Un militaire burkinabé a annoncé le 30 octobre la dissolution du gouvernement et de l’Assemblée et instauré un couvre-feu "sur l’ensemble du territoire de 19H00 à 06H00". Les pouvoirs exécutifs et législatifs seront assumés par un organe de transition, avec l’objectif d’un retour...
...à l’ordre constitutionnel "dans un délai de douze mois", selon un communiqué du chef d’état-major des armées Nabéré Honoré Traoré, lu par un officier.
Aucune indication n’a été donnée sur le sort réservé au président Blaise Compaoré. Son mandat arrivait à expiration en 2015 sans possibilité de se représenter.
Le président Compaoré a déclaré le même jour au cours d’une allocution télévisée sur une TV privée avoir "compris" le message de la population et pris "la juste mesure des fortes aspirations au changement". Il n’a toutefois pas évoqué une éventuelle démission, se disant à l’inverse "disponible" pour "ouvrir des pourparlers" pour "une période de transition" à l’issue de laquelle il "(transmettra) le pouvoir au président démocratiquement élu". Les Etats-Unis ont salué jeudi soir dans un communiqué du Département d’Etat la "décision" de M. Compaoré de "former un gouvernement d’unité nationale pour préparer des élections nationales et de transférer le pouvoir à son successeur démocratiquement élu".
Washington "regrette" par ailleurs "la perte de vies humaines" et appelle les parties à éviter toute violence supplémentaire. Les déclarations de M. Compaoré ont fait bondir Bénéwendé Sankara, un ténor de l’opposition, pour qui le départ du président est "un préalable non négociable". "Pendant 27 ans, Blaise Compaoré a roulé tout le monde dans la farine. Là , il est encore en train de duper, de ruser avec le peuple", a-t-il déploré.
Arrivé au pouvoir il y a 27 ans à l’issue d’un putsch, le président Compaoré devait achever l’an prochain son dernier mandat, après deux septennats (1992-2005) et deux quinquennats (2005-2015). Lui qui a déjà modifié deux fois l’article 37 de la Loi fondamentale, en 1997 puis en 2000, pour se maintenir au pouvoir, défend la légalité de sa démarche pour une troisième retouche de la Constitution.
Le Burkina Faso a plongé le 30 octobre dans le chaos lors de manifestations contre le vote - prévu dans la journée, puis finalement reporté - d’une révision constitutionnelle pour une candidature du président Compaoré à un cinquième mandat.
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