Cheikh Ould Maouloud, président de l’Asc Nasr :«… il faut des clubs forts pour avoir une équipe nationale forte et compétitive…»   
20/06/2006


Cheikh Ould Maouloud est un dirigeant de football qui ne ménage aucun effort pour la réussite de cette discipline dans notre pays. Dans cette interview, à l’issue de la finale remportée par son club pour la première fois, le 19 mai 2006, il parle du succès de son club, de sa vision en tant que sportif et de l’utilité que les mauritaniens pourraient tirer du sport de manière générale. Entretien.



Tahalil Hebdo : Quelles sont vos impressions, à l’issue de cette prestigieuse victoire de votre équipe en coupe du président ?
Cheikh Ould Maouloud: Je suis très satisfait de la prestation de mon équipe cette année. Vous savez, nous avons trébuché à la dernière journée et loupé le championnat. Et là, je crois que c’était le catalyseur qu’il fallait pour remporter la coupe. Nous avons fait un parcours sans faute en coupe. Nous avons joué 5 matchs, et avons gagné toutes les rencontres. Les garçons étaient vraiment déterminés à arracher le trophée. Notre objectif était de faire le doublé.
Malheureusement, nous avons dominé le championnat jusqu’à la dernière journée, par simple calcul arithmétique, nous avons perdu le titre de champion. Donc, il fallait coûte que coûte compenser ce manque à gagner par le trophée du président. Et c’est ce que les gosses ont compris, et ont fait. Une fois encore, je suis très satisfait.
T.H. : Votre équipe a joué contre le Fc Trarza, une équipe de Rosso que tout le monde dit avoir été formée avec votre complicité en tant que rossossois. Que répondez-vous à ces gens-là ?
C.O.M.: Effectivement, c’est mon équipe parce que l’année dernière j’étais le président. Cette année, je suis à l’origine de la coordination parce que j’ai refusé d’engager mon équipe de l’année dernière au profit de la sélection régionale. Les gens m’ont rejoint dans l’idée que l’équipe de Rosso doit être une équipe régionale et non une équipe de quartier. Donc, je suis de la coordination, et je suis aussi le trésorier général. Et j’avoue que je suis très satisfait de ce côté-là, parce que le premier objectif c’était de hisser Rosso dans le premier niveau. On ne pensait pas y arriver. Donc, être finaliste de la coupe du président, c’est extraordinaire.
T.H. : Rosso évoluera en première division la saison prochaine, tout comme Asc Nasr également. Donc deux équipes qui vous sont chères. Cela ne risque-t-il pas d’être un lourd fardeau?
C.O.M.: C’est vrai. Mais ça c’est une question qui peut être réglée le 27 mai (l’interview a été réalisée le 19 mai ndlr), parce que le mandat du bureau désigné pour diriger l’équipe de Rosso se termine à la fin de la saison. Et nous devons rendre le bilan le 27 mai. De toute façon, la décision finale va revenir aux Rossossois avec la supervision de la ligue de Rosso pour monter un nouveau bureau qui aura un mandant plus long et qui va mener Rosso à des échéances beaucoup plus importantes. Nous, nous constituons un bureau provisoire pour accompagner le club. Maintenant, on va demander aux populations locales, de diriger leur équipe à partir de Rosso et nous serons derrière comme d’habitude en tant que cadres avec notre contribution en matérielle, en conseils. Et ça, ça a été toujours mon objectif. Nous à Nasr, c’est ce qu’on essaie de faire pour qu’il y ait un engouement des autres. Il faut qu’il y ait des sacrifices. C’est comme ça qu’on peut gagner le cœur des sponsors, de l’Etat pour être présent sur le plan international, au même niveau que les autres pays de la sous région ou du continent. Et sans cette volonté, on ne peut pas avoir une équipe nationale forte. Il faut des clubs forts pour avoir une équipe nationale forte et compétitive.
T.H. : Avoir des clubs forts pour ensuite constituer une équipe nationale forte: on vient de faire le premier pas, c’est-à-dire nommer un entraîneur national en la personne de Moustapha dit Petit Sall. Qu’est-ce que vous en pensez ?
C.O.M.: C’est extraordinaire. Je sais qu’il y a d’autres entraîneurs anciens qui ont de l’expérience. Mais il faut du dynamisme quelque part. Et je trouve en cet entraîneur, ce dynamisme qu’il a prouvé en tant que joueur d’abord et en tant qu’entraîneur ensuite. Il faut donner la chance aux jeunes. Je ne suis pas pessimiste comme certains le sont. En tant que dirigeants de clubs, nous nous sommes engagés à l’aider dans cette mission. Faisons lui confiance, il sélectionnera tout joueur jugé apte à jouer dans cette équipe nationale. On considère qu’il est le mieux placé pour détecter les talents, pour avoir été joueur d’abord avant de devenir entraîneur. Notre devoir en tant que dirigeants de clubs, c’est de l’épauler.
T.H.: Revenons à l’évènement de la finale. Nous avons vu une délégation de supporters de l’Asc Stade de Pikine venue prêter main forte à ses homologues de l’Asc Nasr. Quelles sont leurs affinités?
C.O.M.: Les raisons sont simples : il y a un jumelage entre cette Asc et la nôtre qui s’est fait, il y a deux ans de cela. Nous les avons envoyé une invitation pour venir vivre l’évènement de la finale avec nous. Parce que nous pensons que nous ne pouvions pas faire une fête sans nos jumeaux de Saint-louis. C’est également une chose qui est entrée maintenant dans nos comportements sportifs de les associer à nos manifestations. C’est la fraternité et l’amitié sous régionales. Et puis, il n’y a pas mieux que l’Asc Stade de Pikine pour supporter Nasr parce qu’ils le font avec le cœur. Vous les avez vus dans le stade, avant, pendant et après la finale, ils sont venus à la maison manifester leur joie de concert avec les supporters de Nasr. De la même façon que nous aussi à l’occasion de leur finale zonale de l’année dernière, nous avions envoyé une délégation de supporters pour se solidariser avec leurs supporters, avec des banderoles de Nasr. Et leur présence aujourd’hui, c’est juste une réponse à un appel fraternel.
T.H. : Le sport en Mauritanie a toujours souffert de sponsors. Et comme on dit, il n’y a pas de grand évènement sans grand sponsor
C.O.M.: En fait, le sponsoring en Mauritanie, c’est un problème de communication. Certains sponsors ou responsables de sociétés qui ont compris, commencent à mettre la main à la poche. Pour les autres qui n’ont pas encore senti l’affaire, ça viendra avec le temps et avec la communication. C’est juste une difficulté de compréhension, mais aussi de vision prospective. Si les sponsors mauritaniens comprennent qu’il y a un grand enjeu, que ce qu’ils cherchent ils peuvent le trouver dans le sport facilement en travaillant avec les associations sportives, ils viendront vers nous.
Propos recueillis par I. Badiane


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