Aziz à l’intérieur du pays : Un si long périple …   
22/03/2015

Au sixiéme jour du périple présidentiel dans les Hodhs, le président Mohamed Ould Abdel Aziz a terminé  avec la première phase qui a concerné la wilaya  du  Hodh Charghi et débuté une  seconde étape  qui va concerner, cette fois, la wilaya du Hodh El Gharbi.



De la première phase, on peut retenir  un ensemble d’observations :
1) qu’il s’agissait essentiellement de visites de contact direct avec les responsables régionaux et les populations.
2) que le président voulait s’enquérir de l’état d’avancement de certains grands projets et de l’impact sur le terrain de ses politiques initiées, ces six dernières années.
3) qu’il voulait prendre des bains de foule , s’imprégner des réalités du terrain et les comparer peut être aux contenus des rapports qu’il reçoit.
4) qu’il  n’avait de nouveaux grands projets à annoncer  et qu’il n’avait pas, non plus  ( à ce stade?) de  message politique  à passer.
5) Enfin,  qu’il n’y a pas d’urgences ailleurs, qui font que le président Aziz ne puisse pas résider une semaine au Hodh Charghi  et envisager de rester 5 jours  supplémentaires,  au Hodh El Gharbi.
Pour le reste, cela peut bien relever d’un esprit de justice que de donner tout ce  temps aux terroirs, si le séjour même éphémère du Président dans ceux-ci,  sera suivi  d’effets.  Or, en termes d’effets, force est de constater qu’il n’y en pas eu jusque là.
Les chantiers se déroulent-ils comme prévu ? On ne sait, car nul n’a été félicité ou tancé.
Les secteurs de base (éducation, santé) se portent-ils mieux après tant de politiques et d’investissements ? On ne sait encore ,même si les images de désolation, étaient là,  pour dire que ça ne vas pas !

Nema,  la première étape du périple présidentiel dans les Hodhs  a été dominée  le 16 mars par les visites de terrain visant à voir de prés  l’avancement de certains chantiers (eau, routes, hôpital régional, usine de lait,) et de certains services régionaux de santé et d’éducation. 
Aziz  n’a pas tenu de meeting devant les populations  et aucune soirée artistique n’a été organisée.
Le coté festif, s’est limité  aux salutations des «acceuilleurs» à la passerelle de l’avion ,  sur la route, dans des sites ainsi qu’une réunion de cadres dont la presse , même publique, n’en a pas  fait  l’échos.
Pourquoi l’avoir alors filmé ?
De très grosses défaillances dans la communication ont jeté de l’ombre sur ce périple.
Pas de direct, pas de duplex, pas de plateaux, pas de grand reportage, la couverture  de la chaine publique «El Mouritaniya» n’a pas présenté  l’événement sous de bons aspects, tant sur le narratif avec des textes d’une banalité sordide,  que sur le plan des images faisant comprendre aux téléspectateurs que les plans étaient  toujours pris à contre jour,  sous une tempête  de sable, ou même sous un bombardement de type «Apocalypse now». 
La presse de pacotille  s’est régalée! Les cadres, les hommes d’affaires  et les tribus étaient à la Une . Selon elle, le président aurait dit dans la  réunion des cadres de Nema qu’il n’a pas d’unité de fabrication  d’hommes d’affaires  en réponse à une question aigrie sur la rareté des hommes d’affaires originaires de l’Est.  Aziz aurait  également  -selon ces medias -  promis 75 millions de dollars d’investissements pour la région. Pour quels secteurs ? Pour quels bénéficiaires ? On est restés sur notre faim. 
Bref, malgré la pléthore de medias,  il n y’ a pas de réelle couverture, exceptée, celle,  plus ou moins acceptable de la radio publique.
S’il y en a, en fait,  qui estiment que la couverture c’est dire : le président est venu, il a été accueilli par tel, il s’est enquis de tel,  telle tribu s’est mobilisée, tel ministre a rassemblé ses parents, tel marabout ses ouailles, tel guerrier ses corsaires, tel défilé était grand… alors là,  on pourra parler de couverture réussie.
Si par contre, couvrir  c’est mettre le téléspectateur, l’auditeur  ou le lecteur,  dans le bain,  là, on peut dire qu’ils sont tous  restés dans le flou.
Quelles sont les potentialités et les contraintes des localités visitées ? Qui sont-ils les acteurs qui s’y démènent devant les cameras ? Qu’est ce qui se dit,  en off ? Quelles telling stories ? Quand est ce  que  le projet Dhar a débuté? Qu’est ce qui a été fait à présent ?  Qui le fait ? Quand finira-t-il réellement ?  Qu’en pensent les bénéficiaires, les experts et l’opposition au nom de la nécessaire pluralité des opinions ? Idem pour l’usine de lait et pour les routes. Pourquoi Aziz s’en va-t-il si loin de Nouakchott, un temps aussi  long alors qu’il est sollicité sur plusieurs fronts ?
Des questions ignorées par toutes les couvertures étalées sur nos petits écrans, nos espaces électroniques, et nos feuilles de choux. Passons !

Dans la journée du 17 mars le Président Aziz a pris son hélicoptère pour la cité historique de Oualata  où il a siesté,  puis à  Nbeiket lehwach où il a passé la nuit. A Oualata, il n’y avait pas de chantiers à suivre malgré un désenclavement antérieur qui a permis de faire économiser aux voyageurs une trentaine de kilomètres de pistes. Aziz  a donc visité  le macabre dispensaire local,  où, on l’a vu examiner la date de péremption des rares médicaments  disponibles dans  sa  minuscule  pharmacie.
Nbeikett lehwach où le président a passé la nuit du 17 mars est une nouvelle ville créée il y a juste trois ans. En réalité elle abrite des Mauritaniens oubliés par tous les régimes qui se sont succédés sur le pays. Elle est située à quelques dizaines de kilomètres des frontières avec le Mali  à la lisière des zones où s’activaient des groupes hors-la-loi, dont Aqmi: tout un symbole ! Il y avait là  des choses à dire et pas forcement ce qui a été dit. C’est à Nbeiket Lahwach que le président Aziz a démenti  suite  une question (suscitée?) la volonté que certains lui prêtent de vouloir  amender la constitution afin de prolonger son deuxième mandat, de briguer d’une manière ou d’une autre un troisième mandant ou de rester sur selle au-delà de son deuxième mandat.
 
Aziz s’est rendu  le 18 mars à Bassiknou où il a appelé la communauté internationale à accorder davantage d’aide aux Maliens réfugiés à  Mberra.
A Bassiknou et Fassala des citoyens ont accueilli le président Aziz en brandissant des bidons d’eau vides, en signe de soif. Des responsables ont effectué des montages grotesques pour masquer des dures réalités notamment en prêtant  des équipements afin de garnir des services sociaux le temps du passage présidentiel. Du faux et de l’usage du faux en toute impunité.

Le président Aziz s’est rendu par la suite  à Adel Begrou et Amourj  où l’accueil chaleureux était toujours assorti de doléances  avant l’étape de Bousteilla où il a visité une petite centrale électrique en construction  et une école en ruine.
D’ailleurs les images contradictoires, d’enthousiasme, de mobilisation, de labeur, mais aussi de ruines , de désolation, de précarité, de carence, de foules dépenaillées,  d’hilarité suspecte  et de détresse  ont dominé  cette visite, où finalement rien de beau et d’esthétique n’a été présenté , comme s’il n’y a rien de rayonnant au Hodh Charghi. Etait-ce  un angle délibérément choisi?

C’est à Djiguenni où Aziz est venu vendredi après-midi (20 mars) qu’il y a eu de bonnes images du dispensaire et des cavaliers  ainsi qu’un semblant de meeting où trois ministres membres de la délégation présidentielle ont pris la parole devant les populations. Mais les ministres en question semblaient  avoir le trac  et ont tous prononcé des discours avec un air gêné et tendu. L’un d’eux, particulièrement rompu  aux intrigues  en coulisses, donnait l’air d’un supplicié. Il s’agissait pourtant d’annoncer de bonnes nouvelles  pour Djiguenni : extension d’un réseau électrique  avec 3 groupes générateurs, un branchement aérien de basse tension de 25 kilomètres , un branchement terrestre de 3 kilomètres de moyenne tension, lycée d’excellence et  le raccordement de Djiguenni (à la première étape ? ) du projet Dhar.

Les querelles de leadership nourries par les saillies des troubadours ont failli compromettre la nécessaire harmonie lors de certaines étapes de la visite présidentielle du Hodh Charghi. Heureusement que Dr Moulaye Ould Mohamed Leghdaf a eu la hauteur  de couper court à ces intrigues, en venant  à Djiguenni dans le domicile du Premier ministre Yahya Ould Hademine.

En route vers Timbedra le président Aziz a effectué plusieurs arrêts  à Bouleklab, Aweinatt Zbill  et Ghlig Ehel Boye où il a été question de l’inauguration d’une adduction d’eau potable  et de la visite d’un vieux barrage.
A Timbedra,  où le président Aziz est venu l’après-midi du 21 mars  le programme a comporté  la visite d’un site de pose des conduites dans le cadre du projet Dhar,  la visite du famélique centre de santé  et la visite d’une antiquité, la Medersa de Timbedra fondée les années 1922 par l’administration coloniale, aujourd’hui en ruine et  servant toujours d’école. C’est à se demander s’il n’ya pas eu d’écoles  construite depuis lors,  pouvant accueillir le président de la République  et renvoyer une autre image, comme le collège visité.

Le 22 mars le président Aziz a entamé par Aioun la plus belle  et plus accueillante ville de Mauritanie son périple dans le Hodh El Gharbi. A l’iniative du Général Misgharou Ould Sidi les acteurs politiques ont  décidé quelques jours auparavant dans un appréciable élan de maturité  de taire leurs divergences et de conjuguer leurs efforts pour la réussite de la visite présidentielle. Espérons que cela durera.
Après l’accueil  marqué  par «l’humiliation» à l’entrée d’Aioun de certains «acceuilleurs» par les agents du protocole d’Etat qui a perdu du professionnalisme avec Hassen Ould Ahmed,   le président Aziz a visité l’hôpital régional d’Aioun où il s’est entretenu avec les patients avant d’aller à la rencontre des sportifs à la Maison des jeunes et des élèves-maitres  à l’école des Instituteurs, puis à l’Université islamique avant  l’inauguration du  siège de la société "Bétail et pâturages de Mauritanie" (BP-RIM) qui va, dit-on,  produire des aliments de bétail , ainsi que du lait, assurer sa collecte et valoriser les dérivés des animaux (peaux, os, cornes) et l’examen de moyens de réaliser le pavage de certaines avenues d’Aioun.
Trois moughataas Kobenni (avec sa nouvelle  ville Termessa dont des habitants sont venus il y a deux semaines   à Nouakchott se plaindre du manque d’eau), ainsi que  Tintane et Tamchekett et  deux arrondissements : Ain Farba et Touil,  sont concernés par le périple présidentiel au Hodh El Gharbi.
IOMS



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