Menace terroriste: PrĂ©sente et actuelle   
04/06/2008

"La menace terroriste, est prĂ©sente  et actuelle",  estime un expert sĂ©curitaire de haut niveau. C’est le principal enseignement,  très partagĂ© du reste,  que l’on peut tirer des informations obtenues Ă  l’issue de la toute dernière enquĂŞte menĂ©e par les services de sĂ©curitĂ©, laquelle,  a permis le dĂ©mantèlement de l’organisation "Ansar Allah, El Mourabitoune vi biladi Chinguitt", le nom officiel du "Tandhim" dirigĂ© par El Khadim Ould Semane (photo).



Mais, ce  dĂ©mantèlement mĂŞme s’il est de nature Ă  dĂ©courager d’éventuels recidivistes, ne doit  pas ĂŞtre perçu comme une victoire dĂ©finitive, souligne d’autres observateurs. «Il faut rester vigilants pour quelques temps encore et disposer d’un système d’alerte et de rĂ©action efficace» note un officier Ă  la retraite. Selon lui, les risques rĂ©currents relèvent  de plusieurs ordres : la  très probable  rĂ©action  d’Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI)  après  l’ affront subi Ă  Nouakchott,  les cellules dormantes chez nous, qui  peuvent ĂŞtre activĂ©es Ă  tout moment par leurs mentors algĂ©riens et enfin le retour de jeunes "Ă©garĂ©s"  des bases de l’AQMI au  nord du Mali et au sud de l’AlgĂ©rie, qui  peut lui aussi, contribuer  Ă  la reconstitution d’une nouvelle organisation.
"Ansar Allah, El Mourabitoune vi biladi Chinguitt" a reçu à la fois le soutien de deux émirs d’AQMI qui semblent avoir tiré les leçons de l’attaque d’Aleg, de laquelle ils n’ont pas été informés au préalable et qu’ils n’ont pas revendiqué.
Moctar Belmoctar et Yahya Abou Amar ont apportĂ© leur appui Ă  l’Emir d’ "Ansar Allah" pour fĂ©dĂ©rer l’ensemble  des cellules en vue d’une meilleure action. Après son arrestation, ce ne sont pas malheureusement  les hommes dĂ©terminĂ©s comme Ould Semane qui manqueront Ă  AQMI, laquelle, pourra  ressusciter une  structure mauritanienne, faire appel au peloton des mauritaniens qui lui ont prĂŞtĂ© allĂ©geance. Des confins du Sahara occidental du Tiris, de l’Adrar ou de l’Inchiri,  AQMI  a dĂ©montrĂ© qu’elle peut opĂ©rer Ă  Nouakchott. Ses inconditionnels, tels  Tiyeb Ould Sidi Aly, Taghi Ould Youssouf,  El Hadj Ould Abdel Kader ou Sall Hassan, pourraient se voir  confier la   restructuration des cellules salafistes jihadistes mauritaniennes.
C’est en septembre 2007 que l’AQMI a donnĂ© son aval Ă  la crĂ©ation de "Ansar Allah, El Mourabitoune vi biladi Chinguitt" qui recrutait principalement parmi les jeunes issus des milieux dĂ©favorisĂ©s. En octobre 2007,  les "Ansar"  signent leur première action armĂ©e Ă  Nouakchott : Le braquage du fourgon de transport  des fonds du Port Autonome de Nouakchott. Le butin de guerre obtenu (55 millions d’UM) a permis de renflouer l’AQMI et «Ansar Allah» qui s’est servie de sa part de butin (10 millions d’UM) pour louer des villas dans les quartiers les plus chics de Nouakchott,  recruter parmi les jeunes et procĂ©der mĂŞme Ă  des opĂ©rations... caritatives au bĂ©nĂ©fice des dĂ©favorisĂ©s.
C’est de l’une de ces villas,  que les Ă©lĂ©ments d’ "Ansar Allah" Ă©taient partis attaquer le 1er fĂ©vrier 2008 la boite de nuit VIP et l’ambassade d’IsraĂ«l et c’est dans l’une d’elles,  que son noyau dirigeant fut  dĂ©busquĂ©  le 7 avril avant qu’il ne livre une fĂ©roce bataille (avec les kalachnikov et les grenades)  aux forces de sĂ©curitĂ©. Une bataille qui   s’est soldĂ©e par la mort d’un officier de police et celle deux salafistes dont "Abou Mouadh" l’artificier d’ "Ansar Allah". C’est dans ses  caches Ă  Tevragh Zeina, qu’ "Ansar Allah" recevait ses hotes dĂ©pĂŞchĂ©s par l’AQMI pour des missions ponctuelles comme le convoyage des armes et des explosifs, l’attaque du fourgon ou l’organisation de l’enlèvement (ratĂ©) un diplomate occidental en poste Ă  Nouakchott. La dernière mission dĂ©pĂŞchĂ©e par AQMI Ă  Nouakchott comprenant Taghi Ould Youssouf et le nigĂ©rien "Abou Doujana" Ă©tait prĂ©sente Ă  Nouakchott le 7 avril. C’est après le dĂ©clenchement de l’accrochage du "Centre Ă©metteur" que ses membres ont levĂ© l’ancre Ă  bord d’une Land Cruiser grise portant de fausses plaques d’immatriculation mauritaniennes. Après avoir rĂ©ussi Ă  briser le blocus sur la villa du "Centre Ă©metteur" et enlevĂ© la voiture de Ould Nana, les jihadistes avaient envisagĂ© la soirĂ©e du 7 avril d’accompagner  la mission d’AQMI qui les a longtemps attendu sur la route d’Akjoujt. Finalement le noyau dur d’ "Ansar Allah" avait prĂ©fĂ©rĂ© rester Ă  Nouakchott. Il y avait  Khadim, Tiyeb Ould Sidi Ali (en cavale),  Maarouv,  Sidi  Ould Sidna  et Moctar Ould Louly, Ă©tant entendu que Moussa Ould Mohamd Ndeye «Oussama» et Ahmed Ould Radhy  «Abou Mouadh», avaient Ă©tĂ©  tuĂ©s au cours de l’accrochage  et leurs corps Ă©taient  restĂ©s, pour le premier, devant la villa encerclĂ©e  et pour le second, non loin de la route de Nouadhibou. Trois jours après l’accrochage (le 10 avril)  Maarouv Ould Habib Ă©tait arrĂŞtĂ©. C’est le debut  dĂ©couverte du programme d’"Ansar Allah" et de ses caches. Khadim Ould Semane et Sidi Ould Sidna vont nĂ©anmoins rester en cavale jusqu’au 29 avril comptant 22 jours durant sur le rĂ©seau de l’Organisation. Le premier Ă   ĂŞtre arrĂŞtĂ© fut Ould Sidna, puis c’est Khadim. La page d’ "Ansar Allah" est tournĂ©e. Celle du salafisme jihadiste demeure, hĂ©las, ouverte.

 

Attentats Ă  l’explosif : "Ansar Allah" n’en  voulait pas
Des bouteilles de gaz  propane ont Ă©tĂ© dĂ©couvertes dans les caches d’ "Ansar Allah"  Ă  Tevragh Zeina  avec des charges explosives Ă  base de nitrate et des dĂ©tonateurs de gamme civile  ainsi que des ceintures explosives pour Kamikaze. Les charges explosives Ă©taient reliĂ©es Ă  des cordeaux dĂ©tonants. Ce terrible arsenal notamment  pour les explosifs dans  les bouteilles de gaz, allait ĂŞtre utilisĂ© dans un  attentat contre l’ambassade d’IsraĂ©l. Par contre les victimes de ceintures explosives n’ont pas Ă©tĂ© identifiĂ©es tout autant que les potentiels Kamikaze.
Mais   il semble que l’Emir d’ "Ansar Allah" s’est opposĂ© Ă  l’utilisation des explosifs estimant qu’il ne veut pas «tuer les  musulmans» dont «les gardes et les voisins mauritaniens de l’ambassade d’IsraĂ«l». Cet arsenal devait -selon lui- ĂŞtre utilisĂ© contre une Ă©ventuelle  base militaire amĂ©ricaine dont les salafistes sont convaincus de l’installation en Mauritanie. " Si nous le pouvons, nous utiliserons contre eux (les americains) la bombe atomique" a dĂ©clarĂ© un dirigeant jihadiste aux enquĂŞteurs. Les armes individuelles et collectives ainsi que les  substances explosives (TNT et nitrate) ont Ă©tĂ© envoyĂ©es par AQMI.  Certains produits ont Ă©tĂ© achetĂ©s sur le marchĂ© local. S’il faut remercier le ciel pour les problèmes de conscience  de l’un des dirigeants d’ "Ansar Allah" qui n’a pas voulu commettre des attentats de peur de  "tuer des musulmans", il faut avoir Ă  l’esprit que de tels Ă©tats d’âmes peuvent ne pas encombrer d’autres jihadistes aigris, endoctrinĂ©s et convaincus par leurs mentors  que  leur gouvernement et leurs concitoyens, ne sont  autres que des apostats et des impies.
IOM

 

 

                                 Quelques "faits d’armes"


Des actions violentes attribuĂ©es aux  jihadistes mauritaniens et leurs alliĂ©s algĂ©riens ont Ă©tĂ© recensĂ©es depuis fĂ©vrier 2005. En voici la liste,  de celles,  qui sont connues.

 

Le "GIMPJ" enlève de force un véhicule de World Vision
En fĂ©vrier 2005,  un vĂ©hicule de marque Prado appartenant Ă  l’Ong World Vision Ă©tait enlevĂ© sous la menace d’une arme. Selon l’enquĂŞte, cette action avait Ă©tĂ© menĂ©e par un certain "Al Ghalghami" recherchĂ© depuis et   jamais arrĂŞtĂ©. "Al Ghalghami" Ă©tait supposĂ© ĂŞtre le chef de l’aile militaire d’un "Groupe Islamique Mauritanien pour la PrĂ©dication et Jihad" (GIMPJ) plus liĂ© aux organisations jihadistes du Moyen Orient que celle du Maghreb. Le demantelement  du GIMPJ avait Ă©tĂ© annoncĂ© par les autoritĂ©s en mars 2005 (sous Ould Taya)  son  l’existence n’avait pas convaincue parcequ’annoncĂ© par une police assimilĂ©e Ă  l’époque, comme Ă©tant celle d’un rĂ©gime et non d’un pays. Un sentiment qui demeure vivace malheureusement. La politique politicienne et la faiblesse du sentiment patriotique y sont pour quelque chose.

 

Le massacre de  Lemgheiti
Le massacre de Lemgheiti a eu lieu  le 4 juin 2005. Le GSPC  rebaptisĂ© plus tard Al Qaida au Maghreb Islamique (AQMI) a attaquĂ© le poste militaire de  Lemgheiti tuant 15 soldats mauritaniens et blessant 17 autres. MalgrĂ© une «enquĂŞte internationale» menĂ©e en juillet 2005 (par des  intellectuels aussi dogmatiques dans leurs convictions  que les salafistes) qui avait conclu Ă  un montage des renseignements de Ould Taya et des segments de son  rĂ©gime, une enquĂŞte menĂ©e en juin 2006 a pu prouver le contraire. L’attaque de Lemgheiti Ă©tait la rĂ©action du GSPC Ă  l’arrestation en mars 2005 des salafistes mauritaniens qui venaient de dĂ©barquer en Mauritanie en provenance des camps du GSPC ainsi que  l’arrestation des OulĂ©mas  et la mort au cours d’une manifestation d’une mauritanienne (Zeinebou mint Youssouf) . La ferveur patriotique nĂ©e après l’attaque de Lemgheiti s’est vite dissipĂ©e. Le 3 aoĂ»t 2005 se prĂ©parait. Le procès de juillet 2007 n’a mĂŞme retenu l’accusation de participation Ă  l’attaque de Lemgheiti contre deux prĂ©venus, sur lesquels, pesaient des charges consistantes.  Ils ont Ă©tĂ© poursuivis et condamnĂ©s…. pour falsification de pièces d’identitĂ©. Comprendra qui peut !

 

Meurtre des touristes français
Maarouv Ould Habib, Sidi Ould Sidna et Mohamed Ould Chabarnoux,  trois jeunes mauritaniens ayant sĂ©journĂ© dans les camps d’AQMI et organisĂ©s au sein d’une cellule autonome d’ "Ansar Allah El Mourabitoune"  (pourtant opĂ©rationnelle  depuis septembre 2007),  ont assassinĂ©  le 24 dĂ©cembre 2007,  quatre  touristes français et blessĂ© un cinquième. "Ils Ă©taient accusĂ©s de liens avec les services de sĂ©curitĂ© et voulaient dĂ©monter qu’ils sont dignes d’être acceptĂ©s par AQMI" a indiquĂ© un jihadiste aux enquĂŞteurs.
 
Braquage d’un fourgon de transport de fonds
Le 23 Octobre 2007, quatre hommes ont intercepté non loin du Port autonome, une Toyota Carina qui transportait la recette quotidienne des douanes du Port Nouakchott. Ce groupe qui comprenait Khadim Ould Semane a fait main basse sur 55 millions d’ouguiyas. «L’argent est le nerf de la guerre», dit-on.

 

L’embuscade d’El Ghallawiya
Un commando d’AQMI se pavanait le 27 dĂ©cembre 2007  Ă  Ghallawiya dans l’Adrar mauritanien  et visait des touristes europĂ©ens sinon  une mission d’europĂ©ens qui sĂ©journait dans la zone. RepĂ©rĂ© par un poste militaire le commando est poursuivi. Il tend une embuscade Ă  nos soldats,  les tue et disparaĂ®t: Un Lemgheiti bis.


La double agression contre le VIP et l’ambassade d’Israël
Elle a eu lieu la soirĂ©e  1er fĂ©vrier 2008 Ă  2h 10mn, et  a visĂ© l’Ambassade d’IsraĂ«l et le restaurant VIP. Deux blessĂ©s ont dĂ©plorĂ©s. " On  voulait rehausser le moral des Moujahidines après le lynchage mĂ©diatique  lancĂ© contre eux,  après  l’attaque d’Aleg " a dĂ©clarĂ© l’un des assaillants aux enquĂŞteurs.


L’accrochage du "Centre Emetteur"
On dit que la Police a Ă©tĂ© guidĂ©e sur les lieux de l’accrochage avec  Ă  la collaboration d’une taupe, sinon grâce aux Ă©coutes tĂ©lĂ©phoniques. Toujours est-il que la fin  d’après-midi du 7 avril restera mĂ©morable par la violence de l’accrochage qui s’y est produit, pour les habitants du module "L" du "centre Ă©metteur"  et spĂ©cialement pour l’ancien ministre El Moudir Ould Bouna dont le domicile jouxte celui qui servait de base  aux jihadistes. Un accrochage qui a fait trois morts : deux salafistes et officier de police ainsi que  neuf blessĂ©s au sein de la police.


                                                

 

                                                       Pourquoi ?
L’endoctrinement des jeunes mauritaniens dans l’école salafiste jihadiste est sans nul doute liĂ© Ă  notre propre contexte, ses injustices, sa rĂ©pression, ses frustrations,  mais aussi Ă   l’émergence chez nous au dĂ©but des annĂ©es 80  de centres de prĂŞches moyen orientaux. Il y a Ă©galement   les  rancoeurs liĂ©es  contexte politique du monde musulman : occupation de la Palestine, de l’Afghanistan, de l’Irak,  de la TchĂ©tchĂ©nie et les actes attentatoires aux divinitĂ©s et croyances des musulmans. Toute une  littĂ©rature va  constituer une sorte de conditionnement,  de prĂ©paration psychologique au jihad. Des cassettes audio très Ă©coutĂ©es en Mauritanie  font l’apologie du jihad et appellent  les jeunes Ă   devenir  des martyrs pour la purification de la Oumma Islamique. "Enna imou lâ youd rakou bi, Na’ imi " (en français,  "la voie du  paradis ne passe pas par le paradis terrestre" disait Ali Al Gharni, l’un des idĂ©ologues du jihad les plus Ă©coutĂ©s,  dans ses prĂŞches. 
Des milliards d’ouguiyas ont Ă©tĂ© Ă©galement donnĂ©s  par des "mĂ©cènes" du Golfe pour la construction de mosquĂ©es, de mahadras et d’instituts en Mauritanie, lesquels, sont  souvent utilisĂ©s comme des tribunes d’expression Ă  l’islam radical.
Contrairement aux "Douate Teblighiyoune" qui ne font pas de politique (mĂŞme s’ils demeurent un passage obligĂ©, une sorte de probatoire)  et aux   "Frères musulmans" qui sont plus politiques en acceptant de participer aux processus dĂ©mocratiques car ils ont eu Ă  mĂ©diter l’expĂ©rience de la "Jammaa islamiya" d’Egypte et celle de la "Nadha" en Tunisie ;  l’école salafiste  et ses disciples,  est beaucoup plus dogmatique. Elle  refuse la participation au jeu politique moderne. Cette Ă©cole estime que les dirigeants du monde musulman sont des apostats parcequ’ils n’appliquent pas la charia.  L’Etat impie, ses ressources et ses symboles  deviennent donc des cibles.


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