Zoo de Nouakchott: Les lions sont morts … de faim !   
07/05/2007

Nouakchott n’offre pas beaucoup de lieux d’attractions. Si malgré tout l’envie vous prend de prendre un grand bol d’air, vous pourriez être tenté de faire un tour du coté du parc zoologique ou du moins ce qui en reste. Vous serez déçu et inquiet à la fois.



En effet, on a du mal à admettre que le parc soit laissé à une telle dérive. Des pensionnaires qui y vivaient, il ne reste que quelques individus. Leur sort est tout simplement pitoyable !

Un zoo aux cages vides 

Sur la route qui mène à Rosso, à quelques centaines de mètres du Bataillon blindé communément appelé «Poudrière», se trouve le complexe appelé on ne sait pas pourquoi : «Foire». Lorsque l’on pénètre les lieux, à votre droite, vous avez un petit carré relativement verdoyant, ceinturé par un mur: c’est le parc zoologique de Nouakchott. Avec un peu de chance, vous trouverez des visiteurs à la porte. Sinon, il faudra demander où se trouvent les animaux sauvages car il n’y a aucune indication pour vous guider. A la porte, un homme est occupé à arroser des plantes. C’est le gardien. Il s’appelle Youba Ould Djoukar. Il dit être à ce poste depuis quelques années. Une fois dans l’enceinte du parc, la première chose qui frappe de c’est l’étroitesse. A droite, enfermés dans une petite cage elle même enfermée dans une plus grande, deux singes se serrent l’un contre l’autre. A leurs museaux allongés, l’on devine que ce sont des babouins A cinq mètres de leur cage; l’on tombe sur une hyène tachetée fait des allers et retours incessants. Parfois elle s’arrête et vous fixe avec un regard qui vous laisse pantois. On a de la peine pour cet animal qui peuple l’imaginaire de nos contes populaires. Cet animal si honni dans ses joutes d’avec le lièvre devient quasiment pitoyable dans la solitude de sa cage. En faisant deux pas en arrière l’on est en présence d’une scène quelque peu insolite. Ce sont des canards. Trois gallinacés des plus ordinaires très propres se baignent dans un baquet dans une cage trop grande. Tout à fait comme ceux que vous voyez au marché aux volailles ou même dans la cour de certaines maisons à Nouakchott. Pour celui qui s’attendait à vivre des sensations fortes au contact de grands fauves, on est bien servi. A un pas de ces volatiles; l’on tombe nez-à-nez sur une tortue celle là aussi des plus communes au monde. Le reptile lui n’est pas mis en cage mais simplement dans une surface assez basse protégée par un muret. De toutes façons ce n’est pas demain que les tortues se mettront à escalader des murs! Là aussi, une grosse désillusion pour les amateurs d’adrénaline. Quelques mètres plus loin, à l’intérieur de trois cages contiguës, trois singes de couleurs et de formes différentes sont là à vous regarder avec des yeux qui vous donnent de la peine. Et vous avez là l’intégralité des pensionnaires du parc zoologique de Nouakchott. Devant la pauvreté qu’inspire cette institution et le caractère artisanal de son fonctionnement, des interrogations s’imposent: Comment en est-on arrivé à cette dérive? Que sont devenus les anciens pensionnaires du parc? Que font les autorités compétentes face à la situation?

Les lions sont morts … de faim

C’est Youba le gardien qui nous donne des débuts d’explications:" Il faut savoir que le parc n’est plus sous la tutelle de l’Etat. C’est un parc privé." Tiens, tiens! Et l’homme de continuer: Â«Il appartient en ce moment à Sidi Mohamed Ould Zein, ancien maire du Ksar. Il réside à Atar et ne vient pas souvent au parc. Il a signé un contrat de dix ans avec l’Etat pour la gestion privée du parc." Hamoud, résident dans le parc avance quant à lui que la quasi totalité des animaux sauvages sont morts de faim." Tenez, où sont les gazelles, les chacals, les fennecs, et les crocodiles ? Ils sont tous morts. Les lions qui attiraient le plus de visiteurs sont morts de faim! Ils étaient si faibles qu’ils avaient perdu toutes leurs dents. A la fin, ils ne pouvaient plus manger la viande qu’on leur jetait faute de crocs. Regardez le mur qui donne sur l’extérieur, il est tombé depuis plus de un an et le trou est toujours là béant." 
Entre le silence assourdissant de Youba et les litanies de Hamoud, on mesure toute l’étendue du drame du parc zoologique de la foire de Nouakchott. En effet, beaucoup d’interrogations restent en posées : Un patrimoine aussi important qu’un parc contenant des espèces sauvages dont certaines protégées peut-il ou doit-il être géré par un particulier ? En outre, comment expliquer qu’une ville de la dimension de Nouakchott ne soit pas dotée d’un parc zoologique digne de ce nom avec son jardin botanique ? Ce sont nos enfants qui seront heureux et leurs parents également le jour où toute la famille pourra débarquer au zoo et admirer les animaux qu’ils ne connaissent qu’à travers l’écran de la télé ou sur les pages des livres de Sciences naturelles. Ce n’est pas impossible. Ce n’est non plus un luxe, il suffit simplement d’en définir la politique et de l’appliquer.

Youbiss@yahoo.fr
Biri N’DIAYE

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