Courrier de lecteur: Il y a motion de censure et motion de censure   
28/06/2008

La motion de censure est une forme très élaborée d’expression démocratique, un degré élevé d’exercice par les députés de leur responsabilité et du mandat que les électeurs leur ont donné.



Mais elle n’est telle que lorsqu’elle émane du libre arbitre et de la conviction des élus qui l’initient et s’emploient à la faire passer.

La « motion de censure » que quelques députés de Adil se préparent à déposer contre un gouvernement conduit par leur propre président n’est pas une motion de censure « démocratique », car elle est faite sous la dictée d’officiers du CMJD toujours en service, mécontents dit-on que le Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi ne les a pas « consultés » lors de la formation du gouvernement Yahya Ould Mohamed Waghf. C’est ce que dit tout Nouakchott et d’ailleurs certains parmi les députés meneurs de la mutinerie parlementaire et « transististe » (car il y a aussi, avec les députés, des « cadres » créatures de la transition) émargent chaque soir, et parfois dans la journée chez l’un ou l’autre des officiers ou de leurs parents très proches. Au vu et au su de tout le monde.

Une telle motion de censure n’est rien de moins qu’un putsch militaire déguisé en action parlementaire. On ne peut pas nous convaincre du contraire. D’ailleurs les fameux députés de Adil sont les mêmes qui, en 2005, ont sabordé sur ordre du Colonel Ely Ould Mohamed Fall, le PRDS et ont créé le mouvement des indépendants d’Ely. Ils sont aujourd’hui en train de rejouer le même scénario, pour déstabiliser le Président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdallahi et ouvrir la voie à une période de trouble favorable à un retour au pouvoir des militaires ou, au mieux, à une accession d’Ahmed ould Daddah à la tête du pays et bonjour les dégâts.

On ne peut rien espĂ©rer avec une telle classe politique mercenarisĂ©e et conditionnĂ©e pour exĂ©cuter des opĂ©rations de subversion contre des avantages vĂ©naux et des strapontins  donnĂ©s en prĂ©bendes.

Si la mutinerie des  dĂ©putĂ©s et « cadres mercenaires » atteint ses objectifs, la Mauritanie se rĂ©veillera avec une gueule de bois honteuse : Un PrĂ©sident de la RĂ©publique affaibli par une armĂ©e qui a pris goĂ»t Ă  la politique et qui l’exerce avec des mĂ©thodes et des comportements très militaires, une classe politique composĂ©e de mercenaires qui se mobiliseront dès le mois suivant pour n’importe qui d’autre en payera le prix et une population frappĂ©e de plein fouet par la crise et qui voit, impuissante, sa volontĂ© dĂ©tournĂ©e pour des objectifs qui ne sont pas les siens.

Au demeurant, la communauté internationale qui avait salué notre expérience démocratique, révisera à la baisse la haute idée qu’elle avait de notre peuple. Cela n’agrandit personne d’entre nous. Malheureusement.

Il faut que tout le monde se ressaisisse, car ce qui se passe aujourd’hui est un vrai creusement d’une tombe pour notre démocratie, et peut-être même pour la stabilité de notre pays. Car, croyez-vous que les auteurs d’un putsch, même parlementaire, peuvent être totalement à l’abri d’un putsch semblable ?

Dahada Ould Moctar


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