La rencontre Mauritanie-Egypte comptant pour les éliminatoires de la coupe d’Afrique des Nations prévue au Ghana en 2008, s’est soldée par un score d’un but partout. Un public rarement vu s’est déplacé le 03 juin dernier pour soutenir les Mourabitounes. Le stade était plein à craquer. Cette mobilisation, nous l’avions demandé pour galvaniser notre onze national. Notre appel a été donc entendu et les joueurs également avaient pris conscience de l’enjeu de la rencontre
Le débordement du stade a aussi causé un remue-ménage au sein du stade à telle enseigne que le trio arbitral gambien dirigé par John Mendy qui officiait la rencontre a retardé le démarrage de la seconde mi-temps pendant une bonne trentaine de minutes. Les supporters qui étaient dans l’effervescence des grands jours avaient envahi la main courante. La police avait du mal à contenir le public venus nombreux (15.000 environ, en plus de la capacité du stade), pendant que le commissaire du match, le marocain Mohamed Nassri sommait les autorités en charge de la sécurité de dégager le public sur la main courante au risque d’interrompre la rencontre. C’était donc un match qui s’est joué dans la ferveur. Retour sur les évènements
Dès l’entame du match, les Mauritaniens, déterminés à en découdre avec les champions d’Afrique en titre, ont ouvert les hostilités par un débordement du virevoltant Teguedi qui a servi la balle de politesse à Pascal Gourville. Ce dernier, de la tête, met la balle dans les bras du gardien égyptien Essam Kadri. Pas plus tard, le jeune Dominique Da Sylva parvient à pénétrer dans la surface de réparation mais, par manque d’expérience, perd la balle au profit de la défense adverse qui sauve in-extremis sa cage. Plusieurs tentatives de buts non concrétisées ont montré le manque d’expérience de nos attaquants face à une grande équipe habituée aux grandes compétitions. Les pharaons qui regardaient venir les Mauritaniens en bons observateurs et calculateurs, ont commencé à exploiter les failles dans le milieu. Ils mettront leur expérience à profit et, à la 11ème minute de jeu, parviennent à ouvrir le score par Ahmed Hassan suite à une erreur de la défense mauritanienne. Le gardien Diallo Souleymane n’ayant pas suivi l’action, a été trompé. Malgré ce retard d’un but, le public a redoublé d’efforts comme pour dire aux joueurs : «Donner encore de l’énergie, vous y parviendrez». Ce score sera resté inchangé jusqu’à la fin de la première mi-temps. A la reprise, en dépit de cette interruption pour débordement du stade, les Mourabitounes ont tenu vaille que vaille à défendre l’étendard national. Ils multiplient les actions en profondeur et créent des occasions de but. L’entrée de Yohan Langlet à la place de Mohamed Benyachou devait changer toute la donne du match. Connu pour ses envolés et ses entrechats, Yohan n’a pas tardé à régaler le public d’un spectacle digne de ce nom. En véritable Joker, il a manœuvré son adversaire, le latéral droit égyptien qui a craché le feu face à la détermination de Yohan Langlet. Devant un public qui ne démord pas et qui pousse son équipe à l’égalisation, Johan va manœuvrer les Egyptiens sur le flanc gauche, parvient à s’approcher des buts égyptiens et tire droit vers les buts. C’est l’égalisation à la 72ème minute. La Mauritanie remet les pendules à l’heure et le public fait bouger le stade. Les choses ne se sont pas arrêtées là . Malgré la réaction des égyptiens qui passaient la balle soit à côtés des buts soit sur la barre transversale mauritanienne, nos attaquants ont failli doubler la mise n’eût était l’expérience du gardien des pharaons qui, grâce à son gabarit, a sauvé beaucoup d’occasions de buts des Mourabitounes. Les joueurs égyptiens étonnés du revirement de la situation avec la détermination des Mourabitounes à doubler le score, s’étaient résignés à défendre le score de parité (1-1) et ce, jusqu’à la fin du temps réglementaire. Notre équipe nationale signe ainsi un matche nul important pour son parcours en éliminatoire de la CAN 2008. Loin de considérer ce score comme un succès qui doit s’arrêter là , le travail doit continuer et le soutien de l’Etat ne doit pas faire défaut. Il faut que tous s’y mettent car c’est l’affaire de tous pour que cette fois-ci, la Mauritanie inscrive son palmarès dans les grandes nations de football. C’est bien possible avec cette génération de joueurs à l’image de Langlet, Gourville, Ahmed Sidibé, Benyachou, Teguedi et compagnie.
Les Egyptiens veulent rejouer le match
La Fédération de football d’Egypte a adressé une lettre de protestation à la Confédération Africaine de Football (CAF) pour protester contre l’envahissement du stade par les supporters mauritaniens. Selon ses dirigeants, l’envahissement du stade par les supporters mauritaniens occupant la main courante, a été l’un des facteurs qui a contribué à la déconcentration des pharaons. «Nos joueurs ne se sentaient pas en sécurité et ont perdu leur concentration suite à ces évènements » écrit-elle. « Nous ne pouvions pas être performants dans ces conditions d’insécurité » martelait-elle dans sa correspondance à la CAF. Même s’ils sont leaders dans le groupe 2, les Egyptiens n’arrivent pas à digérer la pilule de ce score de parité (1-1) à l’issue de la rencontre du 03 juin au stade Olympique de Nouakchott face au petit poucet mauritanien et demandent de ce fait, de rejouer le match dans les conditions, disent-ils, «meilleures». Mais, les Egyptiens oublient que le football est fumiste. Même étant champions d’Afrique ou du monde, on peut être surpris par une équipe sous-estimée comme c’était le cas contre la Mauritanie. Il ne sert à rien de crier sur tous les toits d’Afrique pour rejouer le match. On a joué plus pire que dans les conditions qui ont prévalu ce jour au stade et le match a été validé.
Relever le défi de l’organisation
L’organisation a été toujours un problème chez nous. En voyant ce qui s’est passé ce jour au stade, on serait tenté de dire que la culture de l’organisation fait défaut. En dehors du stade, la police était obligée d’user de gaz lacrymogène pour repousser le monde. Dans la cour du stade, devant le portail d’entrée de la tribune officielle, une bousculade a failli tourner les choses au vinaigre. Les agents de sécurité de la société Spinet et les policiers s’en sont pris violemment. Certains ont failli en venir aux mains ! N’eût était l’intervention des autres policiers qui surveillaient dehors mais avec un œil attentif de ce qui se passait dans l’enceinte de la cour, il allait y avoir une bataille rangée. Des supporters avec des billets de 10.000 UM en mains ont été refusés à l’entrée prétextant que le stade est rempli. Vrai ? Mais pourquoi alors continuer à vendre les billets alors ? C’est là toute la question. En tout état de cause, le public va renouer avec la mobilisation d’antan. Et pour relever le défi de l’organisation, la fédération et le ministère doivent revoir ce problème. Pour l’heure, nous continuons à manifester notre joie et notre fierté pour avoir tenu les champions d’Afrique en titre en échec sur notre propre terrain. Bravo ! Ibou Badiane
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