Vague de libérations d’islamistes au Maghreb : Une nouvelle ère?   
06/03/2006

Après leurs éclatants succès en Egypte et tout récemment en Palestine avec la victoire du Hamas aux élections palestiniennes et la désignation d’un Premier ministre issu du Hamas, les dirigeants arabes, notamment ceux du Maghreb, ont vidé leurs geôles, malgré la récente tournée du secrétaire d’état américain Donald Rumsfield



. L’administration américaine a elle aussi, lâché du lest. On parle depuis quelques temps du retrait des troupes américaines d’Irak,
de négociations secrètes avec la résistance irakienne et l’administration Bush vient d’accepter de publier sur pression internationale les noms de détenus de l’horrible prison de Guantanamo où sont détenus trois de nos compatriotes.

La Mauritanie pionnière malgré la détention des salafistes
La Mauritanie a ouvert le bal en août 2005 avec l’amnistie accordée à plus de vingt dirigeants de l’islamisme mauritanien malgré qu’une vingtaine de salafistes soient restés en détention. Depuis le début de la semaine écoulée, trois pays du Maghreb lui ont emboîté le pas en relâchant un nombre important d’opposants islamistes. En Libye 130 islamistes détenus depuis la fin des années 90 ont été libérés. Kadhafi au pouvoir depuis 36 ans tente de pacifier ses relations avec un courant islamiste libyen présent de longue date dans le pays et qui s’est confronté à plusieurs reprises violemment avec le pouvoir, notamment dans l’est du pays.
En Tunisie plus de 1 600 islamistes ont été libérés au début de la semaine dernière, dont quelque 80 militants du parti islamiste interdit Ennahda.
L’ Algérie vient de procéder durant le week-end à la libération, de 2 000 islamistes. Une mesure prévue après l’adoption le 29 septembre 2005 par référendum, d’une charte pour la paix et la réconciliation nationale, censée tourner la page de plus d’une décennie de violences ayant fait quelque 200 000 morts. Cette charte vise aussi à absoudre les généraux algériens des massacres et disparitions dont les accusent nombre d’organisations de défense des droits de l’homme. A souligner que le 22 février 2006, Alger avait accordé un délai suplemantaire de six mois aux islamistes armés (notamment ceux, du tristement célèbre GSPC) qui n’ont pas commis de crime de sang pour déposer leurs armes et se rendre.
Le président Bouteflika veut ainsi pour favoriser la réconciliation nationale en Algerie après 14 ans de conflit civil.
Les prisonniers libérés en Algérie ont tous été condamnés pour participation aux violences des années 1990, dont le bilan est estimé entre 150.000 et 200.000 morts, civils pour la plupart. Le coût économique des sabotages commis par les islamistes armés est évalué en Algérie à plus de 20 milliards de dollars. Des milliers de rebelles se sont rendus depuis l’amnistie partielle qui avait été décrétée en janvier 2000. Les dernières libérations de détenus remontent à 1999.
A rappeler que l’Algérie avait basculé dans la guerre civile début 1992, après l’annulation, sous la pression de l’armée, d’élections législatives que le Front Islamique du Salut (FIS) était sur le point de remporter haut la main. L’armée avait pris le pouvoir et imposé l’état d’urgence. Six mois plus tard, le président Mohamed Boudiaf est assassiné et une série d’attaques visant les forces de sécurité marquent le début de l’insurrection de l’Armée Islamique du Salut (AIS), aile armée du FIS.
Les dirigeants du FIS , Abbassi Madani et son adjoint Ali Belhadj, sont emprisonnés en 1992 pour atteinte à la sûreté de l’Etat et préjudice causé à l’économie nationale. Le président Liamine Zéroual remporte en 1995 le premier scrutin présidentiel pluraliste en Algerie devant Mahfoud Nahnah, chef d’un parti islamiste légal qui obtient le tiers des voix. Certains membres de l’AIS acceptent une offre d’amnistie.
En 1997, aux premières élections législatives organisées depuis celles qui ont été annulées en 1992, le Rassemblement Démocratique National (partisans de Zéroual) arrive en tête. Neuf partis d’opposition ou indépendants obtiennent des sièges. Zéroual ayant décidé d’abréger son mandat, le ministre des affaires étrangères Abdelaziz Bouteflika est élu président en 1999. Sa loi d’amnistie approuvée par référendum, des milliers de membres de l’AIS et d’autres groupes armés sont graciés.
L’AIS annonce la fin de sa guérilla. Madani et Belhadj sont libérés en 2003. Les islamistes algériens encore actifs sont principalement liés au Groupe Salafiste pour la Prédication et le Combat (GSPC), responsable en 2003 de l’enlèvement de 32 touristes européens au Sahara. Bouteflika est réélu président en 2004 et un nouveau projet d’amnistie pour d’anciens activistes est approuvé l’année suivante par référendum. L’armée est à l’abri de poursuites concernant son action durant le conflit. La nouvelle amnistie entre en vigueur en 2006.
IOM


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