Clandestins asiatiques et africains à Nouadhibou : le croissant rouge mauritanien fait pression et revient sur sa position   
20/02/2007

Le croissant-rouge mauritanien (CRM ) a annoncé vendredi l’arrêt de son assistance à 299 clandestins indiens en attente de rapatriement à Nouadhibou , pour protester contre leurs conditions de vie intenables et ainsi faire pression sur les autorités mauritaniennes. "La situation est intenable" pour ces 299 personnes, toutes hébergées dans un seul hangar au port de nouadhibou depuis le 12 février, "nous avons décidé de plier bagage" et de quitter les lieux, a déclaré à l’AFP Ahmedou Ould Haye, responsable du CRM à Nouadhibou.



L’arrêt de l’assistance du CRM entraîne celui de la croix-rouge espagnole, qui opérait via cette organisation mauritanienne. "Nous avons informé tout le monde, y compris les autorités mauritaniennes, de notre décision. il nous semble humainement intenable de retenir ces gens dans des conditions pareilles: des lieux non préparés à l’origine et qui sont devenus insalubres", a expliqué Ould Haye. Selon lui, les indiens n’ont pas reçu de tenue de rechange depuis les habits neufs qui leur ont été offerts à leur débarquement, en échange de leurs anciens vêtements envoyés à l’incinération. En outre, ils ne disposent que de toilettes, dont les fosses nécessitent une vidange, et leurs ordures ne sont pas ramassées.
La croix-rouge espagnole s’est également déclarée "offusquée" par les conditions d’hébergement des clandestins, en se disant solidaire de la décision du CRM, selon une de ses responsables sur place. Elle a exhorté la Mauritanie, qui a accepté d’accueillir les clandestins sur une courte durée, et l’Espagne, qui organise leur rapatriement, à "trouver la meilleure solution dans les meilleurs délais". Par ailleurs, selon des sources concordantes, l’Inde a dépêché vendredi à Nouadhibou son ambassadrice à Dakar accréditée en Mauritanie, Mme Parbati sen Vyas, pour l’identification des 299 clandestins en attente de rapatriement.
La diplomate indienne a remis aux clandestins des formulaires à remplir, dernière phase avant leur départ de Mauritanie, toujours dans l’attente d’une réponse définitive de New Delhi pour leur rapatriement, a précisé une source sécuritaire mauritanienne.
Elle a été visiblement "très gênée, voire irritée par l’évolution des choses", a affirmé cette source. "Ils (les clandestins indiens) ne pourront quitter le port (de Nouadhibou) que pour s’envoler chez eux ou vers une autre destination sous la responsabilité de l’Espagne, mais jamais ailleurs en Mauritanie", selon la même source. La Mauritanie avait dans un premier temps refusé que les clandestins - qui étaient 369 au total - débarquent sur son sol, estimant qu’elle n’en était pas "juridiquement responsable" alors que leur bateau, ayant subi une avarie, mouillait près de Nouadhibou. Puis elle a accepté de les accueillir pour raisons humanitaires, juste pour quatre heures, au terme d’un accord signé le 10 février avec l’Espagne après une semaine de tractations. Les clandestins ont alors commencé à débarquer le 12 février. Ils étaient restés coincés pendant une dizaine de jours dans un bateau appelé «Marine 1» et qui, selon les versions, serait parti de Guinée ou de Côte d’Ivoire et se dirigeait vers l’archipel espagnol des Canaries lorsqu’il a eu une avarie. La marine espagnole l’avait secouru en haute mer, puis remorqué le 4 février non loin du port de Nouadhibou. 70 clandestins (35 africains, 35 asiatiques) ont déjà quitté la Mauritanie. Une journée après avoir annoncé son retrait le croissant-rouge mauritanien (CRM) est revenu annoncer samedi être revenu auprès de 299 clandestins indiens en attente de rapatriement à Nouadhibou (nord).
Contre mauvaise fortune, bon coeur
Le CRM avait décidé un "retrait symbolique pour manifester" pour marquer sa "désapprobation des conditions de vie des clandestins) mais, «face à leurs conditions sanitaires et d’hygiène intenables, nous sommes revenus ce samedi auprès d’eux», a expliqué à Ahmedou Ould Haye. Beaucoup de ces clandestins, tous hébergés dans un seul hangar au port de Nouadhibou, "souffrent de maladies, d’infections de la peau en raison notamment de l’absence d’hygiène, car ils ont dû passer de longues semaines sans se doucher, ni se nourrir convenablement", a déclaré M. Ould Haye. "Il est urgent de désinfecter les lieux et de permettre à ces hommes de se changer et de se laver pour éviter des complications graves", a-t-il ajouté.
Synthèse CTB

 

Le «Marine 1» remorqué à Ténérife
Le navire «Marine 1», tombé en panne suite à une avarie au large de la Mauritanie, avec à son bord quelque 400 immigrants asiatiques et subsahariens, est arrivé vendredi dernier à l’Ile canarienne de Tenerife. Il a été remorqué depuis Nouadhibou en Mauritanie jusqu’au port de Tenerife par un bateau espagnol de sauvetage maritime. Le bateau était resté pendant une dizaine de jours en rade dans les eaux internationales près des côtes mauritaniennes, avant d’être autorisé à jeter l’ancre au port de Nouadhibou, suite à un accord entre l’Espagne et les autorités Mauritaniennes. 35 des passagers de ce bateau, qui n’ont pas pu être identifiés, ont été transférés à bord d’un avion espagnol à un centre d’accueil à Las Palmas. Les autres occupants devraient être rapatriés à leurs pays d’origine, après leur identification par la police.


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