Qu’en est-il des reproches faits à Ould Cheikh Abdallahi ? par Dahane Ould Taleb Ethmane   
01/03/2007

Poussant leur imagination à l’extrême en cherchant noise désespérément à Ould Cheikh Abdallahi, les détracteurs les plus sérieux de ce candidat lui font souvent trois types de reproches : Il y a d’abord celui de ne pas avoir participé, selon eux, au militantisme pour la démocratie dont certains veulent se présenter aujourd’hui comme étant les héros, méritant comme récompense qu’on leur offre le pouvoir sans coup férir sur un plateau d’argent.



Sur ce point, Ould Cheikh Abdallahi a évité en dépit de ses déboires avec l’ancien régime d’adhérer à une opposition dont il ne partageait ni les credos ni les méthodes. Une opposition radicale, jusqu’au-boutiste, personnalisée, oeuvrant pour le tout ou rien et faisant feu de tout bois au risque d’ébranler les fondements d’une nation encore fragile. La suite des événements lui a donné raison. En réaction à cette situation, le pouvoir avait durci ses positions alors qu’il venait d’entamer une ouverture démocratique timide peut-être, sur mesure même et tout sauf désintéressée mais elle était initialement sincère et pouvait mener progressivement à un seuil acceptable conduisant à une transition apaisée au bout d’un ou deux mandats, ce qui n’est qu’un laps de temps dans la vie d’une nation, mais une longue période dans la carrière d’un homme. Toute la question est là : pour lequel bouge-t-on ? L’homme ou la nation ?
En définitive, le fameux militantisme dont se targuent certains n’avait conduit qu’à la crispation de la vie politique et à l’effritement de l’opposition qui, à bout de souffle s’anéantissait lamentablement. Finalement, il a donc fallu une énième intervention de l’armée pour débloquer la situation.
Encore faut-il aujourd’hui bien assimiler la leçon et éviter les mêmes erreurs, car on n’est jamais à l’abri des bégaiements de l’histoire.
Voilà ce pourquoi Sidi Ould Cheikh Abdallahi ne s’était pas impliqué outre mesure dans cette galère inconséquente.
Le deuxième grief fait à ce candidat est encore plus creux : on lui reproche d’être supporté par les forces qui soutenaient l’ancien régime.
En réalité qu’on le veuille ou non, ces forces – là sont représentatives de toute la Mauritanie. On peut même dire en exagérant à peine qu’elles sont la Mauritanie.
Après le changement du 03 août et la tentative de recomposition du paysage politique, au lieu d’une chasse aux sorcières engagée contre « les symboles du pillage Â», on a vu les différents camps politiques se les disputer et les présenter fièrement comme des trophées.
Nous observons actuellement le même phénomène au niveau des candidats à l’élection présidentielle. Le tort de Sidi est donc tout simplement d’avoir gagné cette bataille déterminante dans la course au palais ocre.
La troisième mercuriale chantée par les adversaires de Sidi tourne autour de l’appui du CMJD dont il bénéficierait.
Rien ne prouve ni n’infirme de façon indubitable cette assertion. Mais, a priori, un tel appui n’est pas en soi un inconvénient. Le CMJD a l’éminent mérite d’avoir ouvert les horizons aux espoirs nés du processus qu’il a engagé. Il sera comptable d’une façon ou d’une autre de ce qui adviendra demain, lors du futur mandat présidentiel, véritable phase probatoire du
processus démocratique. Dans ces conditions, il serait même politiquement naïf de croire que le CMJD puisse ne pas avoir son choix parmi les candidats en lice.
De toutes les façons, le non soutien d’un candidat par le pouvoir en place n’est pas une revendication démocratique. L’essentiel est la neutralité absolue de l’administration ainsi que la non utilisation des moyens de l’Etat en faveur ou au détriment de l’un des candidats.
On n’en demande pas plus dans les démocraties enracinées. Pourquoi en fait – on une condition sine qua non en Mauritanie ?

 


Toute reprise totale où partielle de cet article doit inclure la source : www.journaltahalil.com
Réagir à cet article
Pseudo
E-mail
Commentaire
Entrer le code
La rédaction de Tahalil vous demande d'éviter tout abus de langage en vue de maintenir le sérieux et de garantir la crédibilité de vos interventions dans cette rubrique. Les commentaires des visiteurs ne reflètent pas nécessairement le point de vue de Tahalil et de ses journalistes.
Les commentaires insultants ou diffamatoires seront censurés.

TAHALIL 2006-2022 Tous droits reservés