 1er avril d’une rĂ©union organisĂ©e par le maire de cette ville. Une rencontre cruciale  est prĂ©vue en fin d’après-midi et sera suivie par une confĂ©rence de presse annonçant l’échec des nĂ©gociations. 



Le dĂ©lĂ©guĂ© Ould Aboily  a dĂ©clarĂ© qu’ils ont Ă©tĂ© «chassĂ©s» de la rĂ©union par le maire  de Zouerate après leur refus d’une nouvelle formule proposant de revoir Ă  la baisse  leurs  indemnisations pour les salaires de fĂ©vrier et mars et d’accepter que des sanctions restent  maintenues contre 20 grĂ©vistes.

La nouvelle formule  assortie d’une  garantie sous forme d’engagement verbal du maire de Zouerate est  -selon un syndicaliste-  une  "version non amĂ©liorĂ©e" de l’accord acceptĂ© par les deux parties Ă  l’entame des nĂ©gociations il y a 48 heures  qui comprenait la suspension des sanctions prononcĂ©es par la SNIM contre les grĂ©vistes et  son engagement Ă  ne pas les sanctionner  après la reprise, le paiement de deux mois de salaires  et d’un sursalaire et l’ouverture de nĂ©gociations les 48 h qui suivent  la reprise du travail.

Cette première version  a Ă©tĂ© rejetĂ©e par la SNIM et le maire de Zouerate aurait  -rapportent des medias- promis aux grĂ©vistes de  la faire accepter par les "hautes autoritĂ©s" avant qu’une nouvelle formule  ne soit proposĂ©e aux grĂ©vistes  qui se sont  empressĂ©s de la rejeter.

Selon nos sources sur place, le climat serait  tendu Ă  Zouerate et  les commerçants ont fermĂ© leurs Ă©choppes  craignant des Ă©meutes similaires Ă  celles de mai 2013 qui avaient emportĂ© l’ancien  Wali du Tiris Zemmour le colonel Bamby Ould Baya .

Longtemps nĂ©gligĂ©e par la direction de la SNIM, minimisĂ©e rĂ©cemment  par le prĂ©sident de la RĂ©publique dans sa confĂ©rence de presse du 26 mars,  la grève de milliers  d’employĂ©s de la SNIM a bouclĂ© son deuxième mois et  cessĂ© d’être une affaire de province pour prendre une dimension nationale.

Le mouvement s’est propagĂ© il y a plus deux semaines  Ă  Nouadhibou oĂą les  Ă©pouses et enfants des grĂ©vistes de la SNIM ont organisĂ©  le 29 mars un sit-in dispersĂ© Ă  coups de grenades lacrymogènes, devant la rĂ©sidence de l’administrateur directeur gĂ©nĂ©ral.

A Nouakchott,  le pĂ´le politique du FNDU (opposition) a  organisĂ© le 31 mars une marche sous le thème : «Non au pillage et Ă  la faillite organisĂ©e de la SNIM ».

Des dĂ©brayages sont prĂ©vus le  8 avril Ă  la rentrĂ©e scolaire  au niveau national  par les principaux syndicats du pays qui veulent ainsi manifester leur solidaritĂ© avec les grĂ©vistes dont les dĂ©lĂ©guĂ©s ont exprimĂ© leur dĂ©ception suite aux dĂ©clarations du prĂ©sident Aziz dans sa confĂ©rence de presse.
«Les travailleurs demandent des augmentations de salaires dans une conjoncture difficile, c’est insensé» a dit le président Aziz ajoutant que la production du minerai se poursuit et que ce sont les travailleurs et leurs familles qui souffrent de la grève.

Les dĂ©lĂ©guĂ©s  des grĂ©vistes ont rĂ©agi samedi  28 mars de Zouerate  aux dĂ©clarations du chef de l’Etat indiquant  qu’il a paru «insensible au sort des milliers de familles  comme s’il Ă©tait plus, le prĂ©sident de la SNIM que de ses employĂ©s».

Dans la journĂ©e du 29 mars le chargĂ© de communication de la SNIM a contactĂ© quelques sites internet amis,  pour distiller une information comme quoi, les grĂ©vistes qui sont «en train de reprendre service n’ont pas Ă©tĂ© sanctionnĂ©s».

Cette information a été démentie le jour même par un communiqué des délégués dans lequel ils l’ont défié de donner "les noms et les matricules" des employés qui ont rompu la grève et porté à la connaissance de l’opinion un ensemble d’incidents graves dont «des accidents de train, un incendie, des blessés, des dégâts causés aux infrastructures à plusieurs niveaux, l’absence de maintenance des équipements de Guelb El Ghain et de l’utilisation de vieillards et de jeunes stagiaires ».

Une  «mĂ©diation»  menĂ©e mi-mars par  le dĂ©putĂ© de KaĂ©di Ba Bocar Yahya  prĂ©sentĂ© comme un "envoyĂ© spĂ©cial  du prĂ©sident Aziz",  avait  Ă©chouĂ© après que ce dernier eut refusĂ© de signer le  document relatif  au projet d’accord conclu avec les dĂ©lĂ©guĂ©s des travailleurs.

Un  cadre  de la SNIM Bal Amadou Tidiane  qui ne la reprĂ©sentait pas (c’est la SNIM qui l’a dit)  a assistĂ© aux nĂ©gociations   et refusĂ© de signer l’accord tout comme le Wali du Tiris Zemmour M. Ould Khattri, mutĂ© il y a quelques jours au Tagant.

L’«envoyĂ© spĂ©cial»  dĂ©cidĂ©ment très spĂ©cial, aurait dit aux dĂ©lĂ©guĂ©s que son engagement verbal suffit.
Savait-il que les grĂ©vistes sont en grève parce qu’ils ont un accord  dĂ©jĂ  signĂ© (en mai 2014) et non respectĂ© et qu’ils ne pouvaient donc pas prendre ses hâbleries pour argent comptant?

L’accord acceptĂ© par les grĂ©vistes et dont la signature a Ă©tĂ© refusĂ© par la « mĂ©diation» comprenait plusieurs points :  le gel des sanctions prises contre des centaines  grĂ©vistes,  le règlement par la SNIM  de trois salaires (fĂ©vrier, mars ainsi qu’un sursalaire), la reprise du travail et l’ouverture de nĂ©gociations sur les points Ă  l’origine de la grève notamment les clauses de l’accord signĂ© en mai 2014  Ă  propos des sursalaires et des  primes de production.

En  fĂ©vrier, des Ă©lus de Zouerate avaient tentĂ© une mĂ©diation qui leur a permis juste de constater  leur manque de crĂ©dibilitĂ©.

La grève a Ă©tĂ© dĂ©clenchĂ©e le 28 janvier Ă  Zouerate  suite Ă  l’irrespect par la SNIM de ses engagements signĂ©s avec les dĂ©lĂ©guĂ©s portant sur des augmentations de salaires qui devaient prendre effet en octobre 2014, en mĂŞme temps que des sursalaires et des primes sur la production.

 Des promesses que la SNIM ne peut plus tenir en raison de la chute des cours du fer sur le marchĂ© international et qu’elle aurait d’ailleurs dĂ» ne pas donner, n’étant pas maitre de l’avenir,  ni des fluctuations des prix et n’ayant pas Ă  ce qui se voit,  constituĂ©  de solides rĂ©serves capables de rĂ©pondre Ă  la demande sociale et d’absorber les chocs exogènes.


La SociĂ©tĂ© nationale industrielle et minière (SNIM) produit 12 millions de tonnes par an, dont 80% sont vendus Ă  la Chine et le reste Ă  des pays europĂ©ens . Le  fer  constitue l’essentiel des exportations de la Mauritanie  et contribue entre  25 Ă  30% au budget de l’Etat. Il est la principale source de devises du pays devant la pĂŞche et le pĂ©trole.

Le maire de Zouerate l’ancien colonel Cheikh Ould Baya  a lancĂ© une mĂ©diation  le 30 mars  Ă  travers des rĂ©unions avec des Ă©lus, des reprĂ©sentants des partis politiques, des religieux, des syndicalistes non grĂ©vistes,  des Ă©pouses de grĂ©vistes  et leurs  dĂ©lĂ©guĂ©s.
C’est cette nouvelle mĂ©diation ressemblant  fort Ă  celle de Ba Bocar Yahya  qui est toujours en cours mais dont l’échec  s’annonce Ă©galement .



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