Quid du morbide?   
22/05/2006

L’information en Mauritanie, n’est ramenée qu’au niveau le plus sordide des faits divers. En écrivant l’article le plus fouillé et le plus illustré, on peut en espérer qu’il circule au meilleur des cas, dans les conversations de salons, quelques jours, et encore si le sujet est polémiste…
En ce moment par exemple, la seule question à laquelle tous les journaux sont tenus de répondre est: «qui est x ould y?» Honnêtement, il me semble que le pays a d’autres chats à fouetter, d’autres domaines de sa politique, de sa société, de sa culture à redécouvrir, à exposer. Surtout en ce moment. Ce n’est pas le cas !



A Combien de débats publics réfléchis, le public a t-il eu droit ? Combien d’articles de presse sur le projet de Constitution, essentiel pour l’avenir de la Mauritanie, les médias nous ont-ils gratifiés? Zéro pointé !!!
Ç a en dit long sur les capacitĂ©s rĂ©elles du pays Ă  se concevoir comme une dĂ©mocratie. Au fait, cela exige les efforts de toutes les parties de la sociĂ©tĂ©!
Le constat est alarmant! Les gens veulent du saignant, du morbide, de quoi faire parler dans des cercles restreints et douillets, le temps de siroter son «ataya».
En ce moment, une trop grande partie du pays est suspendue à la question de l’identité d’un individu qui ne changera sûrement pas le destin du pays! Dans le même sens d’une quête de scandale, des personnes m’interpellaient sur le bébé informe mort-né récemment. «Comment ça? Votre journal n’en a pas parlé? Mais vous n’êtes pas un vrai journal!». On m’apostrophe aussi, sur le manque de scandales dans ledit canard.
En définitive, les articles de fond passent inaperçus. Apparemment, pour bien vendre un journal, il faut l’alimenter soit politiquement, quasi totalement (c’est l’argument pour faire leur beurre), soit en faire un torchon de faits sordides. Un état de fait qui conduit le journaliste à oblitérer l’information véridique, l’analyse entre les lignes, et la conscientisation démocratique des esprits.
Le chemin s’avère long et rude, pour y arriver; mais de plus en plus de journalistes conçoivent l’essentiel de la tâche qu’ils doivent accomplir: décrire les réalités mauritaniennes, et sensibiliser l’opinion à celles-ci…


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