Nouveau Gouvernement : Préjugés favorables   
06/05/2007

Le Premier ministre Zeine Ould Zeidane a formé samedi 28 avril son équipe. Une équipe composée exclusivement des technocrates, généralement inconnus sur la scène politique et jouissant de préjugés favorables. Sur une trentaine de ministres et secrétaires d’Etat, aucune figure marquante des anciens régimes (1984-2005) et de l’ère CMJD (2005-2007) n’en fait partie.



En dépit de la domination du Parlement par les figures marquantes des deux derniers régimes, le président Ould Cheikh Abdellahi et son Premier ministre ont sans doute tenu compte de l’hostilité si ce n’est du chantage moral d’une certaine ex-opposition à une catégorie de Mauritaniens, malgré que ces derniers soient encore très populaires, eu égard aux résultats des dernières élections municipales et législatives.
La nouvelle équipe comprend quatre ministres issus de l’Alliance Populaire Progressiste (APP) de Messaoud Ould Boulkheir élu le 26 avril (deux jours avant la formation du Gouvernement) président de l’Assemblée Nationale.
Signal fort dans ce nouveau Gouvernement, le poste ultrasensible de ministre de l’Intérieur est revenu Yall Zakaria un négro-mauritanien (photo en médaillon). Ancien gouverneur et administrateur de formation, il lui reviendra notamment la charge de régler le problème du retour dans leur pays de milliers de négro-mauritaniens réfugiés au Sénégal et au Mali depuis 1989, suite à des violences interethniques. Le président Ould Cheikh Abdellahi, avait promis au cours de sa campagne électorale, d’organiser leur retour dans six à douze mois.
La nouvelle formation gouvernementale comprend également trois femmes : Mesdames : Nebghouha mint Haba à l’Education Nationale, Mint Sidi Bouna à l’Environnement et Fatimettou mint Khattri à la Promotion féminine.
Dans cette nouvelle équipe, le portefeuille des Affaires Etrangères est revenu Ã  Mohamed Saleck Ould Mohamed Lemine, diplomate de carrière et de carrure, jusqu’ici Ambassadeur de Mauritanie à Genève.
Le portefeuille de l’Economie et des Finances est revenu à Abderrahmane Ould Hamma Vezzaz, éphémère ministre sous Ould Taya (pour quelques mois, en 1998), limogé pour s’être érigé contre des prébendes et pour avoir viré une éminence grise de l’ère Maaouya. Ould Hama Vezzaz à travaillé depuis lors à la Banque Arabe de Développement Economique en Afrique (BADEA), fondée par des pays membres de la Ligue Arabe.
Le ministère de la Santé est revenu au Docteur Mohamed Lemine Ould Raghani économiste émérite maintes fois pressenti pour être Gouverneur de la BCM et ayant par le passé, été directeur de la gestion des investissements au Ministère de la Santé.
Le ministre de l’Emploi, de l’Insertion et de la Formation Professionnelle a été confié à Cheikh El Kebir Ould Chbih cadre à la BCM, ex-directeur au Secrétariat d’Etat au Technologies Nouvelles, ex-directeur des Procapec, considéré par les observateurs comme l’un des meilleurs cadres du pays.
Le nouveau gouvernement a également apporté des innovations majeurs en scindant ou en supprimant plusieurs départements mnisteriels et en créant d’autres, à l’instar du Commissariat Chargé de la Protection Sociale confié à Mohamed Ould Mohamedou qui s’est illustré par la qualité de son travail d’abord à l’Observatoire de la Sécurité Alimentaire et puis à la direction de l’action humanitaire, une structure qui a mené un travail de proximité remarquable, sous l’instigation de Abdellahi Ould Ahmed Damou, l’ex-Commissaire à la Sécurité Alimentaire.
Le ministère du Pétrole et des Mines, a été attribué à Mohamed El Moktar Ould Mohamed El Hacen, fin connaisseur du secteur minier et pétrolier où il a développé une carrière de plus de 25 ans.
La composition du nouveau gouvernement reflète l’engagement du nouveau président et de son Premier ministre à rompre avec les pratiques de dosages ethniques, tribaux et régionau et à ne pas se soumettre aux chantage des lobbies.
Le nouveau attelage gouvernemental jouit de préjugés favorables au niveau de l’opinion comme en témoigne la réaction de la presse nationale dans ses éditions publiées après sa formation. Mais ce nouveau gouvernement se heurte déjà à un problème de taille : le charcutage des départements ministériels et les problèmes d’ordre institutionnels et organisationnels que cela pose. Il ne faut pas surtout que l’espoir que le nouveau gouvernement incarne, se dilue progressivement dans les méandres des pesanteurs bureaucratiques. Gare au retour de la manivelle.


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