De l’eau, de l’eau, de l’eau !   
18/05/2007

Le mois de mai tire à sa fin. Les vagues de chaleur annonciatrices de la canicule commencent à se préciser par intermittence et les nouakchottois renouent avec les pénuries d’eau. Les quartiers de notre capitale n’ayant pas les mêmes réalités, le manque d’eau est forcément mieux ressenti par les plus pauvres. Il n’y a pas de vie sans eau. .Le spectacle qu’offre Nouakchott en ce moment n’est pas du tout beau.



Tourner le robinet de la droite vers la gauche et voir couler l’eau est une habitude que beaucoup de personnes ont perdu à Nouakchott.. Et pour cause ! C’est un geste absolument inutile car le robinet est complètement inopérant Pourtant, la grande majorité des habitants sont abonnés au réseau de distribution d’eau de la SNDE Seulement entre l’abonnement et l’eau , il y a un fossé. En cette période de l’année, le problème se pose avec acuité. Il reste que les uns et les autres ne disposent pas des même moyens pour avoir l’eau. Les riches s’approvisionnent par les citernes les pauvres par les charrettes.

Le cauchemar des chefs de familles

Il existe des quartiers à Nouakchott qui de par leur niveau d’élévation ne reçoivent aucune goutte d’eau durant les douze mois de l’année. Il s’agit de localités comme Basra, El Mina , Sebkha. Dans ces zones là, le quotidien des ménagères est rythmé par la quête du précieux liquide. Les âniers y règnent en maîtres absolus. En effet devant l’impuissance des riverains de ces bleds, ils imposent des prix astronomiques au vu du prix d’achat à la borne-fontaine. A titre d’exemple le fût d’eau acheté à 90 Um est revendu jusqu’à…800 Um voire plus. Moussa Kandioura, vendeur d’eau explique : Â« Ce n’est pas de gaîté de coeur que nous imposons ces prix. Remarquez que nous nous réveillons à cinq heures du matin et nous couvrons plusieurs kilomètres entre la borne fontaine et les quartiers périphériques pour vendre notre eau. Il faut bien un prix pour amortir notre peine, nourrir les ânes et subvenir à nos dépense personnelles.» Ces arguments ponctués d’un petit rire goguenard ne feront sans doute pas l’unanimité chez l’habitant.
Les localités des îlots G , R , H, L étant des domaines relativement bas, là, chaque nuit, un membre de la famille se résout à passer la nuit à côté du robinet et attendre très tard que quelques filets d’eau suintent dans les bassines et bidons. En général c’est le chef de famille qui se sacrifie pour cette corvée .Cette eau sera la ration alimentaire de la famille. Il va sans dire qu’elle sera gérée parcimonieusement.
Les quartiers de la SOCOGIM et Bagdad se situant dans des zones de très basse pression étaient restés pendant très longtemps les endroits ou l’eau ne tarit jamais. A telle enseigne que les maisons y étaient très convoitées. Mais depuis quelques années, l’eau y est devenue rare. Chaque année, les propriétaires descendent plus bas le branchement du robinet afin de bénéficier d’une meilleure pression. Mais même ici, la quête de l’eau donne le tournis aux chefs de familles. Il reste les nouvelles zones urbaines qui pour la plupart sont établies à proximité de la grande conduite qui va à Idini. A ce niveau, il faut noter le manque de civisme de certains individus qui non contents d’opérer des branchements sauvages sur la conduite pour arroser leurs plants de légumes, poussent l’audace jusqu’à percer volontairement cette dernière pour laisser abreuver du bétail. C’est arrivé !
L’équation que pose la pénurie d’eau à Nouakchott mérite qu’on s’y penche avec des solutions à la clé. Ce ne sont certainement pas les camions-citernes de la SNDE qui roulent pour on ne sait qui et encore moins les sorties timorées de ses cadres à la TVM qui étancheront la soif des masses laborieuses.
Biri Ndiaye


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