Environnement urbain : Cultiver le modernisme   
27/01/2008

L’occupation sauvage des terrains communĂ©ment appelĂ©e « Gazra Â»consistant Ă  squatter des espaces publics et Ă  y Ă©difier des habitats continue Ă  se porter comme un charme Ă  Nouakchott. Le procĂ©dĂ© Ă©tant infaillible, les retombĂ©es plus que substantielles, des hommes et des femmes continuent Ă  dormir dans des baraques en tĂ´les au milieu de dĂ©tritus. A cĂ´tĂ© de ce semblant de vie, mille et un dangers les guettent.



Depuis que certains ont dĂ©couvert tout le bĂ©nĂ©fice que l’on pouvait tirer d’une terre en s’y installant sans la moindre autorisation rien qu’en faisant prĂ©valoir la carte du premier venu, la pĂ©riphĂ©rie de Nouakchott s’est continuellement vue se couvrir d’habitats des plus rudimentaires. Quelques matĂ©riaux suffisent Ă  Ă©riger une cabane : des planches de rĂ©cupĂ©ration, des feuilles de zinc sauvĂ©es des maisons dĂ©molies, du carton, des bouts de toile, des clous et le reste est l’affaire de charpentiers de fortune qui se feront un devoir de monter un habitat. Il ne reste plus qu’à attendre que les pouvoirs publics dĂ©cident du lotissement des espaces et en ce moment lĂ , l’on rĂ©colte les dividendes de l’attente. En effet, le lot occupĂ© est attribuĂ© officiellement avec un permis d’occuper en bonne et due forme. Ce qui se passait c’était que les nouveaux propriĂ©taires terriens s’empressaient de brader les terrains acquis Ă  de vils prix et partaient aussitĂ´t s’installer sur d’autres espaces et rebelote ! Les quartiers de Carrefour, Ten Soueilim, Dar NaĂŻm et l’immense Gazra de Arafat sont passĂ©s par ce stade. S’il est vrai que des poches de rĂ©sistance persistent toujours dans ces localitĂ©s, c’est au niveau de la mougahataa d’El Mina que le squat continue Ă  sĂ©vir encore de façon dĂ©mesurĂ©e. En effet, la « Kebba Mendez Â» a Ă©tĂ© progressivement lotie aux profits de quartiers nouveaux que sont Basra et Neteg dans une moindre mesure. Mieux, il y’a trois ans, la zone qui part de la base marine jusqu’à la lisière d’El Mina, couvrant la zone de l’abattoir appelĂ©e «Marbatt Â» a Ă©tĂ© totalement assainie, les autoritĂ©s y ont construit des maisons qui ont Ă©tĂ© mises Ă  la disposition des squatteurs contre des rĂ©tributions modiques. De plus, elles ont Ă©difiĂ© des toilettes publiques très bien Ă©laborĂ©es et de grande capacitĂ© pour familiariser les populations locales Ă  l’utilisation systĂ©matique des sanitaires afin de juguler les maladies d’origines fĂ©cales. Cette action a eu pour mĂ©rite de voir un quartier au plan bien dessinĂ© et aux rues larges et bitumĂ©es. Le soir, l’on se croirait dans un lieu rĂ©sidentiel tant l’éclairage publique est au point.
Une plaie au milieu du front

Aussi, c’est avec plaisir que l’on circulerait sans se lasser dans cette partie de Nouakchott si au dĂ©tour du Marbatt, l’on ne tombait pas sur un dĂ©cor chaotique fait de baraquements et grillages de fortune. Oui, la gazra est encore lĂ . Celle lĂ  a la peau dure et s’étend Ă  perte de vue. C’est la kebba de «l’ ekhriga Â». Lorsqu’on embrasse du regard l’horizon, l’on ne voit que cette nature ocre. A l’intĂ©rieur, des familles y vivent comme dans n’importe quelle structure sociale. SituĂ© en bordure de la route du port, la baraque de Yezid Ould Djouti ne diffère en rien de celle de ses voisins. C’est une pièce unique qu’il a amĂ©nagĂ© pour abriter sa famille de six personnes. Elle est protĂ©gĂ©e des voitures et des animaux errants par une clĂ´ture conçue Ă  l’aide des grillages de protection des containers. Docker de son Ă©tat au Port Autonome de Nouakchott, l’homme ne semble pas mĂ©content de sa situation : Â« j’habite ici depuis neuf ans. Je vis avec ma femme et mes quatre enfants. Chaque jour, je monte au port en priant Dieu de m’accorder de quoi faire mon dĂ®ner. Mes enfants vont pĂŞcher au wharf. Il m’arrive d’y aller personnellement s’il n’y a pas bateaux au port. Avec mes gains et leurs prises, nous nous en sortons. De plus, la baraque m’appartient et je ne paye pas de loyer. En tout cas, on n’a pas faim. Â» Ils sont des centaines de familles Ă  avoir adoptĂ© cette solution de facilitĂ© en vivant dans un inextricable labyrinthe de fer et de cartons. Et comme pour mieux jouir de cette fĂ©licitĂ©, ils se servent mais, frauduleusement des avantages qu’offrent toutes les grandes villes. Parmi celles-ci, l’électricitĂ©.
En effet, ce qui frappe Ă  première vue l’œil du visiteur de passage dans cet endroit, c’est l’anachronisme des lieux. En fait, la quasi-totalitĂ© des toits sont hĂ©rissĂ©s d’antennes paraboliques. Ce qui se passe c’est que toutes ces familles se sont «branchĂ©es» au courant Ă©lectrique de la SOMELEC par des câbles qui sillonnent toutes les ruelles. Ils ne sont pas enfouis et traĂ®nent partout. De plus, les branchements se font et dĂ©font par les mains inexpertes des riverains. La seule facture qui est payĂ©e est une somme de 1.000 UM que les «abonnĂ©s» versent Ă  des tiers qui disposent de compteurs. La question qui reste posĂ©e: la SOMELEC n’est-elle pas au courant de ces pratiques ? Elle n’est pas sans savoir les risques qu’encourent ces personnes et l’ensemble des nouakchottois quant Ă  l’éventualitĂ© d’un grand court-circuit qui embraserait tout. Sans compter avec les ravages que pourraient occasionner les eaux de pluie quand on sait que l’eau qui est un conducteur d’électricitĂ© et qu’il pleut ces dernières annĂ©es Ă  Nouakchott. Un autre danger menace la santĂ© de ces populations : c’est la proximitĂ© d’avec les dĂ©charges d’ordures. Pendant que les rues de la capitale sont depuis quelques temps nettoyĂ©es et astiquĂ©es, les abords de Kebba l’ekhriga sont submergĂ©s par des tas d’ordures. Le problème est qu’on les brĂ»le systĂ©matiquement en rĂ©pandant des fumĂ©es toxiques que ses personnes respirent. Par ailleurs, les bonnes habitudes sanitaires ne semblent pas avoir Ă©tĂ© comprises par ces concitoyens qui continuent Ă  se soulager au grand air. C’est pourquoi, il faut agir. 
Biri N’Diaye


Toute reprise totale où partielle de cet article doit inclure la source : www.journaltahalil.com
Réagir à cet article
Pseudo
E-mail
Commentaire
Entrer le code
La rédaction de Tahalil vous demande d'éviter tout abus de langage en vue de maintenir le sérieux et de garantir la crédibilité de vos interventions dans cette rubrique. Les commentaires des visiteurs ne reflčtent pas nécessairement le point de vue de Tahalil et de ses journalistes.
Les commentaires insultants ou diffamatoires seront censurés.

TAHALIL 2006-2022 Tous droits reservés