Le Pays vit une très grave situation. Et certains acteurs donnent l’impression de « jouer» avec le temps sans tenir compte, semble-t-il, de ce que la durée implique pour le simple citoyen. On se comporte comme s’il y avait une grande difficulté à trouver une solution ou à prendre la décision qui s’impose.
On provoque les initiatives. On additionne les «ambiguĂŻtĂ©s» dans les dĂ©clarations des uns et des autres, Etrangers ou Mauritaniens. On dĂ©place le sujet. On crĂ©e des termes Ă l’équation Ă rĂ©soudre et qui est pourtant fort simple, si on prend en compte les diffĂ©rents dĂ©veloppements depuis plus de deux mois que cela dure. Quelles sont les donnĂ©es de l’équation ? Quelles sont la nature et la rĂ©alitĂ© du « diffĂ©rend» qu’on veut ĂŞtre la cause de ce «machin» qu’on appelle crise depuis quelques mois ? «ON» a Ă©lu un PrĂ©sident qu’ «ON» avait choisi, semble-t-il, parmi d’autres «candidats Ă©ventuels et traditionnels», selon un certain nombre de critères et avec un objectif bien prĂ©cis . Il n’est pas nĂ©cessaire, pour le moment, de se prĂ©occuper de ces «critères» ou de cet «objectif». Les Mauritaniens sont suffisament avertis pour ne pas avoir besoin, parfois, qu’on leur «écrive avec des pilons». Mais Ă un moment donnĂ©, ce PrĂ©sident qu’on a «intronisĂ© et conditionnĂ© par un certain environnement» doit libĂ©rer la place avant qu’il ne se crĂ©e une aura personnelle, lui que les Mauritaniens, surtout certaines gĂ©nĂ©rations, ne connaissent pas du tout ! Il fallait donc une VACANCE de POUVOIR pour donner une chance Ă ceux qui, pressĂ©s, avaient besoin de rĂ©cupĂ©rer le Pouvoir pour « convenances personnelles» et aussi ceux auxquels le temps ne permet plus d’attendre la fin du Mandat Constitutionnel. La DĂ©mocratie, son «enracinement» et ses bienfaits Ă l’avenir, perdent visiblement de leur importance face aux impĂ©ratifs qui s’imposent Ă ces Candidats Ă la Candidature. C’est un vĂ©ritable casse-tĂŞte qui fait que certaines initiatives, positions, dĂ©clarations, ces derniers mois, ne manquent pas de vous surprendre et vous dĂ©soler, certaines tout au moins ! Quelqu’un a dit que «l’ambition injustifiĂ©e est un crime» et que dire d’un trop plein d’ambition ? Bref! Le dĂ©roulement du «Mousselssel», depuis les Ă©lections PrĂ©sidentielles, qui est clair comme de l’eau de roche et qui a abouti au 6 AoĂ»t, ne prĂ©sente plus d’intĂ©rĂŞt sauf pour les Historiens ! Le paradoxe c’est la «destitution», après seulement 15 mois, du PrĂ©sident par ceux-lĂ mĂŞmes qui l’ont fait Ă©lire. Et ceux qui le dĂ©fendent sont ceux qui, pour la plupart, ont votĂ© contre lui (exceptĂ© le RFD, on s’en doute !) En fait, l’enjeu aujourd’hui, ce n’est pas la personne du PrĂ©sident ou le reliquat de son Mandat. L’enjeu c’est la survie de la DĂ©mocratie et son ENRACINEMENT. C’est l’explication du paradoxe ! N’en dĂ©plaise Ă ceux qui, pour dĂ©fendre la DĂ©mocratie et «rectifier les dĂ©viations et errements anti-dĂ©mocratiques» du PrĂ©sident, ont encouragĂ© ou mĂŞme appelĂ© Ă l’intervention «des Uniformes» pour rĂ©gler «un machin de crise prĂ©fabriquĂ©e».I l faut croire que ce Pays n’a jamais produit le moindre gramme de «Vergogne». Il n’est aucun besoin de qualifier «l’excès de tact et d’élĂ©gance», avec lesquels un PrĂ©sident dĂ©mocratiquement Ă©lu, avec une transparence internationalement reconnue, a Ă©tĂ© arrĂŞtĂ©, humiliĂ© et jusqu’aujourd’hui privĂ© de libertĂ© et coupĂ© de tout contact avec l’extĂ©rieur. Mais plus incroyable encore, depuis sa privation de libertĂ©, les tentatives de le faire dĂ©missionner pour consacrer ainsi «le fait accompli ». On croit «rĂŞver» ! Comme simple Citoyen, son âge, ses cheveux blancs de Musulman, les services qu’il a rendus Ă ce Pays pendant les «annĂ©es propres» son niveau social ne forcent-ils pas un minimum de respect et de considĂ©ration?L’évaluation que ses sponsors en ont fait, est-elle si «peu concluante» pour justifier un tel traitement ? Mais cette dĂ©mission, si elle Ă©tait obtenue dans ces conditions, quelle valeur aurait-elle du point de vue du Droit? Ne serait-elle pas un acte obtenu sous la contrainte ? Il faut croire que les finesses juridiques ne sont pas Ă l’ordre du jour du dĂ©bat actuel chez nous. Depuis quelques temps, les auteurs directs et indirects du 6 AoĂ»t tentent de « dĂ©naturer» les termes de l’équation Ă rĂ©soudre pour sortir le Pays de l’impasse oĂą ils l’ont sciemment installĂ©. Quels sont les faits ou les donnĂ©es ? -Le 6 AoĂ»t ne peut se prĂ©valoir, aux yeux des Mauritaniens et de la CommunautĂ© Internationale, d’une quelconque justification plausible et dĂ©fendable du point de vue du Droit ou de la Politique ou mĂŞme du simple bon sens. -Les Mauritaniens ont «évolué» depuis AoĂ»t 2005 et «rĂ©sisteront» pour dĂ©fendre la DĂ©mocratie, seule garante d’un avenir viable pour leur Pays. -La position de la CommunautĂ© Internationale, telle qu’elle est dĂ©finie aujourd’hui, n’évoluera certainement pas dans le sens du «compromis» ou de l’acceptation du fait accompli, simplement parce que les «ENJEUX» dĂ©passent dĂ©sormais la faible et petite Mauritanie. C’est un leurre de soi que d’attendre un quelconque «ballon d’oxygène» d’une dĂ©claration ambiguĂ« suscitĂ©e ou d’une initiative «privĂ©e et assaisonnĂ©e». -Le PrĂ©sident ne peut, pour de multiples raisons, dĂ©missionner ou «garantir» qu’il va le faire, dans les conditions oĂą il se trouve et Ă plus forte raison, en Ă©change de sa libĂ©ration. L’espĂ©rer est un autre leurre, parce qu’alors, le 6 AoĂ»t gagnerait son pari ce qui serait l’ENTERREMENT de la dĂ©mocratie et de la stabilitĂ© pour le Pays Ă l’avenir. -Or la DEMISSION est la seule porte pour entrer dans cette vacance de pouvoir visĂ©e et tellement «chĂ©rie» par certains qui croient y trouver leur INTERËT individuel ! C’est la QUADRATURE DU CERCLE !! Et que faire pour sortir le Pays du mauvais pas ? Certains s’ingĂ©nient Ă parler de dialogue, de compromis, de diffĂ©rend Ă rĂ©gler et crĂ©ent ainsi la confusion et l’ambiguĂŻtĂ©. Un compromis doit ĂŞtre le rĂ©sultat d’une NEGOCIATION par rapport Ă un enjeu. Or l’enjeu ici c’est l’avenir du pays qui ne devrait pas ĂŞtre nĂ©gociable, que je sache ! QUE FAIRE ? A mon humble avis et en toute objectivitĂ©, le 6 AoĂ»t et tout ce qui s’ y rattache est une ERREUR. Les valeureux auteurs du 6 AoĂ»t se doivent d’être rĂ©alistes, patriotes et magnanimes et surtout se rappeler que l’erreur est humaine. Nous en commettons tous Ă longueur de journĂ©e et nul n’est infaillible. Et que le rĂŞve malheureusement ne peut pas devenir rĂ©alitĂ©. Par respect pour la Mauritanie, par respect pour les Mauritaniens, par respect pour leur Histoire et leur Culture, par Patriotisme, le PrĂ©sident doit ĂŞtre restaurĂ© dans ses fonctions pour vaquer, sans aucune Contrainte ou Tutelle Ă ses occupations. C’est ce qui est normal et raisonnable et qui Ă©vite au pays beaucoup de «dĂ©sagrĂ©ments» Ă©ventuels. Une fois rĂ©installĂ©, et puisqu’il a Ă©tĂ© Ă©lu de façon transparente, on est obligĂ© de faire confiance Ă sa sagesse et aussi Ă sa MAGNANIMITE (c’est dans notre Culture Ancienne) Il est le symbole de l’Etat et le garant de l’ordre Constitutionnel. Peu importe qui l’a fait Ă©lire ! Peu importe l’évaluation subjective que peuvent en faire les uns et les autres. Pour le moment et pour le Salut de notre DĂ©mocratie, nous devons nous « accrocher» au Droit et Ă la Constitution. Seul le peuple qui l’a Ă©lu, a un droit « d’évaluation». Une fois seul maĂ®tre Ă bord, il lui appartient, et Ă lui seul, de DEMISSIONNER, d’écourter le Mandat que le peuple lui a donnĂ© (peu importe comment, dans la situation oĂą nous sommes), mettre ce Mandat en jeu, ou dĂ©cider de le terminer. Pour un PrĂ©sident Ă©lu, il n’y a ni verdict, ni «évaluation», ni destitution avant la fin du Mandat. Sauf dans les conditions clairement dĂ©finies par le Droit et la CONSTITUTION. Que ALLAH aide ce Pays ! * Mohamed Abdellahi Ould KHARCHI Ambassadeur, Ancien Ministre Consultant International
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