Chute des prix : Un complot sur le pĂ©trole ?   
28/12/2014

Le ministre saoudien du Pétrole a défendu le 21 decembre la décision des pays de l’Opep de ne pas réduire leur production en dépit de la chute des cours du brut et a une nouvelle fois démenti que l’Arabie saoudite était à la manoeuvre à des fins géopolitiques.



Les prix du pĂ©trole ont baissĂ© de près de 50% depuis le mois de juin. Pour Ali al NaĂŻmi, la responsabilitĂ© en incombe aux pays producteurs qui n’appartiennent pas Ă  l’Organisation des pays exportateurs de pĂ©trole et Ă  des spĂ©culateurs. Mais, ajoute-t-il, la faiblesse actuelle des cours du pĂ©trole va contribuer Ă  relancer la croissance Ă©conomique mondiale et la consommation de pĂ©trole. "J’ai confiance dans une amĂ©lioration du marchĂ© du pĂ©trole", a-t-il dit lors d’une confĂ©rence Ă  Abu Dhabi. RĂ©unis fin novembre Ă  Vienne, les pays membres de l’Opep ont dĂ©cidĂ© de ne pas rĂ©duire leur production, avec un objectif inchangĂ© de 30 millions de barils par jour. 
    "Les cours actuels n’encouragent pas l’investissement dans le secteur de l’énergie, mais ils stimulent la croissance Ă©conomique mondiale, ce qui conduira Ă  terme Ă  une augmentation de la demande mondiale (de pĂ©trole)", a expliquĂ© Ali al NaĂŻmi. Le ministre a parallèlement dĂ©menti que la politique pĂ©trolière du royaume sunnite soit dictĂ©e par des desseins gĂ©opolitiques.
  "Les discussions sur un complot que mènerait l’Arabie saoudite Ă  des fins politiques sont sans fondement et dĂ©montrent une mĂ©connaissance du sujet. La politique pĂ©trolière du royaume s’appuie sur une stricte base Ă©conomique, rien de moins, rien de plus", a-t-il affirmĂ©.
    L’Iran chiite estime que cette chute des cours, qui affaiblit son Ă©conomie dĂ©jĂ  Ă©tranglĂ©e par les sanctions occidentales, est une manipulation menĂ©e par son grand rival dans la rĂ©gion et ses alliĂ©s occidentaux. Riyad pourrait notamment chercher Ă  rĂ©duire le soutien qu’apportent l’Iran, mais aussi la Russie, au rĂ©gime syrien de Bachar al Assad et, plus globalement, Ă  contrer l’influence croissante de TĂ©hĂ©ran dans la rĂ©gion.  D’autres jugent que la politique saoudienne de maintien des cours Ă  un niveau faible viserait Ă  enrayer l’essor des gaz de schiste aux Etats-Unis.
Le FMI voit le recul des prix du pétrole doper la croissance
La récente baisse des prix pétroliers devrait continuer, permettant à l’économie mondiale de gagner jusqu’à 0,7 point de pourcentage de croissance l’an prochain, écrivent deux économistes du Fonds monétaire internationale sur un blog lundi 22 décembre.
  Le cours du Brent de mer du Nord a chutĂ© de plus de 45% depuis son pic de juin au dessus de 115 dollars le baril, en raison du dĂ©sĂ©quilibre croissant entre une offre abondante et une demande atone.
  La chute s’est accĂ©lĂ©rĂ©e depuis la fin du mois de novembre après la dĂ©cision des pays exportateurs de pĂ©trole (Opep) de ne pas rĂ©duire leur production de brut.
  L’Arabie Saoudite a mĂŞme rĂ©ussi Ă  convaincre les autres membres de l’Opep qu’il n’était pas dans l’intĂ©rĂŞt du cartel de rĂ©duire ses quotas de production, quelle que soit l’ampleur de la chute du pĂ©trole, a dĂ©clarĂ© le ministre du PĂ©trole du royaume.
   Le quotidien saoudien al Hayat rapporte dans son Ă©dition de lundi, citant le ministre du PĂ©trole Ali al Naimi, que l’Arabie Saoudite Ă©tait prĂŞte Ă  augmenter sa production afin d’accroĂ®tre sa part de marchĂ© face Ă  la demande de nouveaux consommateurs potentiels.
  InterrogĂ© sur un maintien de la part du marchĂ© de Ryad, qui produit 9,7 millions de barils par jour, Ali al Naimi a rĂ©pondu: "Oui et si un nouveau client arrive alors nous pourrons l’augmenter".
  Sur le marchĂ©, cette affirmation a sonnĂ© comme un nouveau signal que le premier exportateur de pĂ©trole n’avait absolument pas l’intention de rĂ©duire sa production face Ă  la chute des cours.
   Les intervenants pensent que Ryad va au contraire chercher Ă  tirer profit de ses coĂ»ts de production plus faibles pour gagner des parts de marchĂ© face aux pays non-membres de l’Opep qu’il accuse d’être responsables des turbulences sur le marchĂ©. Vers 18h10 GMT, le Brent se traitait Ă  60,13 dollars le baril, en repli de 2,04%, après avoir perdu 20% depuis le dĂ©but du mois dans un marchĂ© extrĂŞmement volatil.
  Pour les Ă©conomistes du FMI, un pĂ©trole en baisse stimulera l’économie mondiale en apportant entre 0,3 et 0,7 point de pourcentage de hausse sur la base d’une prĂ©vision de croissance de 3,8%.
  Des prix pĂ©troliers bas devraient permettre d’augmenter le PIB de la Chine de 0,4 Ă  0,7 point de pourcentage par rapport Ă  la prĂ©vision de 7,1% du FMI, en admettant des politiques Ă©conomiques stables.  En 2016, cela pourrait mĂŞme apporter un supplĂ©ment de croissance de 0,5 Ă  0,9 point de pourcentage. Pour les Etats-Unis, le PIB pourrait ĂŞtre bonifiĂ© de 0,2 Ă  0,5 points de pourcentage par rapport Ă  l’estimation 3,1% de croissance en 2015. En 2016, le coup de pouce pourrait reprĂ©senter entre 0,3 et 0,6 points de pourcentage. Le FMI met en garde contre la volatilitĂ© des prix et des taux de change qui pourraient entraĂ®ner une aversion gĂ©nĂ©ralisĂ©e au le risque.
Le prix du pétrole devrait rebondir au 2e semestre 2015
Les prix pétroliers rebondiront sans doute au second semestre 2015, la production hors Opep s’adaptant à la baisse des cours tandis que la demande se redresserait, montre une enquête Reuters publiée lundi 22 décembre. L’Opep a décidé le mois dernier de ne pas modifier sa production, impliquant que la charge de réduire les extractions retombe sur les acteurs en dehors du cartel, et en premier les producteurs américains de schistes, expliquent des analystes.
  "Avec un prix en baisse, la production d’huile de schiste est moins intĂ©ressante, alors qu’il faut investir pour qu’elle continue de croĂ®tre", explique Carsten Fritsch (Commerzbank).
  L’enquĂŞte menĂ©e auprès de 30 Ă©conomistes et analystes donne un cours moyen du baril de Brent Ă  74,00 dollars l’an prochain et Ă  80,30 dollars en 2016.
  Le consensus pour 2015 est infĂ©rieur de 8,50 dollars Ă  celui de la prĂ©cĂ©dente enquĂŞte Reuters. Le consensus de novembre Ă©tait en retrait de 11,20 dollars par rapport Ă  celui d’octobre, plus forte rĂ©vision en baisse du consensus depuis au retournement de 2008.
  Le Brent a touchĂ© son plus bas niveau en cinq ans ce mois-ci, sous la barre des 60 dollars, en baisse de près de 50% depuis son pic de juin. Le cours moyen du Brent depuis le dĂ©but de l’annĂ©e est actuellement Ă  100,57 dollars.
  Lundi, le Brent perdait 26 cents Ă  61,12 dollars le baril et le brut lĂ©ger amĂ©ricain cĂ©dait 37 cents Ă  56,77, alors que les deux catĂ©gories de brut avaient prolongĂ© leur rebond pendant toute la matinĂ©e en Europe. "Nous pensons que 60 dollars le baril sera le niveau plancher auquel les producteurs de pĂ©trole de schistes en pleine expansion aux Etats-Unis commenceront Ă  sentir le vent du boulet", estime Natalie Rampono, analyste chez ANZ.
  "Les baisses de production au-dessus de ce niveau seront limitĂ©es Ă  d’autres producteurs de pĂ©trole, plus petits, Ă  des coĂ»ts plus Ă©levĂ©s, aux Etats-Unis et au Canada. Toutefois, nous pensons que cela prendra six Ă  12 mois pour que ces rĂ©ductions commencent Ă  se voir", a-t-elle ajoutĂ©.
   Certains analystes restent sceptiques quant au succès de la stratĂ©gie de l’Opep visant Ă  dĂ©courager les producteurs de pĂ©trole de schiste en laissant les prix baisser. (Reuters)


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