Sidi Idoumou Ould Boudid, SG du SNES : «Aucun gouvernement, aucun employeur ne leur donnera leurs droits sur un plateau d’argent»   
05/05/2008

Enseignement secondaire, enseignement supérieur, enseignement fondamental, l’année scolaire 2007-2008 a été une année bien mouvementée du fait des différentes mesures de grève qui l’ont agitée. Les syndicats de l’enseignement n’ont jamais été autant sur la sellette.



M. Sidi Idoumou Ould Boudid, Secrétaire Général du SNES (Syndicat de l’Enseignement du Secondaire) revient sur les faits marquants de cette année pas comme les autres et éclaire sur les positions et les actions du SNES.

 

Tahalil Hebdo : Les syndicats de l’enseignement ont connu des agitations particulièrement marqués ces dernières semaines. Quelle a été la position du SNES ?

Sidi Idoumou ould Boudid : C’est normal car les enseignants sont dans de mauvaises conditions et leurs protestations sont parfaitement légitimes. Le SNES est pour la défense des intérêts des enseignants mais que cela se fasse de manière organisée et efficace la responsabilité. C’est pour cela que nous avons inscrit nos actions de concert avec l’ensemble des syndicats de l’enseignement à savoir le SNEP, le SNE/UNTM, le SNE/UTM, le SPPES, le SIPES, ainsi que de l’Initiative. (Groupe de directeurs des études démis de leur titre et renvoyés dans les classes par la MEN) nous avons élaboré ensemble dans les locaux du SNES une plate-forme revendicative commune que nous devions déposer au ministère. La position du SNES, était de donner du temps à la négociation. Alors qu’un deuxième réunion s’est tenue dans les locaux du SIPES où la plate-forme a été ordonnée et qu’il ne restait plus que sa traduction et sa saisie définitive, le SIPES a pris tout le monde de court en sortant une plate-forme signée par son Secrétaire Général qu’il distribue à tout vent nonobstant les discussions en cours et en lançant par la même occasion un mot d’ordre de débrayage. Le SNES adonc opté pour les négociations en soumettant sa plate-forme. Mais nous avons le sentiment que qu’elle n’a pas bénéficié de l’intérêt en proportion à la hauteur de nos attentes. C’est pourquoi, lors des derniers trois jours d’arrêt de cours, nous avons été poussé au soutien au mot d’ordre de grève en collaboration avec la coordination des syndicats.

TH : Ne pensez-vous pas que la force réside dans l’unité syndicale ?

SIB : Absolument ! C’est pourquoi après ces trois jours de grève, nous nous sommes réunis au sein de la coordination des syndicats. Après avoir fait une évaluation de la situation, nous sommes arrivés à la conclusion suivante : aujourd’hui si on veut aboutir à un travail réussi, il demande l’unité de l’ensemble des syndicats et organisations regroupant les enseignants du secondaire, ce message, nous savons qu’il est parvenu au SIPES qui, au lieu de nous renvoyer l’ascenseur et de revenir dans les rangs, a préféré sa fuite en avant et lancer un nouveau mot d’ordre de grève en solitaire.

TH : Quels ont été vos rapports avec le Ministère de l’Education Nationale en cette année scolaire 2007(2008 ?

SIB : Depuis l’arrivée de la nouvelle équipe au MEN, un climat de concertation et de dialogue a été initié, il faut le reconnaître. Les syndicats du secondaire se sont regroupés en coordination comme je l’ai souligné plus haut. Nous nous concertons régulièrement avec le MEN autour de questions qui sont importantes pour les enseignants. Nous sommes en bons rapports de partenariat. Des choses positives ont été faites mais elles sont en deçà de nos attentes.En outre, nous nous félicitons de la décision prise par le dernier conseil des ministres de la tenue prochaine des  Etats Généraux de l’Education. Nous espérons seulement que les enseignants seront associés à toutes les étapes de cet événement.  Toutefois, cette notre partenaire n’a pas pris toutes ces décisions de façon concertée. Un réflexe d’unilatéralisme continu à marquer les décisions du MEN. Cela s’est traduit par les nominations des DREN, l’instauration de la journée continue ainsi que le dernier séminaire sur l’APC(Approche Par Compétences) qu’il a organisé lors des dernières fêtes scolaires. 
  TH : Quelles sont les actions à mettre à l’actif du SNES  en cette année scolaire?

SIB : Nous avons mené beaucoup d’activités. Par exemple, du 17 au 18 septembre 2007, nous avons organisé un atelier de réflexion sur le statut des enseignants à l’intention des membres du syndicat. D’autre part, nous avons commémoré la journée internationale de l’enseignant en organisant des affichages dans la ville de Nouakchott et en animant une table ronde au siège du SNES. Par ailleurs, du 17 au 19 décembre, nous avons organisé au siège du SNES un atelier de planification pour une formation syndicale en Guinée ; c’est  sous l’égide de la FCE (Fédération canadienne des Enseignants) et le SNES/ FSU de France ainsi que de la participation de deux syndicats de la Guinée. La formation appelée Bourses Thompson s’est tenue en vue de l’envoi  en septembre prochain de 20 enseignants mauritaniens du secondaire et du fondamental.  en collaboration avec des syndicalistes guinéens et des partenaires. Dans la deuxième moitié du mois de décembre, nous avons organisé une campagne d’implantation et d’adhésion qui a concerné les neuf moughataa  de Nouakchott et le 21 février, une première mission d’implantation a quitté Nouakchott pur le sud du Brakna le Gorgol et le Guidimakha. Le 23 février, une deuxième campagne a été menée dans le Brakna nord, l’Assaba  et les deux Hodhs. Enfin du enfin du  21 au 27 avril, nous avons organisé avec les autres syndicats la semaine de sensibilisation dans le cadre de l’Education pour tous dont l’ouverture officielle a eu lieu à l’école 8 de Nouakchott.

TH : En général, les mauritaniens ont une appréhension à l’endroit du syndicalisme. Que pouvez vous en dire à ceux qui se méfient ?

SIB : Je voudrais leur dire que le syndicalisme a toujours été instrumentalisé par les politiques. Ils doivent militer dans des organisations syndicales indépendantes. Ils ont besoin de s’organiser d’être solidaires pour arracher leurs droits. C est un passage obligé pour l’obtention des droits. Aucun gouvernement, aucun employeur ne leur offrira leurs droits sur un plateau d’argent. Mais que cela soit une lutte civilisée. Le syndicat est l’outil qui forme et informe sur les droits et les devoirs du travailleur.

Propos recueillis par Biri N’Diaye


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