Le dialogue (encore lui) est de nouveau à l’ordre du jour. Le président Aziz s’y est dit prêt dans un discours prononcé début janvier 2015 à Chinguetti lors du lancement de la cinquième édition du festival des Villes anciennes. "Nous avons déclaré au cours du discours d’investiture du nouveau mandat présidentiel...
...notre constante disponibilité à rester ouvert au dialogue avec toutes les composantes nationales parce que nous sommes convaincus de la nécessité de la participation de tous à l’œuvre de construction nationale (…) je renouvelle notre entière disposition pour l’instauration d’un dialogue inclusif pour la réalisation des intérêts suprêmes de la nation", a-t-il dit. Le discours de M. Aziz intervenait dans le sillage de sa rencontre avec Messaoud Ould Boulkheir président du Conseil économique et social, président du parti APP et chef de file d’un bloc de l’opposition (très modérée) comprenant deux autres partis (El Wiam et Sawab) qui a soumis au Gouvernement une feuille de route dite: "Proposition de la démarche à suivre pour engager le dialogue entre le pouvoir et l’opposition". Quelques jours après, le 14 Janvier 2015, le Premier Ministre Yahya Ould Hademine remettait au respectable Mohamed Vall Ould Bellal secrétaire permanent du Forum national pour la démocratie et l’Unité (FNDU-opposition radicale comprenant 12 partis, des syndicats des Ongs et des personnalités ) un document non signé intitulé : "Réponse aux propositions de l’opposition relatives à l’ouverture d’un dialogue global", par lequel il donnait son accord pour un dialogue qui va au-delà même des points souvent soulevés par le FNDU comme : (1)- La couverture par les médias officiels des activités de l’opposition, (2)- L’instauration d’un climat de confiance entre l’opposition et la majorité,(3)- Lever " l’embargo " qui frappe les cadres et les hommes d’affaire proches de l’opposition (s’il y en a), (4)- Revoir la composition du Conseil Constitutionnel, (5)- Organisation d’élections législatives et municipales anticipées et report des sénatoriales, (6)- Mise en place d’une nouvelle CENI, (7)- Adoption d’un calendrier électoral consensuel, (8)- Reforme constitutionnelle pour supprimer la limitation d’âge des candidats aux présidentielles, (9)- Interdire à l’armée l’intrusion dans les activités politiques, (10)- L’organisation d’élections présidentielles anticipées, (11)- Revoir les pouvoirs du Premier ministre et du Parlement, (12)- L’unité nationale (13)- La Sécurité publique et extérieure, (14)- La loi sur la transparence de la gestion des affaires publiques, (15)- La neutralité de l’administration, (16)- L’indépendance de la Justice, (17)- Les relations du parti au pouvoir avec l’Administration et (18)- la redéfinition du leadership de l’opposition. 12 jours après, le FNDU remettait sa réponse au Premier ministre M. Ould Hademine laquelle comprenant les conditions suivantes : I. un gouvernement de consensus disposant de vastes prérogatives lui permettant de respecter et de faire respecter les lois de la République. II. les institutions de supervision des élections (Conseil constitutionnel, Agence des documents sécurisés, Directions ayant rapport avec les élections du ministère de l’intérieur et de la décentralisation) doivent être refondées et leurs responsables doivent jouir de la confiance de tous. III. la neutralité de l’administration avec : (1) L’élaboration d’une nouvelle loi qui garantisse la restauration de l’autorité de l’Etat et l’interdiction de l’usage de l’argent public en politique, (2) la révision des budgets des campagnes électorales et leur plafonnage, (3) un communiqué officiel du président, chef général des forces armées interdisant à toutes les forces armées et de sécurité de faire la politique,(4) le vote militaire en même temps que les civils et (5) la participation de tous les acteurs politiques à l’élaboration de la liste électorale. Entretemps, le 19 janvier 2015, Dr. Moulaye Ould Mohamed Laghdaf ancien Premier ministre est nommé ministre secrétaire général de la Présidence. C’est lui qui va dorénavant "piloter" le dossier. On lui prête des contacts tout azimuts. Sans résultats pour le moment ! Espérons que ce ne sera pas comme avec les dialogues de 2011, 2013 et 2014. Mais la donne a changé ! Aziz a besoin de l’ opposition pour amender la constitution afin de pouvoir se représenter au-delà de 2019 et l’opposition a besoin de Aziz pour revenir dans les institutions élues et pour certains de ses leaders puissent se présenter en 2019. C’est Dr Moulaye , qui a été désigné négociateur en chef de la majorité avec Me Ould Maham président de l’UPR et le très peu charismatique M. Ould Abilmaaly président de la Coordination des Partis de la Majorité (CPM). Dr Moulaye était à coté du Président Aziz le 25 février lors de l’audience accordée aux partis de la Majorité dont certains étaient inquiets des résultats du dialogue fussent-ils, comme on le prétend dans "l’intérêt suprême de la Nation". La dissolution de l’assemblée n’est pas exclue se sont-ils entendus dire et ce n’est pas grave parce que le mandat présidentiel qui court pourra lui aussi être suspendu en cas d’accord. En plus, on ne fera pas appel aux parlementaires pour amender la Constitution comme en 2012. Cette fois, ce sera «si nécessaire» par un referendum, leur a dit le président Aziz. L’inquiétude était également présente au niveau du FNDU. Les partis RFD et UNAD se sont focalisés sur des préalables au dialogue: la dissolution de l’emblématique Bataillon de la sécurité présidentielle (BASEP) pour le premier, et la déclaration du patrimoine du président Aziz ainsi des enquêtes sur l’utilisation de 50 millions de dollars et sur les fonds de Cheikh Ould Baya, pour le second. Finalement et après moult tractations, ces deux partis, auraient selon certaines sources, revues leurs positions. La déclaration du patrimoine du président de la République et l’enquête sur les 50 millions de dollars vont être proposées pour l’ordre du jour du dialogue. Pour le BASEP, il n’est plus question de sa dissolution mais de la révision de son statut , laquelle, devient un préalable au dialogue. Parmi les autres préalables avancés par le FNDU la baisse des prix du carburant, l’ouverture des medias publics à l’opposition, la levée de l’embargo qui pèse sur les militants de l’opposition, le règlement du problème de l’état civil des mauritaniens rapatriés du Sénégal, la suspension du mandat d’arrêt international lancé (à tort) contre Ould Chavi, la réhabilitation du magistrat Ould Neinine, la libération des détenus d’IRA et des réparations pour le journaliste Mamouny Ould Moctar . Les doléances du FNDU seraient présentement soumises aux autres pôles et vont être envoyées au Gouvernement en début de cette semaine. Le Gouvernement apportera-t-il ses réponses rapidement ou prendra-t-il, lui aussi, son temps ? A quand donc ce dialogue, dont on parle beaucoup, sur lequel des espoirs sont fondés mais qui peut s’avérer un mirage comme les précédents. Eh oui, nous connaissons notre classe politique opposition et surtout majorité. Vivement 2019, pour qu’on s’en débarrasse. Et ne comptez pas sur les Mauritaniens pour qu’ils versent sur eux, des larmes, fussent-ils de crocodiles. Basta !!! MAOB
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