Le taux de change : La BCM ménage le chou et la chèvre   
08/05/2006

Le manque de monnaie depuis un an et demi, coïncide avec la politique monétaire du nouveau gouverneur de la Banque Centrale Mauritanienne, Zein Ould Zeidane, visant à stabiliser le taux de change de l’ouguiya, ce qui, a priori est favorable au dynamisme de l’économie…



Le manque de monnaie depuis un an et demi, coïncide avec la politique monétaire du nouveau gouverneur de la Banque Centrale Mauritanienne, Zein Ould Zeidane, visant à stabiliser le taux de change de l’ouguiya, ce qui, a priori est favorable au dynamisme de l’économie…
" Les mécanismes monétaires sont simples et cruels": si il y a un excès de moyens de paiement (avoirs à vue, plus de billets de banque en circulation) qui nuit au taux de change, donc à l’équilibre de la balance commerciale, il faut résorber ce trop-plein d’argent. Dans ce cas, on limite le volume des moyens de paiement, soit en réduisant les billets en circulation, soit en accord avec les banques, en limitant les avoirs à vue, en les réorientant vers le Trésor principalement. La Banque Centrale de Mauritanie (BCM) a opté pour une politique de promotion des bons du Trésor qui consiste à orienter les avoirs à vue vers le trésor public. Les ménages et les opérateurs économiques privés, sont les premiers à ressentir ce manque de liquidités, entraînant un ralentissement de l’activité économique.
En fait, le niveau excessif de la masse monétaire obéit aux orientations politiques de l’Etat selon les priorités à respecter par la BCM: stabilité du taux de change, équilibre de la balance de paiement, stabilité des prix intérieurs, promotion de certains secteurs économiques.
Depuis un an et demi, les autorités monétaires de notre pays semblent privilégier la politique de stabilité du taux de change en compressant le volume des moyens de paiement à rendre disponible au public. Pour ce faire, il y a eu une incitation au Trésor Public à absorber les excédents de liquidités des banques par l’émission de bons du trésor. C’est ainsi que le volume des bons du trésor a atteint un niveau jamais égalé depuis un an.
L’Etat y trouve son compte car sa trésorerie est structurellement déficitaire pour le moment. Qu’en sera-t-il lorsqu’elle commencera à être excédentaire, soit du fait de la manne pétrolière, soit d’une meilleure politique de recouvrement des Impôts et des taxes douanières? Comment les devises étrangères générées par les exportations mauritaniennes viendraient-elles peser sur la balance des paiements si une partie importante de celles-ci vont dans la poche de quelques hauts responsables?
De même, les banques y trouvent aussi leur compte, car elles sont sûres d’être remboursées à moyen ou long terme. Les perspectives financières de l’Etat sont très optimistes avec les ressources pétrolières. Les banques semblent jouer le jeu de la Banque Centrale et de l’Etat pour la compression de la masse monétaire, en dépit du fait que les taux moyens des ménages et secteurs privés sont de 25%. Ce comportement a priori contradictoire des banques, découle en réalité, d’un manque de confiance envers les opérateurs privés dont les ménages, à cause du manque de garanties suffisantes aux yeux des banques.
L’inconvénient de cette politique est le ralentissement de l’activité économique dans son ensemble. Les plus vulnérables à cette récession sont les salariés des "petits boulots". D’où le risque accru de paupérisation d’une frange importante de la population.
A l’opposé, l’avantage tient à la stabilisation du taux de change, qui est effectif en ce moment, mais il devrait être accompagné par une stabilité des prix. Ce qui n’est pas le cas. En effet, la hausse récente des prix de certains produits de première nécessité (sucre, lait en poudre, huile) semble contredire la pertinence de cette option. Seule la dernière hausse des prix du carburant prenant en compte le contexte international, et indépendante des aléas de la liberté de fixation des prix, semble justifiée.
En d’autres termes, peut-on redynamiser l’économie mauritanienne en coupant celle-ci de la consommation des opérateurs privés (ménages et entreprises) nécessaires à son développement?


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