Kaédi: quand on construit dans le lit de l’eau!   
26/06/2007

La ville de Kaedi connaît depuis quelques années une expansion tout azimuts. Il est sûr qu’un natif de la ville qui se serait absenté pour quelques années aura beaucoup de peine à s’orienter une fois débarqué sur les lieux. De nouveaux quartiers ont vu le jour. Si pour la plupart des habitants, se soustraire de l’encombrement équivaut à s’octroyer un terrain dans les quartiers périphériques que sont le quartier latin,la zone de l’aéroport,Tinzah ou Initih, certains ont tout simplement choisi de prendre pour habitat une zone très inondable.



C’est celle là que les kaediens appellent «debu nfilli naxa» pour les ressortissants de la communauté soninké ou Â«hakkunde gure» pour les pularophones. Traduisez pour les deux idiomes : l’entre deux villes. Il faut savoir que la ville de Kaedi était composée à l’origine du quartier Gattaga situé au centre,de Touldé ,de Tantadji et de Gourel sanghé.Cette appellation est donc le distingo qui existait et qui existe toujours entre Gattaga et les autres quartiers. Gattaga est séparé des autres quartiers par une vallée assez basse qui, lors de l’hivernage se remplissait d’eau du fait de la crue du fleuve Sénégal mais aussi des eaux du Gorgol noir. Cet endroit formait un bassin de rétention naturel dans lequel se déversait une énorme quantité d’eau durant toute la saison des pluies. Seulement, depuis une dizaine d’années, certaines personnes ont eu l’idée de construire des habitations sur le lit de l’espace inondable et s’y sont installées. Cela en depit de toutes les conséquences qui peuvent en résulter. Pourtant des études scientifiques ont démontré que le lit d’un cours d’eau peut demeurer asséché des années durant, un jour, l’eau recoulera là où elle déja coulé. Sur place, les riverains rivalisent de cÅ“ur pour concevoir et faire faire des villas à l’architecture et au design des plus tendances. L’endroit est tellement assaini qu â€™on y a fait construire un foirail et un poste de police à proximité. C’est dire tout l’interêt porté à cette partie de la ville de Kaedi. Par une apres midi où le «mboye», vent brûlant de l’avant hivernage, souffle sur les âmes, deux hommes sont assis précisement au cÅ“ur de l’entre deux villes, l’un occupé Ã  demêler un filet de pêche, l’autre à découper du carton pour le menu bétail qui est là sur place. Le probable pêcheur explique : Â« la première famille Ã  avoir construit une maison sur cette place est la famille Ly, il y a de cela quelques années. Au debut pendant chaque saison d’hivernage, ces gens rencontraient de sérieuses difficultés. A chaque fois qu’il pleuvait, tout le quartier se portait volontaire pour leur prêter main forte en les aidant à évacuer les eaux de ruissellement.Mais il faut penser que cela a donné des idées à d’autres. C’est ainsi que du jour au lendemain, les habitants des quartiers de Touldé, Tantadji et Gourel Sanghé ont investi tout cet espace. Â» Le deuxième monsieur d’ajouter non sans s’enquérir du mobile des questions: Â«Ces personnes ne tiennent nullement compte des risques qu’ils encourent en construisant sur cette surface argileuse. Je me souviens que vers la fin des années 70, le barrage qui retient l’eau du fleuve n’existait pas encore, il y a eu une inondation pendant laquelle l’entre deux ville était si pleine que des pirogues à moteur étaient mises à contribution pour venir à bout de l’enclavement des populations riveraines du fleuve. Les gens étaient obligées d’embarquer à bord de pirogues à moteur pour se rendre au marché. Cette situation était consécutive à une pluviométrie abondante. Il n’est pas dit que l’on ne revivra pas pareil phénomène. Il va sans dire qu’une sensibilisation objective s’impose. En effet, les constructions ne connaîssent pas de répit.et personne ne peut imaginerl’impact de l’eau sur ces belles bâtisses.
Biri N’diaye


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