Haeré M’Bar : Petites misères d’un collège    
16/04/2008

Haeré M’Bar, petite bourgade de quelques âmes se situe à près de trente kilomètres de Boghé sur le route de Bababé. N’étant pas sur le parcours de la route bitumée, la cité est peu connue. Mais cet enclavement ne suffit pas pour justifier l’absence d’un collège digne de ce nom. Parmi les impressions qui frappent le voyageur venu de Nouakchott et s’engageant sur la route Boghé-Kaédi, hormis la rupture géographique qui laisse bien derrière les interminables cordons dunaires, c’est bien la densité démographique.



Les villages, hameaux, campements et bourgades se suivent sans discontinuer. Il est quasi impossible de parcourir quelques kilomètres sans apercevoir le minaret d’une mosquée ou l’excroissance d’un forage. Enfin des signes de vie. Si des sites tels que Bababé, Haeré Golleré Niabina sont devenus familiers et relativement importants depuis la mise en service de la route bitumée Kédi-Boghé en 1989, d’autres localités non moins importantes du Fouta se sont vues mises sous l’éteignoir par le simple fait que la route ne les traverse pas ou ne passe pas à leur proximité. Le village de Haeré M’Bar fait partie de ce lot d’infortunés. Pourtant, le domaine a eu ses heures de gloire.

Souvenirs, souvenirs
Samba Diop, le rossignol de la chanson populaire Poular ne chantait-il pas Haeré M’Bar en ces termes : Â« les habitants de Haeré M’Bar sont redevables à Dieu car ils habitent dans le Diéri et boivent l’eau du fleuve. Eux seuls ont ce privilège.» Par ailleurs, quand la route bitumée n’existait pas encore, le village était une étape que les chauffeurs de taxis-brousse ne contournaient pas. Mais, voilà tout cela relève désormais de l’histoire. Le village subit la dure loi de l’enclavement. Mais, le paradoxe réside dans le fait que l’on ne peut réellement pas parler d’enclavement quand on sait qu’il n’est qu’à deux kilomètres de la route et que les toits de ses bâtiments sont visibles à partir du panneau indicateur. Il faut donc descendre de l’asphalte et prendre une piste bien praticable, du moins, en saison sèche et au bout d’une dizaine de minutes, vous voilà dans Haeré M’Bar. On y mène une vie semblable à celle de la myriade de village du Fouta en général. Les activités sont axées sur l’agriculture sous pluie, le petit élevage et le maraîchage. L’émigration a comme partout ailleurs vidé les concessions de leurs enfants. Ceux qui sont restés ne rêvent que de se faire la belle. Mais en attendant, ils prennent le chemin de l’école. A ce niveau, il y’a problème : l’administration du collège de Haeré M’Bar et ses collégiens vivent une situation scolaire des plus difficiles. En effet, l’enceinte de l’établissement scolaire se singularise par un paradoxe rare. En fait, sur une surface de plusieurs centaines de mètres carrés, deux blocs de bâtiments qui font en tout quatre salles de classes sont noyés dans l’immensité d’un grand espace. Ce sont les seuls édifices présents. Tout le reste de cette aire n’est que vide qu’une clôture en grillage cerne. Les sept sections du collège sont obligées de Â« rouler Â» entre les quatre salles. Mais le plus grave reste sans conteste le sort réservé à l’administration qui se retrouve sans locaux. Le chef de l’établissement et le personnel administratif «officient» en plein air. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le directeur, les directeurs des études et les surveillants ainsi que les professeurs, quand ces derniers ne sont pas en classe, s’assoient à l’air libre sur des chaises. D’après Ly Racine, directeur du collège le plus important de tout le Brakna, l’endroit a été affublé du nom de «Mougnal», traduisez en Poular: patience. Il est certes vrai que la mairie locale a mis à la disposition du collège une de ses annexes pour résorber le déficit mais cela est loin de suffire.

Initiatives bizarres
D’autre part, une autre initiative aussi inexplicable est la construction d’un collège moderne dont les travaux sont presque terminés, situé à l’entrée de la ville. C’est la fin du calvaire du collège serait-on tenté de se dire mais, là aussi, on ne sait pas pourquoi les salles ont été construites dans un espace minuscule ne pouvant pas contenir plus d’une demi-douzaine de salles. Pourquoi cette option parcimonieuse lorsque l’on dispose d’un espace illimité ? Voilà des interrogations dont les élèves et leurs professeurs aimeraient bien avoir la réponse. En attendant, sa mise en service attendue pour l’année scolaire 2008-2009 ne suscite pas un quelconque intérêt.
Biri N’Diaye 


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