L’Estocade venue d’Afrique   
05/09/2008

Aux mêmes moments de cet après-midi du jeudi 4 septembre, deux assemblées se penchaient sur le sort de la Mauritanie, une à Nouakchott, autour de la triste table en fer-à- cheval du Conseil de Ministres et l’autre à Addis Abeba, la capitale abyssine. «Le Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération a présenté une communication relative à la situation internationale», annonçait le communiqué du Conseil des Ministres.



Pendant ce temps, de l’autre côté du continent, l’Organisation des Nations Unies, l’Union Africaine, l’Organisation des Etats Arabes, avec le soutien actif et appuyé de l’Union Européenne et des Etats-Unis, c’est-à-dire la totalité des grands ensembles qui composent ce monde, rappellent «la condamnation par la communauté internationale du coup d’Etat intervenu en Mauritanie et des mesures prises par ses auteurs pour consolider la situation née de ce coup d’État. Ils ont souligné que la communauté internationale exige le retour à l’ordre constitutionnel, représenté par les institutions démocratiquement élues lors des élections législatives et présidentielles organisées respectivement en novembre 2006 et mars 2007 ».
«Le Ministre de l’Intérieur et de la Décentralisation a présenté une communication relative à la situation intérieure» précise énigmatiquement le communiqué des Ministres putschistes.
 Â« Dans l’intervalle, les participants ont demandé instamment à tous les acteurs mauritaniens de s’abstenir de toute action susceptible de compliquer encore davantage la situation et la recherche d’une solution» semble rétorquer la communauté internationale.
 Mais, comme si le temps commence à lui être compté,  la conjuration des putschistes, qui squatte nos institutions, se hâte à distribuer les dividendes. A défaut de projets ou de marchés à passer de gré à gré, pour cause de tarissement de l’aide internationale, on se jette sur les bijoux de famille et on rétribue en nature : l’ANAIR, la SMH, le PAN, l’AMI, Radio Mauritanie, la TVM, en veux-tu ? En  voilà !  Les copains n’ont même pas attendu que la tentative de putsch réussisse pour présenter l’ardoise. Ce serait toujours  ça de gagné, semblent-ils bougonner.
 Le bataillon de parlementaires commence à chanceler. Travaillés qu’ils sont par la déception de ne pas avoir été associés (encore une fois !) à la formation du soit disant gouvernement, ses généraux ne doivent pas non plus être indifférents aux menaces de sanctions qui, de déclarations en communiqués, deviennent de plus en plus précises. La fidélité à un Général limogé vaudrait-elle la peine de se voir empêché de décompresser dans la douceur d’une capitale européenne, de se faire soigner à la Pitié, d’envoyer le fiston en Master ou de faire poser un appareil de contention dentaire à la fifille chez l’orthodontiste à Bruxelles. Sans compter les risques pour les cagnottes qui somnolent  dans les comptes numérotés.
 Les partis de «l’Institution de l’Opposition» naviguent à vue. Ils ne diraient pas non au départ des Généraux mais aimeraient bien que ces derniers tiennent suffisamment longtemps pour imposer une solution de sortie de crise garantissant à leur Chef de file d’être le seul candidat aux élections présidentielles anticipées ! Peut être que cette quatrième candidature serait la bonne.
 En face, il y a le Front National  pour la Défense de la Démocratie. Privé de média nationaux et des moyens de l’Administration, il entretient une mobilisation croissante et exprime, pour la première fois, le refus de la classe politique mauritanienne d’entériner le fait accompli militaire. Ses animateurs sont en passe de redonner ses lettres de noblesse à la politique. La politique n’est pas toujours de composer avec la réalité. Elle est aussi de transformer cette réalité parce que les faits, même s’ils sont parfois têtus, ne sont jamais complètement accomplis.
 Dans cette arène politique, le Général limogé semble un peu perdu. Avait-il seulement prévu que les Mauritaniens résisteraient et que son hold-up sur les Institution que le monde nous avait aidé à monter allait provoquer une telle levée de boucliers ? Il est dépité. Au fond de cette arène, tel le taureau blessé, il crâne.
La réunion d’Adis Abeba est venue lui donner l’estocade.
Mohamed Baba/ France


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