Mieux vaut tard que jamais. Cette vérité générale est plus que jamais vraie. On peut y ajouter aussi qu’il faut toujours joindre le geste à la parole. Ceci pour en venir aux dernières initiatives gouvernementales appelant à mener une lutte sans merci contre la corruption. On est tenté de se dire : « il était temps ! » les panneaux publicitaires invitants à refuser de se laisser embobiner sont peut être des instruments persuasifs encore que le message publicitaire de certains demeure flou par son encodage : seul le texte nous informe.
Quant à l’image, il faudrait être un devin pour le décoder. Qu’à cela ne tienne. En même temps qu’on se félicite de cette entreprise, l’on ne peut s’empêcher de nourrir des réserves sur sa réelle portée tant le phénomène est incrusté dans les entrailles de nos concitoyens. C’est pour cela qu’il demeure évident qu’il faille accompagner cette décision de mesures d’accompagnements sans complaisance (ce qui parait peu probable chez nous quand on connaît le poids de l’interventionnisme.) En fait, il n’est pas besoin de faire un dessin pour évoquer la corruption en Mauritanie. On la vit dès l’instant où l’on franchit le seuil de sa porte et ce jusqu’au retour au bercail. En effet autant dans l’administration que dans le secteur privé, la corruption a pourri les deux camps. Pour s’en convaincre, il suffit d’aller dans la première moughataa et de réclamer un extrait de naissance, vous vous entendrez dire sur place par les fonctionnaires de l’Etat payés pour ce boulot qu’il faut payer le …thé. Si vous êtes coopératif, vous mettez sur la table un gros billet de banque, vous êtes satisfait séance tenante. Par contre, si vous voulez jouer au plus fin ou si vous faites l’abruti, on vous plantera là tout net et l’on s’occupera des autres. Ceux qui pigent vite entend-on. Autres lieux, mêmes pratiques, au Budget de l’Etat, des fonctionnaires sévissent dans le plus grand calme en pratiquant des opérations frauduleuses sur les bulletins de salaire des employés de l’Etat. Ils sont connus, ces gens là qui semblent être intouchables. Ceux-là qui vous font du chantage pour faire des ponctions sévères sur votre salaire avant que vous n’accédiez au rappel dont vous avez légalement droit. Ils sont présents au Trésor Public. Ils prélèvent des « commissions » sur des virements bidon. Ce sont eux qui parasitent l’économie nationale. Tout le monde le sait, mais ils sont toujours actifs. Le tableau est le même dans les hôpitaux publics et dans les différents ministères. Il faut toujours savoir dégainer vite si on ne veut pas rester sur les carreaux. Les sociétés d’Etat n’échappent pas à cette gangrène. Elles en sont minées jusqu’à la moelle. Air Mauritanie, elle, en est carrément morte, plombée qu’elle était par un système corrompu du sommet jusqu’au simple bagagiste de l’aérogare. La SOMELEC quant à elle, ravit de jour en jour la vedette à nos chers flics. Les agents se font du blé sur le dos de la maison. A bord de leurs innombrables voitures (vous avez vu combien il y en a ?) Ils font des slaloms dans les quartiers et sèment la panique chez les abonnés reliquataires. Hé bien, tout cela, c’est du tape dans l’œil. Vous leur montrez le fric, ils vous fichent la paix. Messieurs nos gouvernants, vous avez un défi à relever. Il vous faut secouer le cocotier pour que tous ceux qui tiennent à leurs crânes déguerpissent. Il y’ a du beau monde hors des rangs. Il s’agit de les mettre au pas et pour cela, vous ne devez pas faire de quartiers. On l’espère. Bon vent ! Biri N’Diaye
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