Réfugiés mauritaniens au Sénégal : Fin de la visite de la délégation gouvernementale mauritanienne   
20/07/2007

La première visite d’une délégation mauritanienne dans des camps de réfugiés du nord du Sénégal, en vue du le rapatriement de 20.000 Négro-Mauritaniens déportés lors d’incidents communautaires en 1989-1991 a pris fin vendredi 20 juillet. La délégation ministérielle, conduite par le secrétaire général de la présidence Yahya Ould Ahmed El Waghef et le ministre de l’Intérieur Yall Zakaria, a regagné la Mauritanie vendredi, a indiqué à l’AFP le porte-parole de la Coordination des associations de réfugiés mauritaniens au Sénégal, Moustapha Touré.



Arrivés mercredi dans le nord du Sénégal, les responsables mauritaniens ont visité plusieurs camps des régions de Saint-Louis (nord-ouest) et Matam (nord-est), où sont installés des réfugiés mauritaniens dont le rapatriement pourrait débuter en septembre, selon le Haut-Commissariat pour les Réfugiés (HCR).
Plusieurs dizaines de milliers de Négro-Mauritaniens ont été déportés, essentiellement vers le Sénégal, pendant des violences inter-ethniques entre 1989 et 1991. Environ 20.000 vivent toujours dans des camps installés sur le fleuve Sénégal, qui sépare les deux pays. Une déclaration commune d’associations de réfugiés mauritaniens remise vendredi à la délégation mauritanienne a demandé "le recouvrement total de la citoyenneté mauritanienne, l’indemnisation juste à défaut de récupération des biens perdus, la traduction des responsables de la déportation de 1989 devant un tribunal international pour génocide", a encore annoncé Moustapha Touré.
Selon M. Touré, des journées de concertation sur les réfugiés mauritaniens au Sénégal et au Mali, organisées par le gouvernement mauritanien, sont prévues en août à Nouakchott.
Le chef de l’Etat mauritanien, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, premier président démocratiquement élu du pays, en mars 2007, a exprimé le 29 juin sa "compassion" aux victimes des violences interethniques de 1989-91 et promis des réparations en leur faveur. Il avait évoqué des "exactions graves et injustifiées" contre les populations négro-mauritaniennes, une minorité ethnique dans un pays dominé par les Arabo-Berbères, sous le régime du président Maaouiya Ould Taya renversé par un coup d’Etat militaire en août 2005.

 

Entre enthousiasme et craintes du retour

"J’ai le mal du pays, j’ai hâte de rentrer chez moi mais je suis inquiet concernant une reprise d’une vie normale" en Mauritanie, explique Fall Mouhamed, 54 ans, l’un des réfugiés mauritaniens installés dans un camp de Ndioum, dans le nord du Sénégal.
Il jette un regard sur sa femme préparant le repas, bébé au dos. "Je veux que mes enfants connaissent mon pays, poursuit-il. C’est important. Ils y ont de la famille que la déportation a fractionnée".
Plusieurs dizaines de milliers de Négro-Mauritaniens ont été déportés, essentiellement vers le Sénégal, après les violences inter-ethniques de 1989-91. Environ 20.000 vivent toujours dans des camps installés sur le fleuve Sénégal, qui marque la frontière entre les deux pays.
Mais près de deux décennies après leur départ forcé, l’espoir du retour au pays n’a jamais été aussi fort.
"Nous attendions ce jour depuis 18 ans, nous avons toujours été convaincus qu’il y aurait une nouvelle génération politique (en Mauritanie) qui reconnaîtrait notre «mauritanité», lance Mbodj Hamath, président du site de réfugiés, à Nidoum.
Le chef de l’Etat mauritanien, Sidi Ould Cheikh Abdallahi, premier président démocratiquement élu du pays, en mars 2007, a exprimé le 29 juin sa ""compassion"" aux victimes des violences interethniques de 1989-1991 et promis des réparations en leur faveur.
Le chef de l’Etat avait parlé d’"exactions graves et injustifiées" contre les populations négro-mauritaniennes, une minorité ethnique dans un pays dominé par les Arabo-Berbères, sous le régime du président Maaouiya Ould Taya renversé par un coup d’Etat militaire en août 2005.
Et de mercredi à vendredi, une mission ministérielle mauritanienne a, pour la première fois, rencontré les réfugiés installés dans le nord du Sénégal pour préparer leur rapatriement, qui pourrait débuter en septembre.
Aïssatou Sow, une réfugiée de 51 ans du site de Thiangaye, "veut rentrer car la Mauritanie est sa patrie". Son fils âgé de 23 ans, Amadou Sow, aussi: "Mes parents me l’ont toujours décrit comme un bon pays malgré leur déportation au Sénégal". Mais Mamadou Diop, 39 ans, nourrit quelques appréhensions: "Je ne sais pas ce que je vais trouver. Je ne sais pas comment le dossier de l’indemnisation sera réglé".
Les mêmes questions taraudent l’esprit de Diagne Fall, 49 ans, qui prend le thé sous une tente avec des compatriotes: "Comment se fera la réinstallation dans notre pays?" "Le problème des fonctionnaires est moins compliqué car il est facile de les identifier à partir de leur dernier poste d’affectation", explique son voisin, Ndiaye Aly. Mais la perspective du retour ne fait pas oublier les difficultés rencontrées depuis leur arrivée au Sénégal. "Aucun site (de réfugiés) ne dispose d’eau courante, d’électricité ou de téléphone", souligne Wane Mamadou, qui assure être membre des Forces de libération africaines de la Mauritanie (FLAM), un mouvement négro-mauritanien en exil. "A notre arrivée, c’était (encore) plus dur", renchérit Assatou Sow. "Nos enfants ont toujours eu des complexes par rapport aux autres dont les parents détiennent les terres et autres richesses"."A Dagana, nous avons été bien accueillis, mais le Sénégal n’est pas la terre de nos ancêtres", conclut Diagne Fall. (Source AFP)


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