« La communauté internationale condamne le coup d’Etat par principe. C’est normal. Mais cette attitude ne tardera pas à changer ». Ces propos et d’autres allant dans le même sens, sont ressassés à longueur de journée par les laudateurs des putschistes sur les ondes de la Radio et de la Télévision mauritanienne.
Ils sont adressés, comme on peut s’y attendre, exclusivement à la communauté nationale dont l’inquiétude des sanctions qu’encoure le pays grandit tous les jours. Ils sont tenus, comme nos gouvernants militaires nous y ont habitués depuis 1978, « entre nous » ; c’est-à -dire à l’insu des étrangers. Le chef des putschistes lui-même les a tenus sur Al Jazeera, croyant naïvement que les américains et les français ne les entendront pas. Ils sont révélateurs d’un syndrome que nos gouvernants militaires ont développé depuis toujours : la duplicité. Un discours destiné à la consommation intérieure, un autre dirigé vers l’extérieur. Des engagements pris devant la communauté internationale et des promesses contraires faites aux populations… Mais ces propos sont surtout révélateurs du grand mensonge des auteurs du putsch de 2005 au sujet de la restitution du pouvoir aux civils et sur lequel ils ont bâti toute leur stratégie de conservation de ce pouvoir. Qu’on se souvienne bien du film des événements : Lorsque la garde de Ould Taya l’a renversé parce qu’il avait, dit-on, décidé d’une part de remplacer ses chefs et d’autre part d’envoyer ceux-ci guerroyer contre Al Qaïda dans le grand Sahara, la communauté internationale a condamné vigoureusement, l’UA a exclu la Mauritanie de ses rangs et les bailleurs de fonds ont menacé de couper les vivres au pays. Craignant les conséquences désastreuses pour le pays d’une telle situation, le Colonel Ely (qui est un peu un homme d’Etat) prit langue avec les partis politiques et les acteurs nationaux et signa avec eux et l’union européenne la fameuse plate-forme des engagements de la junte d’organiser des élections dans moins de deux ans, de ne pas se présenter, etc. Mais les auteurs, les vrais, du putsch, n’avaient pas l’intention, eux de respecter ces engagements et la rue mauritanienne l’a dit ces jours-là , parce qu’elle connaît bien ses officiers politiciens et surtout les aides de camp de Ould Taya, formés à son école d’opacité et d’attachement maladif au pouvoir : « Ils vont organiser des élections et élire un président fantoche qui restera au pouvoir un ou deux ans et passera la main au Colonel Ely ». C’est ce que répétaient les mauritaniens tous les jours, « entre nous ». Et lorsque le Président Ould Cheikh Abdallahi a été élu, jamais les mauritaniens n’ont cru un seul instant qu’il exerçait réellement le pouvoir-ce qui s’est révélé vrai du reste- et jamais ils n’ont douté qu’un jour il allait se réveiller sur une démission ou une destitution par empêchement sanitaire ou autre du Président qu’ils ont fini par aimer pour sa franchise et pour sa bonhomie frisant la naïveté. Le scénario qui a abouti le 06 août dernier à l’agression tragique contre la démocratie n’est donc pas le fruit du hasard, c’est un travail minutieusement mais maladroitement monté par les « Généraux » Aziz et Ghazouani qui ont embarqué avec eux un autre général «noir» pour les besoins d’impliquer les officiers de la vallée. Mais là où le bas blesse, c’est qu’ils ont cherché par tous les moyens à tromper la communauté internationale en utilisant des Parlementaires (qu’ils ont eux-mêmes fait élire pour les besoins de cause) ; ils ont cherché à discréditer le Président Sidi en le présentant comme un « islamiste » alliés des terroristes ; ils ont attaqué, contre toute décence, l’épouse du chef de l’Etat ; ils ont attaqué tous ceux qui ont tenu tête à leurs plans machiavéliques (M’Baré, Messoud, etc)… Mais tout ces plans se sont toujours fracassés sur la réalité de l’homme que les mauritaniens ont élu en 2007 : démocrate convaincu, moderne frisant la laïcité et hautement attaché au respect des institutions et de son peuple. Les parlementaires, il les a laissé vociférer et sucer les deux généraux jusqu’à l’os, avant de se mettre à les débaucher un à un ; l’Occident, grâce à une communication présidentielle déterminée et centrée sur son image, il a toujours réussi à déjouer les pièges que ses adversaires embusqués ont tendu dans ses palais et chancelleries. Il a même reçu, au cours des derniers jours avant le putsch, l’Ambassadeur d’Israël et laminé les thèses développées sur lui à propos de la question des relations avec Israël et les juifs en général. Eux-mêmes, ils les a poussés à la faute en les limogeant d’un seul coup dans un sursaut d’autorité qui lui vaut la sympathie de tous les mauritaniens dignes et patriotes ! Tout leur échafaudage, les putschistes l’ont construit autour d’un postulat très mauritanien : Les occidentaux sont idiots, ils suffit d’arguer de la défense des institutions, de tenir un discours démocratique et de promettre des élections, , ils vont accepter le putsch et jouer le jeu. C’est ce qu’a fait Ould Taya durant plus de 20ans : avec les programmes de développement d’abord (il prenait l’argent du FMI et de la BM qu’il orientait vers la gabegie et les prébendes et présentait des chiffres faux et des réalisations truquées aux bailleurs) ; puis avec la démocratie (il promulguait une constitution des plus démocratiques, organisait des élections des plus pluralistes et truquait tout pour être élu ou faire élire ses candidats). Et dans le secret de son palais, avec ses aides de camp, son DGSN et ses intellos spécialistes des montages hypocrites, ils se gaussait ainsi : « Les occidentaux, sont idiots. Ils leur suffit des engagements de principe ». C’est le même langage que tiennent aujourd’hui les gouvernants militaires de notre pays, en misant sur une lassitude de la communauté internationale qui condamne le putsch. La dernière, plus belle encore, est qu’ils cherchent maintenant à monter les populations contre la résistance au putsch : « Ils ont appelé la communauté internationale à couper les vivres au peuple mauritanien ». Ca aussi, ils le disent « entre nous ». Que tous les dirigeant du monde libre le sachent : Le sort d’un peuple que certains de ses militaires prennent en otage depuis trente ans est entre leurs mains. Il ne faut pas qu’ils se lassent. Ce coup d’Etat ne doit pas être accepté et ses auteurs doivent partir, coûte que coûte. Ou alors ils auront trois millions de citoyens innocents sur la conscience !
Adama Sow, dit Yaya
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