Reportage: Un été à la plage de Nouakchott   
24/06/2007

Soleil, plages de sable fin sur des kilomètres à perte de vue. L’air est pur et chargé d’effluves marins. L’océan dont la couleur varie d’heure en heure devient une invitation à des parties de baignades. A priori, cette présentation ressemble à une carte postale. Pourtant, il ne s’agit pas d’un dépliant d’agence de voyage ou de tour opérateur. On est tout simplement quelque part sur le littoral mauritanien. D’aucuns y auraient vu un cadeau du ciel à exploiter à fond, hélas, nous ne profitons pas assez de nos plages et nous avons une approche spéciale de la mer. Une après-midi sur la grève révèle un tableau bigarré.



Il est 18 heures, en ce jour de juin 20007, des taxis, venus des quatre coins de Nouakchott, déversent sur le littoral des hordes de citadins chassés de la ville par une canicule implacable. La plage n’étant pas près de la ville, un problème logistique se pose pour certains qui veulent s’y rendre. C’est pour cela que chacun a sa stratégie pour l’atteindre. Ainsi les nantis y vont Ã  bord de véhicules tout-terrain ou de belles berlines. Les moins nantis louent les services d’un taxi. Et puis il y a les autres, ceux qui n’ont pas deux sous en poche, en général, ils sont jeunes. Ceux-ci arpentent courageusement le bas-côté du bitume et rallient la grève au bout de quelques heures de marche. Nous possédons un immense trésor de par la beauté et la netteté de nos côtes. Certains individus l’ont compris et dès qu’ils en ont l’opportunité, ils partent s’isoler sur des plages désertes. Là, à l’abri des regards indiscrets, ils s’adonnent à des parties de baignades ou tout simplement profitent de la beauté du site. Cette catégorie est tout de même rare. C’est le fait de d’étrangers ou de mauritaniens de classe sociale relativement aisée puisqu’il faut disposer d’une bonne voiture pour le faire. Les risques d’embourbements ne sont pas loin. Mais le gros des mauritaniens préfèrent se rendre à la plage des pêcheurs. Ce qui attire l’attention de prime abord en ce lieu, c’est le décor très hétéroclite. En effet lorsque l’on longe le hangar des poissonniers en descendant vers la grève, l’on note le spectacle des vendeuses de poissons assises à même sur le sable qui est quand même assez sale à cet endroit et au même endroit, des baigneurs qui pataugent dans une eau toute aussi sale. Généralement, à ce niveau, on trouve des enfants qui en sont à leur premier contact avec la mer. Les parents ne sont d’ailleurs pas loin et suivent d’un regard quelque peu envieux leurs rejetons barbotant dans l’eau. En allant un peu plus loin au nord, l’on remarque au fur et à mesure que l’on avance, que le décor change, les types de personnes aussi. On remarque que les gens qui ont investi cet espace y sont en terrain connu. Il yen a qui marquent même leur territoire en plantant des tentes ou tout simplement des bout de tissus mis ensemble. Ces gens ont l’habitude de se rendre à la plage. Pour cela, ils disposent de l’équipement nécessaire. Il s’agit pour les hommes d’un un short de bain, un ballon de foot ou un jeu de cartes ou bien à la limite un jeu quelconque. Cela permettra de meubler le temps. Pour les dames, il faut noter qu’à ce niveau, il existe un réel blocage. Certaines, prudes comme la très grande majorité des mauritaniennes, revêtent un maillot de corps et nouent un pagne et, pas très loin des premières vagues, se laissent taquiner par les giclées d’eau pendant de longues heures. D’autres, moins vieux jeux, arborent sans le moindre complexe des maillots de bain de type bikini ou tout simplement vêtues de shorts comme les hommes se prélassent au soleil et de temps en temps, piquent d’une tête dans l’eau. Ces scènes occasionnent des situations pour le moins cocasses parfois. En effet, ce dimanche 10 juin, sur la plage de l’hôtel Sabah, endroit très couru du reste l’on pouvait difficilement se frayer un passage tant l’espace était noir de monde. On pouvait y observer des jeunes mauritaniens bien branchés, jouant à des parties de foot ,d’autres sirotant du thé adossés Ã  une voiture qui crachait des décibels, tout en ne se privant pas de contempler les belles créatures qui entraient dans leur champ de vision. A côté, on distinguait aussi de nombreux expatriés. Certains sont venus en famille. Ils sont équipés pour la circonstance : parasols pour les adultes, bouées de sauvetage placées sur les avant-bras des gosses. Au même endroit, l’on remarquait également quelques vénérables chefs de familles mauritaniens habillés en tenue de ville. Ces personnes ont certainement cru bon de faire une virée à la plage pour se soustraire de la vague de chaleur, mais à voir leur mine gênée devant l’accoutrement des estivants, l’on comprend qu’ils ne sont pas au bon endroit. Ceci s’explique par le fait que nous sommes un peuple très traditionnaliste On a beau être au contact de l’extérieur, nous entretenons toujours cette austérité et cette réserve qui font notre particularité En définitive, pour la grande majorité des nouakchottois, rallier la plage constitue une équation c’est ce qui explique que l’on assiste pas à une ruée vers le frais. C’est tout le paradoxe de notre comportement envers nos plages. 
Biri N’Diaye


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