Second tour de l’élection présidentielle: Le tableau enfin dessiné    
22/03/2007

Les dés sont jetés: tous les acteurs de la vie politique mauritanienne se sont placés cette semaine sur l’échiquier, dont le jeu se déroulera après-demain. Des surprises, des confirmations. Mais une incertitude importante demeure pour ce deuxième tour: le taux de participation pour une frange importante de la population pour qui Sidioca et Daddah c’est «bonnet blanc et blanc bonnet».



Lundi passé, Messaoud Ould Boulkheïr annonçait son soutien à Sidi Ould Cheikh Abdallahi, pour le second tour de l’élection présidentielle. L’APP, créditée d’environ 10% des voix au premier tour, explique que cette décision résulte d’une étude de la situation née du premier tour des élections présidentielles organisées le 11 Mars 2007, et de «la période très sensible que traverse le pays, ainsi que de la nécessité de procéder au transfert du pouvoir des mains des militaires à un pouvoir civil fondé sur des bases solides préservant les intérêts du peuple mauritanien et permettant à l’APP de s’impliquer de manière effective dans la gestion du pays». Le choix de Messaoud interviendrait après avoir convenu avec le candidat d’un programme commun de gouvernement qui prendrait en charge les grandes questions pour lesquelles l’APP a lutté inlassablement durant toutes les dernières décennies. Ould Maouloud ralliait Daddah quelques heures plus tôt. Un de ses cadres exécutifs expliquait «qu’en plus de faire face à ses responsabilités, cette décision était logique dans le cadre d’une survivance du parti UFP». Quant à Ibrahim Sarr, le dernier à se prononcer, son engagement allait à Ahmed Ould Daddah. Cette voix s’insère dans le sillon creusé quelques jours auparavant par Murtodo Diop qui indiquait le chemin à suivre en s’alliant symboliquement à Daddah (pour ce que ça vaut), au nom du mouvement Dekalem. Ainsi, théoriquement, Sidioca serait largement vainqueur avec près de 55% d’intentions de vote, si les consignes de vote ont un sens quelconque , et surtout si le taux de participation reste dans le même ordre que lors du premier tour (70%).

L’incertitude sur le taux de participation

«Il nous a trahis». Ce sont les termes sans équivoques lancés par un groupe de militants de l’APP, après l’annonce du soutien de son président à Sidioca. Quelques mètres plus loin, d’autres scandent fiévreusement «Messaoud!». Entre ces deux tendances, un fossé d’incompréhension s’est creusé. Les premiers semblent blasés d’office sur l’issue du deuxième tour, et ne certifient pas qu’ils iront voter. Et surtout dans le cas où ils voteraient, ils ne suivront sûrement pas les consignes de Messaoud. Même situation pour Ibrahima Sarr, que beaucoup de ses supporters espéraient voir soutenir Daddah, tandis qu’une autre tendance était persuadée d’une consigne pour Sidioca. Même flou des votes pour ces deux poids lourds qui compteront dans le deuxième tour. Entre les extrêmes de chacune de ces formations, une large mouvance de personnes hésitantes sur le fait d’aller voter ou non. D’où un deuxième tour dont le taux de participation pourrait bien être plus faible que celui du premier tour, qui rend les pronostics un peu plus compliqués.
Dans tout ce méli-mélo politique typiquement mauritanien, les rumeurs circulent. Comme lors des municipales et sénatoriales. Des rumeurs sur l’achat de consciences. Ces rumeurs sans fondement expliquent tout choix politique qui n’irait pas dans le sens de Daddah, comme corrompu. Une vision simpliste et «bushienne» de la politique qui émane du camp du RFD, qui voudrait faire croire que tout se résume à «contre le système Taya qui survivrait dans le choix pour Sidioca» ou pour le changement que ce parti qui se dit de l’opposition (par rapport à quoi maintenant??). Certes, certains barons du système du Déchu entourent Sidioca, tout comme certains d’entre eux entourent Daddah. Et il serait bien pour une meilleure compréhension des politiques des deux hommes et un meilleur choix, que les attaques se fassent sur le terrain des projets. Les deux candidats au second tour savent que le peuple veut tourner la page, ce qui implique aussi toutes les têtes directement trop proches du régime de l’ancien parti unique ne soient pas impliqués dans le futur gouvernement, quelque soit le gagnant.

Mamoudou Lamine Kane


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