La culture, comme la musique et le sport n’ont pas de frontières. Ce sont des phénomènes sociaux qui brisent les frontières et constituent de facto des passerelles entre les peuples. La Mauritanie, ce pays au million de poètes, a toujours été considérée...
...comme un carrefour des civilisations et des cultures. C’est pourquoi, une marocaine, Amal Dria, la trentaine, a trouvé mille raisons d’élire domicile en Mauritanie où, elle est devenue culturellement mauritanienne.
Amal Dria est une artiste peintre de Nouakchott membre de l’Union des artistes plasticiens de Mauritanie (UAPM). C’est l’adresse qui s’affiche au fronton de l’artiste. A 17 ans, notre sœur du Maroc foule le sol du pays de Mokhtar Daddah. Cet amour acquis par affection pour une artiste mauritanienne, Maalouma mint Meidah , a été la motivation principale pour Amal pour trouver une autre terre dans ce vaste désert saharien. «Avant, c’était les chansons de Malouma Mint Meidah qui m’ont attiré et fait aimer la Mauritanie et partant, la culture et l’art mauritaniens » nous confie l’artiste. Aux premiers moments, c’était l’école, le lycée des jeunes filles de Nouakchott. Mais l’intégration n’était pas des meilleures. « Quand je suis venue en Mauritanie en 1997, j’étais élève au lycée des jeunes filles. Il n’y avait pas d’activités sinon ce n’est que l’école et la maison » expliquait-elle toute souriante. Mais le métier d’artiste a toujours été son choix depuis son pays natal. « Au Maroc, je faisais le théâtre et le chant » indiquait-elle. C’est là où l’histoire de l’artiste a commencé avant de trouver son sens et sa plénitude en Mauritanie au milieu d’artistes mauritaniens plasticiens.
Amal, la maison des artistes et la Mauritanie
La rencontre avec les artistes mauritaniens, selon Amal, a Ă©tĂ© un fait du hasard. « Un jour, alors que je me promenais, j’ai dĂ©couvert la maison des artistes avec ma sĹ“ur qui aussi Ă©tait artiste peintre » rĂ©vĂ©lait-elle. «De lĂ , j’ai commencĂ© Ă connaĂ®tre le milieu des artistes et la Mauritanie, Ă m’y intĂ©resser et Ă m’exprimer Ă travers les toiles parce qu’étant Ă©trangère dans ce pays, on n’arrive pas Ă s’exprimer et Ă Ă©changer des idĂ©es » renchĂ©rit-elle. Le milieu artistique a servi de cadre d’échange et de deuxième famille Ă Amal. «J’ai grandi au milieu des artistes comme Abass, Maurice, Mamadou Anne, Sidi Yahya, AĂŻcha, Amy Sow. C’était vraiment ma famille » dĂ©clarait-t-elle avec enthousiasme avant de poursuivre : «J’ai fait ma carrière avec tout ce monde et j’ai continuĂ© Ă ĂŞtre artiste plasticienne. J’ai commencĂ© Ă exposer des Ĺ“uvres d’art lors des expositions collectives et individuelles Ă©galement». La maison des artistes plasticiens de Mauritanie a Ă©tĂ© le terrain de prĂ©dilection pour le parcours artistique de la marocaine. Le professionnalisme aidant, Amal s’est imposĂ©e au milieu des artistes par sa façon de faire, par sa mĂ©thode de travail et par son sens des relations humaines, en un mot par son humanisme. «J’ai commencĂ© l’art en Mauritanie, de façon professionnelle en 2004 quand j’ai commencĂ© Ă exposer Ă l’hĂ´tel Mercure, Ă l’Union EuropĂ©enne, Ă la Maison des artistes et un peu partout Ă Nouakchott. J’ai envoyĂ© aussi des Ĺ“uvres d’art Ă Boston, en Espagne et au Maroc lors d’expositions collectives » disait-elle. PrĂ©sentement, l’artiste s’intĂ©resse aux enfants de la rue. Un phĂ©nomène social qui a gagnĂ© de l’ampleur en Mauritanie avec la problĂ©matique « Al moudo » dont la cĂ©lèbre artiste mauritanienne, ThiĂ©del Mbaye en a fait un rĂ©pertoire pour son dernier album. Du 15 au 31 mars en cours au Centre Culturel Marocain (CCM), l’artiste fait une exposition sur le thème « les enfants de la rue » en collaboration avec l’institut Marième Diallo qui s’occupe de l’orphelinat des enfants. Au dĂ©but, c’était une idĂ©e toute simple nĂ©e Ă partir d’un constat. «Un jour, alors que je me promenais avec mes amis, j’ai vu un enfant assis sous un arbre. Ça ma choquĂ©, ça m’a travaillĂ© et c’est restĂ© dans ma tĂŞte » nous confit l’artiste. Elle en a fait un dĂ©bat avec des amis, puis de questionnement en questionnement, l’artiste a dĂ©cidĂ© de se confier Ă son manager, Camara Mamady, notre confrère qu’on ne prĂ©sente plus Ă personne. Ce dernier lui conseille de s’approcher de l’institut Marième Diallo qui s’occupe des enfants orphelins ou abandonnĂ©s.
50% des recettes à l’orphelinat Marième Diallo
L’artiste veut «faire quelque chose pour les enfants qui vivent dans la rue » par la magie de son pinceau. «Je sais qu’il y a des gens qui travaillent sur ce sujet, mais moi Amal Dria avec mon pinceau j’ai voulu contribuer à cette œuvre de bienfaisance ». Alors «j’ai exposé mon problème à la présidente et on a décidé, moi et mon manager après avoir soumis notre proposition, que je fasse une exposition, une vente aux enchères au profit de l’orphelinat. C’est-à -dire que je dois donner 50% des recettes à l’orphelinat Marième Diallo » explique-t-elle, le visage attristé par le sort réservé aux enfants de la rue. Bien que les ventes aux enchères ne soient pas une spécialité mauritanienne parce que «les Mauritaniens ne sont pas habitués à ce genre de vente, l’exposition continue au CCM en terme normal» au profit de l’orphelinat. Cependant, Amal Dria, professeur d’art de son état, veut continuer à travailler sur l’orphelinat des enfants et à leur profit. «J’envisage d’organiser des ateliers d’art plastique avec les enfants » a-t-elle promis. Notre artiste a aussi des ambitions au niveau de la sous région ouest africaine. « Je m’intéresse également à la sous région ouest africaine parce que j’ai déjà exposé à Saint-Louis lors du festival de Jazz. Une exposition collective avec les artistes mauritaniens. D’ailleurs, je cherche des contacts pour savoir ce qui se passe de l’autre côté de nos voisins. Mon manager travaille sur ce projet au niveau de la sous région. Je voudrai un échange culturel entre les artistes plasticiens de la sous région parce qu’il n’y a pas une différence entre un mauritanien, un marocain, un indien, un sénégalais etc. La culture n’a pas de frontière, elle est juste une passerelle entre les peuples», souligne Amal Dria Ibou Badiane
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