Assainissement : La Mairie de Tevragh-Zeina déguerpit les laveurs de véhicules de l’Eglise   
07/01/2008

Les jeunes aventuriers pour la plupart issus des pays voisins ont eu la surprise, la semaine derniere de recevoir la visite de la police communale. Pour cause ? Madame Yaye Ndaw, maire de la commune de Tevragh-Zeina, a donné des instructions à la police pour déloger ces laveurs de voitures qui élisent domicile chaque jour à la place de l’Eglise.Ils sont Guinéens, Maliens, Sénégalais voire Mauritaniens à être victimes de cette mesure.



Sur les lieux, la police avec l’aide d’un camion de la mairie, a évacué tout le matériel de ce monde. Bidons, sceaux d’eau, barriques … tout autre récipient pouvant servir de matériel pour le lavage des véhicules ont été ramassés par le camion sous le regard de ces jeunes désoeuvrés, visiblement attristés et désolés de voir une telle mesure s’abattre sur eux.
Si l’opération s’est effectuée sans brutalités, ce dont nous nous félicitons cette fois car le plus souvent ce genre d’opérations se faisait de manière musclée, les occupants de cet espace que nous avons rencontré  sur place, ont éprouvé des sentiments de désespoir face à ce qu’ils considèrent comme « inadmissible » dans un pays où la majorité de la population est en chômage, sans emploi. Même si selon un agent de la police qui a préféré garder l’anonymat, déclare que « cet espace est fait pour le loisir et on en a fait cette poubelle qui jonche partout ». Pour Souleymane Camara, un jeune Guinéen, la vingtaine, trouve « anormal parce que c’est notre gagne pain quotidien qu’ils sont en train de nous priver ». A la question de savoir si la place est nettoyée en permanence parce que les autorités communales voient un encombrement de saleté en pleine centre ville, Souleymane et compagnie insistent pour dire que « tous les jours, avant de quitter les lieux, nous nettoyons proprement parce que nous sommes conscients qu’il faut la garder propre ».
Certains, ne sachant quoi faire, se désolent : « Ô quelle Afrique, la pauvre ! s’exclame Abdoulaye Bâ, un jeune guinéen. C’est pourquoi  nous allons en clandestin braver la mer pour rejoindre l’autre eldorado espagnol parce qu’il n’y a pas de  boulots en Afrique.. Nous ne sommes pas des bandits, poursuit-il. Par contre, nous sommes braves parce que nous ne faisons que travailler de cette façon pour gagner entre 1000 et 1500 Um la journée. Parfois, quand la journée est mauvaise, tu ne peux même pas rembourser tes dépenses d’eau et de détergents pour laver les voitures ».
Parmi les déguerpis , nous avons trouvé une jeune femme sénégalaise, Mame Diarra, qui tient une table où elle vend du riz aux journaliers de la place. Elle s’est vue priver de sa table et les bancs qu’elle utilisait pour la restauration de ses clients. Assise sur un mur, elle affiche des mines mornes. « On m’a trouvé en train de vendre mon riz et m’ont demandé de ranger tout » déclare-t-elle. « Mais, j’avais presque vendu la moitié de ma provision du jour », poursuit-elle. En état de désolation, Cheikhna Diop, un mauritanien de taille court mais costaud, vient la consoler en lui disant « qu’actuellement, la mairie a fermé, il faut attendre après demain (le 02 janvier ndlr). Je vais aller négocier pour qu’on te rende si possible tes affaires ».
Plus loin, Amadou Kamara, un jeune mauritanien aussi, habitué des lieux parce que nous l’avons rencontré lors de notre dernier passage il y a de cela presque 2 ans, s’est senti offusqué et désemparé par cette mesure brutale de la mairie. Sans commentaire, il hausse la tête et les épaules.
Les occupants de la place, en petits groupes constitués par ci, par là, ont tous ensemble demandé à la Mairie de revoir sa décision, ou, tout au moins, trouver une solution de rechange pour leur permettre d’exercer leurs petits métiers par lesquels ils trouvent de quoi se nourrir et payer le loyer.
A la Mairie, où nous nous sommes rendus le mercredi 02 janvier pour rencontrer madame le maire, cette dernière était absente mais nous avons pu la contacter par téléphone. Et madame le maire de nous dire que «cette opération rentre dans le cadre de l’assainissement  de l’espace urbain de Nouakchott ». Elle a avancé que c’est à l’issue d’une réunion du comité interministériel que cette décision a été prise dans le cadre de l’assainissement de la capitale. Et chacun en ce qui le concerne a essayé de voir comment régler ce problème. Pour ce qui la concerne en tant que maire de Tevragh-Zeina, ce quartier résidentiel de Nouakchott « il fallait commencer par les espaces situés au niveau des principaux axes, faute de ne pouvoir enlever tous les lieux ». N’est-ce pas aussi normal d’assainir la capitale et de présenter une bonne image de celle-ci ? Sinon, « ce squat ternit l’image de la capitale » poursuit Madame le maire. Madame le maire s’est demandé : « pourquoi avant d’occuper un espace, ne pas demander l’autorisation de l’autorité compétente ?» Chose qu’ignore malheureusement les squatteurs  qui s’en prennent à tort aux autorités quand elles se sentent visés. Néanmoins, madame le maire, apparemment soucieuse des problèmes des populations, n’exclut pas des solutions appropriées à l’avenir mais « il faut respecter à priori les normes et les règles d’occupation des espaces urbains » a-t-elle indiqué.
Ibou Badiane


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