Grands domaines de Mauritanie : Sauver les petits producteurs !   
22/05/2006

Le problème lié aux écoulements des produits maraîchers des grands domaines de Mauritanie (GDM) n’est pas encore résolu. Cette semaine encore, les petits producteurs continuent de crier leur colère face à l’abus que les GDM font de l’octroi de «points francs» par l’état mauritanien.



La culture maraĂ®chère couvre pendant 4 mois les besoins alimentaires de notre pays. Il y a une dizaine d’annĂ©es que cette diversification de la culture est intervenue dans l’agriculture mauritanienne. À l’époque, les organismes publics et privĂ©s agricoles se sont rendus compte que «la seule culture du riz n’était plus suffisante pour garantir la sĂ©curitĂ© alimentaire». Ainsi, l’agriculture diversifiĂ©e est apparue comme une roue de secours logique.
Alors, on a amĂ©nagĂ© Ă  cet effet 40 000 hectares, et investi plus de 14 milliards d’ouguiyas en dix ans pour ce projet Ă  travers l’Organisation de la Mise en Valeur du fleuve SĂ©nĂ©gal (OMVS). Parallèlement Ă  cette mise en place d’une culture de produits de contre-saison engagĂ©e par les autoritĂ©s pour les agriculteurs mauritaniens, la compagnie fruitière de Marseille s’est installĂ©e en Mauritanie en 2001. À travers les GDM, elle investira la zone de Thiambène près de Rosso, oĂą 190 hectares lui seront octroyĂ©s pour la culture de fruits et de lĂ©gumes.
Face à ce géant de l’agriculture (La compagnie marseillaise produit annuellement 700 000t de fruits et légumes dans le monde), les petits producteurs mauritaniens auraient pu craindre pour la pérennité de leur activité. Mais l’état a mis en place un garde fou essentiel: les GDM ne doivent pas écouler leur production agricole sur le marché local mauritanien. En contrepartie, les GDM bénéficient de «points francs » qui les exonèrent de toute taxe douanière sur les importations de matériel agricole, et de certains impôts sur les entreprises, notamment celui qui touche au chiffre d’affaires.
Pendant cinq ans, les GDM respecteront cette clause du contrat qui tient lieu de barrière de protection contre une concurrence inégale face aux petits producteurs. Jusqu’il y a 4 mois, cette clause avait été toujours respectée selon les petits producteurs de la région de Rosso. A la fin du mois de Janvier, date à laquelle, les petits producteurs s’en sont rendus compte, les GDM ont commencé à vendre les fruits et légumes sur les marchés locaux. Et ce, sans que les points francs ne soient levés!
Une vente qui concerne essentiellement les bananes, les melons, et les pastèques. Des fruits qui, désormais inondent les étals du Marché «Socim» et ceux jouxtant la Mosquée marocaine de Nouakchott.
Cette réorientation des produits des GDM découlerait de la hausse des taxes douanières sénégalaises où une bonne partie (15 à 20 %) de la production était écoulée. Les prix de la GDM sont bas selon les propos des plaignants. «En nous alignant sur ces prix, nous risquons d’être étouffés.» se défend un agriculteur rossossois
Le problème concernerait aussi la douane, qui affirme-t-on, chez les producteurs nationaux, «ne fait pas son travail de surveillance, consistant à évaluer l’exportation effective de la totalité de la production agricole des GDM.»
Or, force est de constater que la vente des produits des GDM sur le marché mauritanien provient en grande partie du manque de «scrupules»d’un échelon au moins des douanes.
Dans cette situation, il semble de tout évidence, «impératif de revenir à la clause préservant les intérêts des petits producteurs» fait remarquer l’un des leurs. Le risque étant que les producteurs mauritaniens abandonnent les 40 000 ha aménagés depuis plus de dix ans. Sans quoi, tous les efforts fournis pour une auto suffisance alimentaire auront été vains…
Les petits producteurs sont mobilisés, notamment en menaçant de s’en prendre directement aux camions des GDM. Les autorités publiques n’ont toujours pas réagi…Ni les douanes, encore moins les GDM qui n’ont pas souhaité répondre à nos questions…

Par Mamoudou Lamine Kane
mamoudoukane@hotmail.com


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