La quadrature du cercle : Par Mohamed Abdelahi Ould Kharchi *   
19/10/2008

Le Pays vit une très grave situation. Et certains acteurs donnent  l’impression de « jouer» avec le temps sans tenir compte,  semble-t-il, de ce que la durĂ©e implique pour le simple citoyen. On se comporte comme s’il y avait une grande difficultĂ© Ă  trouver une solution ou Ă  prendre la dĂ©cision qui s’impose.



On provoque les initiatives. On additionne les «ambiguĂŻtĂ©s»  dans les dĂ©clarations des uns et des autres, Etrangers ou Mauritaniens. On dĂ©place le sujet. On crĂ©e des termes Ă  l’équation Ă  rĂ©soudre et qui est pourtant fort simple, si on prend en compte les diffĂ©rents dĂ©veloppements depuis plus de deux mois que  cela dure.
 Quelles sont les donnĂ©es de l’équation ? Quelles sont la nature et la rĂ©alitĂ© du « diffĂ©rend» qu’on veut ĂŞtre la cause de ce «machin» qu’on appelle crise depuis quelques mois ?
 Â«ON» a Ă©lu un PrĂ©sident qu’ «ON» avait choisi, semble-t-il, parmi d’autres «candidats Ă©ventuels  et traditionnels», selon un certain nombre de critères et avec un objectif bien prĂ©cis . Il n’est pas nĂ©cessaire, pour le moment, de se prĂ©occuper de ces  «critères» ou de cet «objectif». Les Mauritaniens sont suffisament avertis pour ne pas avoir besoin, parfois, qu’on  leur «écrive avec des pilons».
 
 Mais Ă  un moment  donnĂ©, ce PrĂ©sident qu’on a «intronisĂ© et conditionnĂ© par un certain environnement» doit libĂ©rer la place avant qu’il ne se crĂ©e une aura personnelle, lui que les Mauritaniens, surtout certaines gĂ©nĂ©rations, ne connaissent pas du tout ! Il fallait donc une VACANCE de POUVOIR pour donner une chance Ă  ceux qui, pressĂ©s, avaient besoin de rĂ©cupĂ©rer le Pouvoir pour « convenances personnelles» et aussi ceux auxquels le temps ne permet plus d’attendre la fin du Mandat Constitutionnel. La DĂ©mocratie, son «enracinement» et ses bienfaits Ă  l’avenir, perdent visiblement de leur importance face aux impĂ©ratifs qui s’imposent Ă  ces Candidats Ă  la Candidature. C’est un vĂ©ritable casse-tĂŞte qui fait que certaines initiatives, positions, dĂ©clarations, ces derniers mois, ne manquent pas de vous surprendre et vous dĂ©soler,  certaines tout au moins ! Quelqu’un a dit que «l’ambition injustifiĂ©e est un crime» et que dire d’un trop plein d’ambition ?  Bref!
Le dĂ©roulement du «Mousselssel», depuis les Ă©lections PrĂ©sidentielles, qui est clair comme de l’eau de roche et qui a abouti au 6 AoĂ»t, ne prĂ©sente plus d’intĂ©rĂŞt sauf pour les Historiens ! Le paradoxe c’est  la  «destitution», après seulement 15 mois, du PrĂ©sident  par ceux-lĂ  mĂŞmes qui l’ont fait Ă©lire. Et ceux qui le dĂ©fendent sont ceux qui, pour la plupart, ont votĂ© contre lui (exceptĂ© le RFD, on s’en doute !)
 
En fait, l’enjeu aujourd’hui, ce n’est pas la personne du PrĂ©sident ou le reliquat de son Mandat. L’enjeu c’est la survie de la DĂ©mocratie et son ENRACINEMENT. C’est l’explication du paradoxe !  N’en dĂ©plaise Ă  ceux qui, pour dĂ©fendre la DĂ©mocratie et «rectifier les  dĂ©viations et errements  anti-dĂ©mocratiques» du PrĂ©sident,  ont encouragĂ© ou mĂŞme appelĂ© Ă  l’intervention «des Uniformes» pour rĂ©gler «un machin de crise  prĂ©fabriquĂ©e».I l faut croire que ce Pays n’a jamais produit le moindre gramme  de «Vergogne».
    
Il n’est aucun besoin de qualifier «l’excès de tact et d’élĂ©gance», avec lesquels un PrĂ©sident dĂ©mocratiquement Ă©lu, avec une transparence internationalement reconnue, a Ă©tĂ© arrĂŞtĂ©, humiliĂ© et jusqu’aujourd’hui privĂ© de libertĂ© et coupĂ© de tout contact avec l’extĂ©rieur. Mais plus incroyable encore, depuis sa privation de libertĂ©, les tentatives de le faire dĂ©missionner pour  consacrer ainsi «le fait accompli ». On croit «rĂŞver» ! Comme simple Citoyen, son  âge, ses cheveux blancs de Musulman, les services qu’il a rendus Ă  ce Pays pendant les   «annĂ©es propres» son niveau social ne forcent-ils pas un minimum de respect et de considĂ©ration?L’évaluation  que ses sponsors en ont fait, est-elle si «peu concluante» pour justifier un tel traitement ?
Mais cette dĂ©mission, si elle Ă©tait obtenue dans ces conditions, quelle valeur aurait-elle du point de vue du Droit?  Ne serait-elle pas un acte obtenu sous la contrainte ? Il faut croire que les finesses juridiques ne sont pas Ă  l’ordre du jour du dĂ©bat actuel chez nous.
 
Depuis quelques temps, les auteurs directs et indirects du 6 AoĂ»t tentent de « dĂ©naturer» les termes de l’équation Ă  rĂ©soudre pour sortir le Pays de l’impasse oĂą ils l’ont sciemment installĂ©. Quels sont les faits ou les donnĂ©es ? 
 
-Le 6 Août ne peut se prévaloir, aux yeux des Mauritaniens et de la Communauté Internationale, d’une quelconque justification plausible et défendable du point de vue du Droit ou de la Politique ou même du simple bon sens.
 
-Les Mauritaniens ont «évolué» depuis Août 2005 et «résisteront» pour défendre la Démocratie, seule garante d’un avenir viable pour leur Pays.
 
-La position de la Communauté Internationale, telle qu’elle est définie aujourd’hui, n’évoluera certainement pas dans le sens du «compromis» ou de l’acceptation du fait accompli, simplement parce que les «ENJEUX» dépassent désormais la faible et petite Mauritanie. C’est un leurre de soi que d’attendre un quelconque «ballon d’oxygène» d’une déclaration ambiguë suscitée ou d’une initiative «privée et assaisonnée».
 
-Le Président ne peut, pour de multiples raisons, démissionner ou «garantir» qu’il va le faire, dans les conditions où il se trouve et à plus forte raison, en échange de sa libération. L’espérer est un autre leurre, parce qu’alors, le 6 Août gagnerait son pari ce qui serait l’ENTERREMENT de la démocratie et de la stabilité pour le Pays à l’avenir.
 
-Or la  DEMISSION est la seule porte pour entrer dans cette vacance de pouvoir visĂ©e et tellement «chĂ©rie» par certains qui croient y trouver leur INTERËT individuel !
 
 C’est la  QUADRATURE DU CERCLE !! Et que faire pour sortir le Pays du mauvais pas ?
 
Certains s’ingĂ©nient Ă  parler de dialogue, de compromis, de diffĂ©rend Ă  rĂ©gler et crĂ©ent ainsi la confusion et l’ambiguĂŻtĂ©. Un compromis doit ĂŞtre le rĂ©sultat d’une NEGOCIATION par rapport Ă  un enjeu. Or l’enjeu ici c’est l’avenir du pays qui ne devrait pas ĂŞtre nĂ©gociable, que je sache !   QUE FAIRE ?
 
 A mon humble avis et en toute objectivitĂ©, le 6 AoĂ»t et tout ce qui s’ y  rattache est une ERREUR. Les valeureux auteurs du 6 AoĂ»t se doivent d’être rĂ©alistes, patriotes et magnanimes et surtout se rappeler que l’erreur est humaine. Nous en commettons tous Ă  longueur de journĂ©e et nul n’est infaillible. Et que le rĂŞve malheureusement ne peut pas devenir rĂ©alitĂ©.
 
Par respect pour la Mauritanie, par respect pour les Mauritaniens, par respect pour leur Histoire et leur Culture, par Patriotisme, le  PrĂ©sident doit ĂŞtre restaurĂ© dans ses fonctions pour vaquer, sans aucune Contrainte ou Tutelle Ă  ses occupations. C’est ce qui est normal et raisonnable et qui Ă©vite au pays beaucoup de «dĂ©sagrĂ©ments» Ă©ventuels.
Une fois rĂ©installĂ©, et puisqu’il a Ă©tĂ© Ă©lu de façon transparente, on  est obligĂ© de faire confiance Ă  sa sagesse et aussi Ă  sa MAGNANIMITE (c’est dans notre Culture Ancienne) 
Il est le symbole de l’Etat et le garant de l’ordre Constitutionnel. Peu importe qui l’a fait Ă©lire ! Peu importe l’évaluation subjective  que peuvent en faire les uns et les autres. Pour le moment et pour le Salut de notre DĂ©mocratie, nous devons  nous « accrocher» au Droit et Ă  la Constitution. Seul le peuple qui l’a Ă©lu, a un droit « d’évaluation».
Une fois seul maĂ®tre Ă  bord, il lui appartient, et Ă  lui seul, de DEMISSIONNER, d’écourter le Mandat que le peuple lui a donnĂ© (peu importe comment, dans la situation oĂą nous sommes), mettre ce Mandat en jeu, ou dĂ©cider de le terminer. Pour un PrĂ©sident Ă©lu, il n’y a ni verdict, ni «évaluation», ni destitution avant la fin du Mandat. Sauf dans les conditions clairement dĂ©finies par le Droit et la CONSTITUTION. Que ALLAH aide ce Pays !   
 * Mohamed Abdellahi Ould KHARCHI
Ambassadeur, Ancien Ministre
Consultant International


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