Les ministres dévoilent leurs stratégies pour le second semestre de 2007 : Du déjà vu et entendu !   
08/07/2007

Les ministres de l’Intérieur, de la Santé, des Pêches, de l’Education, des Affaires Islamiques, de la Justice, et de la Culture ont organisé la semaine écoulée des conférences de presse pour présenter leurs plans d’actions au titre du deuxième semestre de l’année 2007. Ces conférences n’ont pas eu le retentissement qu’il faut parcequ’elles se sont déroulées dans les cabinets ministériels, lesquels, n’ont invité que la Presse d’Etat et un, ou deux journaux "amis" de la presse indépendante.



Au cours de leurs rencontres avec les media, les ministres n’ont pas innové, et n’ont pas non plus, emballé ! Leurs déclarations et leurs réponses -à l’exception notoire de celles du ministre de la Santé ou de la ministre de l’Education- sont restées dans les sentiers battus du déjà vu et entendu. Comme si, sans participer à ces conférences de presse, on pouvait aisément deviner ce qui allait être dit. Retour sur une bien, tiède, campagne de communication.

Intérieur
On apprendra au cours de la conférence de presse animée par le ministre de l’Intérieur que son département a défini pour le deuxième semestre de l’année 2007, un plan d’action dont la mise en oeuvre coûtera 2.230.000.000 d’ouguiyas et que ce plan vise à renforcer les moyens matériels des structures du département, Ã  renforcer les capacités techniques de ses ressources humaines grâce à des actions de formations régulières, à moderniser les outils et méthodes de travail et à adapter les textes et les structures aux exigences d’une Administration moderne, performante et entièrement au service du citoyen. De la vraie langue de bois!
En plus de ce qui procède, on apprendra du concret fort heureusement c’est-à-dire que le ministère de l’intérieur se chargera de l’organisation du rapatriement de nos concitoyens réfugiés dans les pays voisins et du règlement du passif humanitaire. Comment ? On ne le saura pas. Or telle est aujourd’hui, la question centrale.
Santé
Exposant son plan d’action le ministre de la Santé a mis le doigt sur le mal notamment le manque de qualifications et de professionnalisme d’une catégorie du personnel de santé en évoquant dans son plan d’action, l’amélioration des ressources humaines, leur redéploiement et surtout, le contrôle de leur présence effective sur le terrain.
Très concrêt, le ministre de la Santé a promis la fourniture de médicaments de qualité avec le démarrage du laboratoire de contrôle de la qualité des médicaments (longtemps combattu par le lobby des médicaments frauduleux), la maintenance des équipements hospitaliers et l’amélioration de l’accessibilité géographique par la construction de 13 postes de santé, d’un centre de santé de type A et d’un autre de santé de base en plus de la réhabilitation de six structures.
Pêches
Le ministre des Pêches quand à lui, est resté en 1987 quand il y avait eu la première déclaration de politique concernant le secteur des Pêches, notamment la fameuse Nouvelle Politique de Pêches (NPP) Ainsi, le ministre a déclaré que «les objectifs essentiels de la stratégie en matière de Pêches consistent en la protection des ressources halieutiques et la garantie de leur développement en plus de l’augmentation de leur valeur ajoutée pour assurer un développement économique et social harmonieux». Une phrase ressassée depuis 20 ans !
Le ministre est resté également dans la langue de bois en parlant de « l’amélioration de la gestion durable des ressources maritimes, de la garantie de la participation efficace dans la gestion du milieu marin, de l’appui à l’intégration du secteur des pêches dans l’économie nationale ainsi que de la dotation du département de tous les outils indispensables à l’accomplissement de sa mission dans le cadre de la bonne gouvernance Â». En termes d’ambitions, le ministre a évoqué des idées intéressantes avec le renforcement des mesures de protection et de surveillance de la pollution marine ainsi que l’élaboration d’un plan général de développement du secteur avec un programme d’intervention d’urgence pour faire face aux catastrophes maritimes et la création d’un fonds d’appui aux victimes de la pollution marine.
Le ministre a également mentionné le renforcement du contrôle sanitaire et la construction de nouveaux ports pour la pêche pélagique et la pêche artisanale.
Comment concrétiser ces belles ambitions ? Comment faire pour obliger la flotte européenne à débarquer le poisson dans les ports mauritaniens d’abord ? Est-ce que nos ressources halieutiques sont maintenant mieux protégées face au double risque de l’exploitation pétrolière et des bateaux pillards de la Corée et de l’Europe de l’Est ? l’Atlantic Dawn continue-t-il à racler nos fonds marins ? Pour toutes ces questions, on attendra… M. le ministre.
Education
Que c’est beau d’être sincère et franc ! On l’a vu lors de la conférence de presse de la ministre de l’Education nationale. Sans langue de bois, sans détours on apprendra que le taux de réussite au Bac, toutes options confondues cette année, est seulement de 7,88%, celui de la déperdition scolaire est de 1 élève sur 2 et que les informations sur la position d’une bonne partie du personnel enseignant n’existent pas. Du concret. Il y a donc des milliers d’enseignants qui ont des fiches budgétaires qui continuent à être payés mais qui ont disparu. Vont-ils être virés et traduits en justice pour arnaque ? On l’espère.
Madame la ministre toujours directe (elle a hérité cela de son légendaire père Haba) a expliqué que la situation du secteur est liée Ã  la conjonction de plusieurs facteurs, notamment des insuffisances au niveau de la gestion et de l’organisation, de la qualité de la formation initiale dispensée au corps enseignant et du manque de formation continue à son profit.
A cela s’ajoutent l’insuffisance du matériel didactique et la mauvaise répartition des établissements scolaires entre autres en plus de facteurs endogènes comme l’organisation des élections en pleine année scolaire et l’impact négatif de la sédentarisation anarchique sur la répartition des établissements scolaires en milieu rural.
A la lumière de ce diagnostic, a dit la ministre, le plan d’actions du département pour les six derniers mois de l’année 2007 a reconduit les activités du plan d’actions du Programme National de Développement du Secteur Educatif non encore réalisées et jugées pertinentes et a intégré les nouvelles priorités envisagées par le ministère d’ici la fin de l’année 2007. Ces priorités, a-t-elle dit, portent sur des améliorations au niveau de la gestion et de l’organisation, la maîtrise de la situation du personnel et l’organisation des examens.
S’agissant de l’organisation des examens notamment le Bac , la ministre a indiqué que son département a pris des mesures de nature à garantir la transparence au niveau des différentes étapes de l’opération. C’est ce dispositif de surveillance qui a permis de répertorier 500 cas de tricheries lors des examens du Bac 2007. Selon des sources bien informées certains de ces lycéens tricheurs se sont vengés en écrivant des graffitis sur les murs appelant à la mort de Madame la ministre.

Affaires islamiques :
Présentant son plan d’action M. Ahmed Vall Ould Saleh le ministre des Affaires Islamiques et de l’Enseignement Originel a indiqué que son ministère est (encore) en train de faire un diagnostic précis de la réalité et des perspectives du secteur ainsi que des moyens dont il dispose. Et parce que le ministère n’a pas encore diagnostiqué là ou se situe le mal, cela veut dire qu’il y en pas, à moins que le ministère ne veuille pas le voir.
Alors le ministre dans son point de presse s’est rabattu sur le soutien aux Mahadras, la création d’une université islamique et sur le Haj édition 2008. Sur ce plan il dira qu’il a chargé les services concernés de préparer convenablement le pèlerinage et de faire en sorte que les insuffisances et les erreurs constatées au cours des derniers pèlerinages soient corrigées, et ce en collaboration avec les autorités saoudiennes et les services consulaires mauritaniens en Arabie Saoudite. Voyons voir.

Justice
Le ministre de la justice a fait une importante déclaration au cours du point de presse dans lequel il a présenté son plan d’action. Pour lui, "l’ère de l’intervention de l’Etat dans le déroulement des procès est révolue".
Il faut le dire, le ministre s’est montré plutôt convainquant quant il a indiqué que les procès qui ont eu lieu depuis la formation du nouveau Gouvernement notamment celui des Salafistes prouvent l’absence d’intervention de l’exécutif ou son influence sur la volonté des magistrats qui ont, selon lui, "acquittés ceux qu’ils ont considérés innocents et condamnés ceux qu’ils ont estimé coupables". Sur ce plan, le ministre a été percutant. En effet si les magistrats avaient pris l’attache de l’exécutif ou de l’appareil sécuritaire, il n’y aurait pas eu d’acquittés le 5 juin 2007.

 

Culture
Le ministre de la Culture et de la Communication a quand a lui souligné que le plan d’action de son département pour le dernier semestre de l’année 2007 se fonde sur deux axes : la décentralisation de la culture et sa valorisation, et l’information de l’opinion publique à travers la préservation de la liberté d’expression. Pour le ministre le développement du secteur de la culture passe par le recensement et la valorisation du patrimoine culturel mauritanien dans ses aspects matériel et immatériels en plus des traditions orales.
Une question M. le ministre : ce travail n’a-t-il pas déjà été fait ?
Le ministre a évoqué des mécanismes de la décentralisation de la culture qui se baseront sur les maisons du Livre (les fameux Dar El Kitab, (mseykinine!)) que l’ex- ministre de la justice allait transformer en tribunaux, qui vont devenir des maisons de la culture pour s’occuper de tous les aspects intéressant le secteur. 
Le ministre a parlé de la création de musées dans chaque wilaya. Au sujet de la promotion du secteur de la communication, le ministre a dit que son gouvernement se soucie, dans son programme, de la liberté d’expression et que depuis la prise de fonction du gouvernement aucun cas de censure n’a été recensé en dépit de ce qu’il a appelé les dépassements de certains journaux. Quelle censure ? L’article 11 est mort. Maintenant c’est le juge qui convoque. Le ministre a déclaré également que l’Etat oeuvre à organiser la presse indépendante en entreprises qui disposent de sièges et d’employés de manière à en faire une presse sérieuse et responsable soulignant la publication prochaine d’un texte sur l’attribution de la carte de presse ainsi qu’ une mouture de projet de loi sur la libéralisation de l’audiovisuel et l’élaboration de mécanismes d’appui à la presse. Des vieilles promesses toujours réitérées. Jamais tenues.
Synthése MAOB

 


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