Y pensons-nous?   
17/07/2006

Des foyers de tensions Ă  l’Est, au Nord et au Sud de notre pays avec un environnement sous rĂ©gional qui annonce des lendemains incertains ; un conflit qui s’engage sans issue dans sa quatrième dĂ©cennie, un autre qui renaĂ®t des cendres de ses flammes de paix et l’incertitude qui plane sur un autre pays du voisinage avec ou après le dĂ©part du patriarche. Une ceinture en quelque sorte minĂ©e entoure un pays de 1.000.000 km2, de 3.000.000 d’habitants dont le sol et sous-sol regorgent de ressources naturelles.



Un pays dont les contradictions internes peuvent être exploitées, soit pour exporter ses crises internes ou pour réaliser des objectifs stratégiques. Face à tout cela, il n’y a rien de plus dangereux que le sentiment de double citoyenneté récurrent chez certains de nos compatriotes qu’ils soient du Nord, du Sud ou de l’Est.
 Avons-nous conscience des dangers qui nous guettent et des appĂ©tits que notre pays peut susciter? Je n’en suis pas certain et j’espère me tromper. Je ne veux pas mettre en doute le patriotisme du mauritanien. Je dis seulement, que le patriotisme ne se dĂ©crète pas. Il revient Ă  l’Etat, aux partis et aux leaders d’opinion de l’insuffler, en lui donnant un contenu par leurs actes. Pour rendre un citoyen fier de son pays, il faut que ce citoyen se sente Ă  l’aise dans son pays. Qu’il sente qu’il a des droits, qu’on veille Ă  son bien ĂŞtre, qu’il y a une justice et que son pays Ă  l’instar des autres pays du monde s’engage rĂ©ellement dans la voie du progrès.
 En dehors du rĂ©fĂ©rentiel aux ancĂŞtres, il reste difficile d’être fier d’un pays oĂą il n’y a jamais eu d’alternance au pouvoir autrement que par les coups d’état, d’un pays enseveli sous l’insouciance et les immondices, d’un pays qui ne produit aucun bien manufacturĂ© compĂ©titif sur le marchĂ© international. La fiertĂ© que nous ressentons d’être mauritaniens ressemble Ă  celle que l’on ressent d’appartenir Ă  un terroir. C’est la fiertĂ© bĂ©douine par exemple. Et une fiertĂ© qui ne se justifie pas est une fiertĂ© de pacotille: elle relève de l’orgueil…
 En 46 annĂ©es d’indĂ©pendance nous pouvons certes nous estimer heureux de ne pas avoir vu notre pays occupĂ© par des forces Ă©trangères. Nous avons nationalisĂ© notre fer, crĂ©e notre ouguiya, redonnĂ© Ă  ce pays son identitĂ©, rĂ©sistĂ© aux manĹ“uvres gĂ©ostratĂ©giques, frĂ´lĂ© l’abĂ®me et remontĂ© plusieurs fois la pente. Des milliers de kilomètres de bitume ont Ă©tĂ© construits, des centaines de rĂ©seaux d’adduction d’eau potable sont opĂ©rationnels, la vie citadine a très largement pris le dessus sur la vie dans les campagnes, le cellulaire est dans tous les foyers et enfin, l’alternance dĂ©mocratique est devenue institutionnalisĂ©e. Mais c’est encore peu ! Il est de notre devoir d’être exigeants et ambitieux pour notre pays. Du moins, ceux d’entre nous qui n’en ont pas deux. Et de continuer ainsi Ă  poser les enjeux et les dĂ©fis. Qu’avons-nous fait Ă  cet effet, pour la sĂ©curitĂ© alimentaire malgrĂ© nos 3.00.000 hectares de terres cultivables? Allons-nous continuer Ă  manger le riz, boire le thĂ© et consommer le sucre importĂ©s?
 Comment va l’école, ce creuset oĂą se forge l’homme et la femme de demain ? Et la santĂ©? Pourquoi les mauritaniens continuent-ils Ă  aller Ă  l’étranger, mĂŞme pour des prothèses dentaires? Quand aurons-nous des services de transport dignes de ce nom? Des services de sĂ©curitĂ© compĂ©tents et rassurants ? Une politique culturelle agissante dans la construction de la citoyennetĂ© ? Et quand cesserons-nous, emmitouflĂ©s dans nos boubous Ă  entretenir un lien fort intime avec l’insalubritĂ© et le flou? PrĂ©parons-nous, les vents de la mondialisation et de l’intĂ©gration soufflent fort, face au grain de sable que nous sommes, dans ce vaste univers.
 Isselmou Ould Moustapha


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