MĂ©moires (suite): Diplomatie et desert   
27/12/2008

La Réunion d’Addis Abeba s’est tenue, le communiqué stipule au point 3:«Le Conseil prend acte de la remise en liberté du Président Sidi Ould Cheikh Abdellahi et considère que ce développement répond partiellement aux exigences de la communauté internationale, mais ne constitue pas un élément suffisant pour le retour à l’ordre constitutionnel.»(fin de citation).



M. Louis Michel a Ă©tĂ© on ne peut plus clair, comme d’habitude ; le Porte Parole de l’ElysĂ©e s’est exprimĂ© pour bien affirmer que la libĂ©ration du PrĂ©sident de la RĂ©publique, exigĂ©e par la CommunautĂ© Internationale, nĂ©cessite  encore «d’autres mesures» pour que l’Ordre Constitutionnel soit rĂ©tabli. C’est ce que j’ai appelĂ© le COROLLAIRE dans mon dernier article du Dimanche 21 dĂ©cembre dans le quotidien «BILADI».
 Et le DĂ©partement d’Etat AmĂ©ricain a Ă©galement rĂ©affirmĂ© une fois de plus, et pour Ă©viter toute Ă©quivoque, la position des Etats Unis ; la Russie, elle aussi, entre autres Pays, a saluĂ© la LibĂ©ration du PrĂ©sident de la RĂ©publique qui est bien COMPRISE par tous, non pas  comme un «geste» isolĂ©  mais comme  une première Ă©tape vers la  SOLUTION.
 
Il est donc extrĂŞmement surprenant d’assister, parallèlement Ă  cette Ă©volution  sur le plan diplomatique, Ă  la «frĂ©nĂ©sie» actuelle pour tenir  soi-disant des «Etats GĂ©nĂ©raux», après de soi-disant «manifestations» Ă  l’intĂ©rieur du Pays pour «protester contre la libĂ©ration du PrĂ©sident de la RĂ©publique et demander sa comparution devant les Juridictions» !
Et on se demande alors, qui cherche-t-on à «berner» ! Pas M. Louis Michel j’espère !
 
Mais peut-être que les Etats Unis d’Amérique, le Nigéria ou l’Algérie vont changer de position quand « les Etats Généraux » auront publié leur document final ou que les habitants de Kankossa, de Tidikja ou de Kobenni auront manifesté «spontanément» pour qu’un «vieux Monsieur» soit de nouveau privé de liberté. Ce n’est pas croyable !
 
Et en attendant tout est «arrêté» dans le Pays. Et après cinq mois certains «effets» commencent à «se faire sentir». Le Pays est dans un coma de plus en plus profond.
 
Bien sĂ»r, comme le Pays est «riche et auto suffisant», on peut se passer aisĂ©ment  de la coopĂ©ration Internationale. Et les AutoritĂ©s Auto ProclamĂ©s peuvent ainsi donner la PRIORITE aux manifestations de soutien et aux Etats GĂ©nĂ©raux.
Après tout, la Transition de 2005 a Ă©tĂ© «mal faite» et «infructueuse, comme l’aurait Ă©tĂ© un MarchĂ© : on s’était trompĂ© de cheval. Il faut donc rĂ©itĂ©rer les journĂ©es de concertation et bien faire son choix cette fois. On se demande si notre  Chef auto proclamĂ© n’est pas en train de nous «gouverner» Ă  partir d’une autre planète que la Planète-Terre, et aussi en partant d’une «autre  Ă©valuation» de la situation rĂ©elle du Pays !
 
Depuis quelques jours, une certaine opinion s’inquiète, après la publication d’une interview d’un Ambassadeur de Pays ami. Et  RFI a donnĂ© une information relative Ă  trois Chancelleries EuropĂ©ennes qui  prĂ´neraient, pour l’Opposition au 6 AoĂ»t, la participation Ă  la «Concertation». C’est effectivement dĂ©routant, parce que cette «position», si c’était le cas, ne coĂŻnciderait pas tout Ă  fait avec la position de la CommunautĂ© Internationale et surtout celles qui ont Ă©tĂ©  exprimĂ©es par MM. Louis Michel et Bernard Kouchner tout rĂ©cemment, au sujet de cette  fameuse Concertation. C’est pour cela que dans un souci de clartĂ©, il est utile de prĂ©ciser certaines choses pour que l’opinion ne soit pas dĂ©sorientĂ©e par ce jeu des nuances insaisissables.
La Politique et surtout la Diplomatie, dit-on, est l’art du compromis, du dialogue et de la recherche du consensus etc. … C’est aussi le bannissement de l’extrĂ©misme, du maximalisme, de la  rigiditĂ© et des positions figĂ©es. Mais c’est aussi la rĂ©serve, la biensĂ©ance, la dĂ©licatesse, la bonne Ă©ducation : toute une Culture.
Or dans le cas de notre situation, où est l’enjeu du Débat et du Dialogue pour aboutir à un compromis et quel compromis ?
 Quelle preuve, le Chef autoProclamĂ©, a-t-il donnĂ©e Ă  la communautĂ© Internationale de sa prĂ©disposition au dialogue et au compromis ? La manière dont le 6 AoĂ»t s’est «rĂ©glé» ne constitue pas bon augure dans ce domaine. D’ailleurs le dernier CommuniquĂ© d’Addis Abeba  en date du 23 DĂ©cembre 2008 dit ceci, en son point 5 :
 
Le Conseil «se déclare préoccupé par le manque de volonté politique et par l’obstination des autorités issues du coup d’Etat à se maintenir au pouvoir en dépit des efforts déployés à ce jour en vue de faciliter le retour à l’ordre constitutionnel en Mauritanie ; » (fin de citation)
    
On parle du 6 Août comme d’un coup d’Etat. Mais est-ce vraiment un coup d’Etat ? Certains esprits mal intentionnés le qualifient plutôt de Hold up ou de Razzia. Peu importe ! Il n’y a pas dans la situation qui s’est créée, matières à négocier. Parce que le principe et l’avenir du pays ne sont pas négociables : Plus de coup d’Etat en Afrique ; et ce pays n’a pas d’avenir viable en dehors de l’enracinement d’une démocratie véritable et non d’une démocratie « octroyée » par un homme, fût-il Maréchal.
Personne n’ignore l’objet de cette Concertation. Et avancer l’idĂ©e de la participation de quiconque opposĂ© au 6 AoĂ»t, n’est pas convenable et ressemble au «piège des manipulations» pour  consacrer le fait accompli.
Au stade de développement de la situation, les manœuvres et initiatives dans ce sens, ne sont plus d’actualité. Beaucoup de choses se sont clarifiées et beaucoup d’ambiguïtés ont été démêlées.
Cela amène à dire que l’opinion ne devrait pas se laisser «déstabiliser» par les positions ou déclarations de certaines Chancelleries à Nouakchott.
 
En effet, un Ambassadeur de Grand Pays sait ce qu’il dit et ce qu’il fait. Il faut lui faire la confiance que lui accorde son pays. Et il faut surtout s’assurer de bien comprendre ce qu’il dit et surtout ce  qu’il ne dit pas. Cela  Ă©vitera de se «creuser les mĂ©ninges» Ă  chercher des contingences ou motivations particulières.
Il est certain qu’en dehors des positions de principe de l’Union Européenne telles qu’exprimées par M. Louis Michel, par exemple, un Pays peut avoir ses contingences et ses urgences par rapport à ses intérêts dans des domaines spécifiques. Chacun se doit de comprendre : Les Autorités du moment peuvent prendre des décisions inconsidérées qui portent atteinte à des intérêts ponctuels d’un Etat ou d’une personne ! La situation des diplomates peut être parfois inconfortables. Mais aussi, comme dit Feu le Chancelier Adenauer : «Les hommes sont ce qu’ils sont, et il n’y en a pas d’autres » : Un homme peut toujours être influencé par son entourage, son background, son itinéraire ou son passé. Il peut être aussi être influencé par « es relations» dans son Pays d’accréditation. Mais les Ambassadeurs des Grands Pays sont immunisés contre ce genre d’influences. Il y a une différence entre un Grand Pays et un Pays en développement.
 
Mais une idĂ©e en amène une autre. Il est peut-ĂŞtre utile «d’élaguer» pour avoir une vision claire des donnĂ©es de la situation aujourd’hui. Finalement tout se ramène Ă  un objectif UNIQUE : la CONSECRATION du 6 aoĂ»t c’est-Ă -dire une vacance du pouvoir donc une transition nouvelle et des  ELECTIONS PrĂ©sidentielles. Et quand le PrĂ©sident DĂ©mocratiquement Ă©lu ne «se prĂŞte pas au jeu», c’est le « blocage » qui dĂ©fie toute Diplomatie, si habile soit-elle. Quand un problème est aussi simple dans ses donnĂ©es de bases, il est très difficile aux uns et aux autres de se «rouler dans la farine».  
 
Les « Ni- Nistes » (ni Sidi ni les militaires) nous  suggèrent  peut-ĂŞtre une solution acceptable par le chef autoproclamĂ©, pour lequel tout est «jouable  sauf le retour de Sidi. »
Essayons de raisonner en dehors de ce qui vient d’être développé et prenons « un cas d’école » que ni Sidi, ni l’opposition d’aujourd’hui (pas celle d’avant le 6 Août) ni la communauté internationale ne sont susceptibles d’envisager.
-Sidi décide de « jeter l’éponge »
-La course est ouverte : Le chef autoproclamĂ© se retirera très probablement pour beaucoup de raisons. Peu importe ! Il ne doit rien y avoir contre lui, sauf que sa gestion de ces 5 derniers mois ne pousse pas Ă  un optimisme dĂ©bordant. Mais qu’elle ne sera peut-ĂŞtre pas pire que celles d’autres Candidats Ă©ventuels qu’on a dĂ©jĂ  «expĂ©rimentĂ©s» d’une autre manière.  Bref, ne devançons pas les Ă©vĂ©nements !  Nous avons donc en course :
-Le Chef autoproclamé
-Le Candidat Eternel
-Le candidat à l’ombre
-et ceux qui ne se sont pas encore manifestés. Donc méconnus.
 
Pour le pays est-il préférable de revenir à l’ordre constitutionnel et préparer une alternance apaisée dans un climat serein ou faire le saut dans l’inconnu ! C’est à méditer.


Mohamed Abdellah Kharchi
 


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