Le ministre saoudien du Pétrole a défendu le 21 decembre la décision des pays de l’Opep de ne pas réduire leur production en dépit de la chute des cours du brut et a une nouvelle fois démenti que l’Arabie saoudite était à la manoeuvre à des fins géopolitiques.
Les prix du pétrole ont baissé de près de 50% depuis le mois de juin. Pour Ali al Naïmi, la responsabilité en incombe aux pays producteurs qui n’appartiennent pas à l’Organisation des pays exportateurs de pétrole et à des spéculateurs. Mais, ajoute-t-il, la faiblesse actuelle des cours du pétrole va contribuer à relancer la croissance économique mondiale et la consommation de pétrole. "J’ai confiance dans une amélioration du marché du pétrole", a-t-il dit lors d’une conférence à Abu Dhabi. Réunis fin novembre à Vienne, les pays membres de l’Opep ont décidé de ne pas réduire leur production, avec un objectif inchangé de 30 millions de barils par jour. "Les cours actuels n’encouragent pas l’investissement dans le secteur de l’énergie, mais ils stimulent la croissance économique mondiale, ce qui conduira à terme à une augmentation de la demande mondiale (de pétrole)", a expliqué Ali al Naïmi. Le ministre a parallèlement démenti que la politique pétrolière du royaume sunnite soit dictée par des desseins géopolitiques. "Les discussions sur un complot que mènerait l’Arabie saoudite à des fins politiques sont sans fondement et démontrent une méconnaissance du sujet. La politique pétrolière du royaume s’appuie sur une stricte base économique, rien de moins, rien de plus", a-t-il affirmé. L’Iran chiite estime que cette chute des cours, qui affaiblit son économie déjà étranglée par les sanctions occidentales, est une manipulation menée par son grand rival dans la région et ses alliés occidentaux. Riyad pourrait notamment chercher à réduire le soutien qu’apportent l’Iran, mais aussi la Russie, au régime syrien de Bachar al Assad et, plus globalement, à contrer l’influence croissante de Téhéran dans la région. D’autres jugent que la politique saoudienne de maintien des cours à un niveau faible viserait à enrayer l’essor des gaz de schiste aux Etats-Unis. Le FMI voit le recul des prix du pétrole doper la croissance La récente baisse des prix pétroliers devrait continuer, permettant à l’économie mondiale de gagner jusqu’à 0,7 point de pourcentage de croissance l’an prochain, écrivent deux économistes du Fonds monétaire internationale sur un blog lundi 22 décembre. Le cours du Brent de mer du Nord a chuté de plus de 45% depuis son pic de juin au dessus de 115 dollars le baril, en raison du déséquilibre croissant entre une offre abondante et une demande atone. La chute s’est accélérée depuis la fin du mois de novembre après la décision des pays exportateurs de pétrole (Opep) de ne pas réduire leur production de brut. L’Arabie Saoudite a même réussi à convaincre les autres membres de l’Opep qu’il n’était pas dans l’intérêt du cartel de réduire ses quotas de production, quelle que soit l’ampleur de la chute du pétrole, a déclaré le ministre du Pétrole du royaume. Le quotidien saoudien al Hayat rapporte dans son édition de lundi, citant le ministre du Pétrole Ali al Naimi, que l’Arabie Saoudite était prête à augmenter sa production afin d’accroître sa part de marché face à la demande de nouveaux consommateurs potentiels. Interrogé sur un maintien de la part du marché de Ryad, qui produit 9,7 millions de barils par jour, Ali al Naimi a répondu: "Oui et si un nouveau client arrive alors nous pourrons l’augmenter". Sur le marché, cette affirmation a sonné comme un nouveau signal que le premier exportateur de pétrole n’avait absolument pas l’intention de réduire sa production face à la chute des cours. Les intervenants pensent que Ryad va au contraire chercher à tirer profit de ses coûts de production plus faibles pour gagner des parts de marché face aux pays non-membres de l’Opep qu’il accuse d’être responsables des turbulences sur le marché. Vers 18h10 GMT, le Brent se traitait à 60,13 dollars le baril, en repli de 2,04%, après avoir perdu 20% depuis le début du mois dans un marché extrêmement volatil. Pour les économistes du FMI, un pétrole en baisse stimulera l’économie mondiale en apportant entre 0,3 et 0,7 point de pourcentage de hausse sur la base d’une prévision de croissance de 3,8%. Des prix pétroliers bas devraient permettre d’augmenter le PIB de la Chine de 0,4 à 0,7 point de pourcentage par rapport à la prévision de 7,1% du FMI, en admettant des politiques économiques stables. En 2016, cela pourrait même apporter un supplément de croissance de 0,5 à 0,9 point de pourcentage. Pour les Etats-Unis, le PIB pourrait être bonifié de 0,2 à 0,5 points de pourcentage par rapport à l’estimation 3,1% de croissance en 2015. En 2016, le coup de pouce pourrait représenter entre 0,3 et 0,6 points de pourcentage. Le FMI met en garde contre la volatilité des prix et des taux de change qui pourraient entraîner une aversion généralisée au le risque. Le prix du pétrole devrait rebondir au 2e semestre 2015 Les prix pétroliers rebondiront sans doute au second semestre 2015, la production hors Opep s’adaptant à la baisse des cours tandis que la demande se redresserait, montre une enquête Reuters publiée lundi 22 décembre. L’Opep a décidé le mois dernier de ne pas modifier sa production, impliquant que la charge de réduire les extractions retombe sur les acteurs en dehors du cartel, et en premier les producteurs américains de schistes, expliquent des analystes. "Avec un prix en baisse, la production d’huile de schiste est moins intéressante, alors qu’il faut investir pour qu’elle continue de croître", explique Carsten Fritsch (Commerzbank). L’enquête menée auprès de 30 économistes et analystes donne un cours moyen du baril de Brent à 74,00 dollars l’an prochain et à 80,30 dollars en 2016. Le consensus pour 2015 est inférieur de 8,50 dollars à celui de la précédente enquête Reuters. Le consensus de novembre était en retrait de 11,20 dollars par rapport à celui d’octobre, plus forte révision en baisse du consensus depuis au retournement de 2008. Le Brent a touché son plus bas niveau en cinq ans ce mois-ci, sous la barre des 60 dollars, en baisse de près de 50% depuis son pic de juin. Le cours moyen du Brent depuis le début de l’année est actuellement à 100,57 dollars. Lundi, le Brent perdait 26 cents à 61,12 dollars le baril et le brut léger américain cédait 37 cents à 56,77, alors que les deux catégories de brut avaient prolongé leur rebond pendant toute la matinée en Europe. "Nous pensons que 60 dollars le baril sera le niveau plancher auquel les producteurs de pétrole de schistes en pleine expansion aux Etats-Unis commenceront à sentir le vent du boulet", estime Natalie Rampono, analyste chez ANZ. "Les baisses de production au-dessus de ce niveau seront limitées à d’autres producteurs de pétrole, plus petits, à des coûts plus élevés, aux Etats-Unis et au Canada. Toutefois, nous pensons que cela prendra six à 12 mois pour que ces réductions commencent à se voir", a-t-elle ajouté. Certains analystes restent sceptiques quant au succès de la stratégie de l’Opep visant à décourager les producteurs de pétrole de schiste en laissant les prix baisser. (Reuters)
|