Dialogue : A quand ?   
01/03/2015

Le dialogue (encore lui)  est de nouveau Ă  l’ordre du jour. Le prĂ©sident Aziz s’y est dit prĂŞt dans un discours prononcĂ© dĂ©but janvier 2015 Ă  Chinguetti lors du lancement de la cinquième Ă©dition du festival des Villes anciennes. "Nous avons dĂ©clarĂ© au cours du discours d’investiture du nouveau mandat prĂ©sidentiel...



...notre constante disponibilité à rester ouvert au dialogue avec toutes les composantes nationales parce que nous sommes convaincus de la nécessité de la participation de tous à l’œuvre de construction nationale (…) je renouvelle notre entière disposition pour l’instauration d’un dialogue inclusif pour la réalisation des intérêts suprêmes de la nation", a-t-il dit.
Le discours de M. Aziz  intervenait dans le sillage de sa rencontre avec Messaoud Ould Boulkheir prĂ©sident du Conseil Ă©conomique et social,  prĂ©sident du parti APP et chef de file d’un bloc de l’opposition (très modĂ©rĂ©e) comprenant deux autres partis (El Wiam et Sawab) qui a soumis au Gouvernement une feuille de route dite: "Proposition de la dĂ©marche Ă  suivre pour engager le dialogue entre le pouvoir et l’opposition".
Quelques jours après, le 14 Janvier 2015, le Premier Ministre Yahya Ould Hademine remettait au respectable  Mohamed Vall Ould Bellal  secrĂ©taire permanent du Forum national pour la dĂ©mocratie et l’UnitĂ© (FNDU-opposition radicale comprenant 12 partis, des syndicats des Ongs et des personnalitĂ©s )  un document non signĂ© intitulĂ© : "RĂ©ponse aux propositions de l’opposition relatives Ă  l’ouverture d’un dialogue global", par lequel il donnait  son accord pour un dialogue qui va au-delĂ   mĂŞme des points souvent soulevĂ©s par le FNDU comme : (1)- La couverture par les mĂ©dias officiels des activitĂ©s de l’opposition, (2)- L’instauration d’un climat de confiance entre l’opposition et la majoritĂ©,(3)- Lever " l’embargo " qui frappe les cadres et les hommes d’affaire proches de l’opposition (s’il y en a), (4)- Revoir la composition du Conseil Constitutionnel, (5)- Organisation d’élections lĂ©gislatives et municipales anticipĂ©es et report des sĂ©natoriales, (6)- Mise en place d’une nouvelle CENI, (7)- Adoption d’un calendrier Ă©lectoral consensuel, (8)- Reforme constitutionnelle pour supprimer la limitation d’âge des candidats aux prĂ©sidentielles, (9)- Interdire Ă  l’armĂ©e l’intrusion dans les activitĂ©s politiques, (10)- L’organisation d’élections prĂ©sidentielles anticipĂ©es, (11)- Revoir les pouvoirs du Premier ministre et du Parlement, (12)- L’unitĂ© nationale (13)- La SĂ©curitĂ© publique et extĂ©rieure, (14)- La loi sur la transparence de la gestion des affaires publiques, (15)- La neutralitĂ© de l’administration, (16)- L’indĂ©pendance de la Justice, (17)- Les relations du parti au pouvoir avec l’Administration et (18)- la redĂ©finition du leadership de l’opposition.
12 jours après,  le FNDU remettait sa rĂ©ponse au Premier ministre M. Ould Hademine laquelle  comprenant les  conditions suivantes : I. un gouvernement de consensus disposant de vastes prĂ©rogatives lui permettant de respecter et de faire respecter les lois de la RĂ©publique.
II. les institutions de supervision des élections (Conseil constitutionnel, Agence des documents sécurisés, Directions ayant rapport avec les élections du ministère de l’intérieur et de la décentralisation) doivent être refondées et leurs responsables doivent jouir de la confiance de tous.
III. la neutralité de l’administration avec : (1) L’élaboration d’une nouvelle loi qui garantisse la restauration de l’autorité de l’Etat et l’interdiction de l’usage de l’argent public en politique, (2) la révision des budgets des campagnes électorales et leur plafonnage, (3) un communiqué officiel du président, chef général des forces armées interdisant à toutes les forces armées et de sécurité de faire la politique,(4) le vote militaire en même temps que les civils et (5) la participation de tous les acteurs politiques à l’élaboration de la liste électorale.
Entretemps, le 19 janvier 2015, Dr. Moulaye Ould Mohamed Laghdaf ancien Premier ministre est nommĂ© ministre secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de la PrĂ©sidence. C’est lui qui va dorĂ©navant "piloter" le dossier. On lui prĂŞte des contacts tout  azimuts. Sans rĂ©sultats pour le moment ! EspĂ©rons que ce ne sera pas comme avec les dialogues de  2011, 2013 et 2014.
Mais la donne a changĂ© !  Aziz a besoin de l’ opposition  pour amender la constitution afin de pouvoir se reprĂ©senter au-delĂ  de 2019 et l’opposition a besoin de Aziz pour revenir dans les institutions Ă©lues et pour certains de ses leaders  puissent se prĂ©senter en 2019. C’est Dr Moulaye , qui a Ă©tĂ©  dĂ©signĂ© nĂ©gociateur en chef de la majoritĂ© avec Me Ould Maham prĂ©sident de l’UPR et  le très peu charismatique M. Ould Abilmaaly prĂ©sident de la Coordination des Partis de la MajoritĂ© (CPM). Dr Moulaye Ă©tait Ă  cotĂ© du PrĂ©sident Aziz le 25 fĂ©vrier lors de l’audience accordĂ©e aux partis de la MajoritĂ© dont certains Ă©taient inquiets des rĂ©sultats du dialogue fussent-ils, comme on le prĂ©tend dans "l’intĂ©rĂŞt suprĂŞme de la Nation". La dissolution de l’assemblĂ©e n’est pas exclue se sont-ils entendus dire et ce n’est pas grave parce que le mandat prĂ©sidentiel qui court pourra lui aussi  ĂŞtre suspendu en cas d’accord. En plus, on ne fera pas appel aux parlementaires pour amender la Constitution comme en 2012. Cette fois, ce sera «si nĂ©cessaire» par un referendum, leur a dit le prĂ©sident Aziz.
L’inquiĂ©tude Ă©tait Ă©galement prĂ©sente au niveau du FNDU. Les partis RFD et UNAD se sont focalisĂ©s sur des prĂ©alables au dialogue: la dissolution de l’emblĂ©matique Bataillon de la sĂ©curitĂ© prĂ©sidentielle (BASEP) pour le premier, et la dĂ©claration du patrimoine du prĂ©sident Aziz ainsi des enquĂŞtes sur l’utilisation de 50 millions de dollars et sur les fonds de Cheikh Ould Baya, pour le second. Finalement et après moult tractations, ces deux partis, auraient selon certaines sources,  revues leurs positions. La dĂ©claration du patrimoine du prĂ©sident de la RĂ©publique et l’enquĂŞte sur les 50 millions de dollars vont ĂŞtre proposĂ©es pour l’ordre du jour du dialogue. Pour le BASEP, il n’est plus question de sa dissolution mais de la rĂ©vision de son statut , laquelle, devient un prĂ©alable au dialogue. Parmi les autres prĂ©alables avancĂ©s par le FNDU la baisse des prix du carburant, l’ouverture des medias publics Ă  l’opposition, la levĂ©e de l’embargo qui pèse sur les militants de l’opposition, le règlement du problème de l’état civil des mauritaniens rapatriĂ©s du SĂ©nĂ©gal, la suspension du mandat d’arrĂŞt international lancĂ© (Ă  tort) contre Ould Chavi, la rĂ©habilitation du magistrat Ould Neinine, la libĂ©ration des dĂ©tenus d’IRA et des rĂ©parations pour le journaliste Mamouny Ould Moctar . Les dolĂ©ances du FNDU seraient prĂ©sentement soumises aux autres pĂ´les  et vont ĂŞtre envoyĂ©es au Gouvernement en dĂ©but de cette semaine. Le Gouvernement apportera-t-il ses rĂ©ponses rapidement ou prendra-t-il, lui aussi, son  temps ?
A quand donc ce dialogue,  dont on parle beaucoup, sur lequel des espoirs sont fondĂ©s mais  qui peut s’avĂ©rer un mirage comme les prĂ©cĂ©dents. Eh oui,  nous connaissons notre classe politique opposition et surtout majoritĂ©. Vivement 2019, pour qu’on s’en dĂ©barrasse. Et ne comptez pas sur les Mauritaniens  pour  qu’ils versent sur eux,  des larmes, fussent-ils de crocodiles. Basta !!!
MAOB


Toute reprise totale où partielle de cet article doit inclure la source : www.journaltahalil.com
Réagir à cet article
Pseudo
E-mail
Commentaire
Entrer le code
La rédaction de Tahalil vous demande d'éviter tout abus de langage en vue de maintenir le sérieux et de garantir la crédibilité de vos interventions dans cette rubrique. Les commentaires des visiteurs ne reflčtent pas nécessairement le point de vue de Tahalil et de ses journalistes.
Les commentaires insultants ou diffamatoires seront censurés.

TAHALIL 2006-2022 Tous droits reservés