On l’a dit et on le dira tant qu’il le faudra, les symboles nationaux sont sacrés. En conséquence, on a beau être dans le pétrin, il ne faudrait en aucune manière les sacrifier. Des l’instant où l’on franchit ce pas, on sème le désarroi dans les esprits et l’on fait tomber les certitudes.
C’est pourquoi, la fin de la compagnie aérienne nationale a été vécue pour nous autres enfants de la Mauritanie comme une mort et sa réplique. En effet, non content, de nous priver de la sauvegarde d’un patrimoine national, l’Etat nous expose au supplice voir des familles aux abois et des vies brisées. Il y’a une dizaine de jours, l’on a vu devant les grilles du palais présidentiel une scène insoutenable et encore méconnue de nos habitudes : quelques dizaines d’ex salariés de la défunte compagnie ont décidé de prendre leur courage à deux mains et se sont postés à cet endroit pour rencontrer le Président de la République afin qu’il voit de visu dans quelle galère ils sont embarqués. C’était une vision grave à tous les points. On avait de la peine à voir ces équipages en grande tenue debout l’air très digne dans un univers qui leur est bien étranger tous étaient là : commandants de bord, pilotes, co-pilotes, mécaniciens de bord, stewards, agents commerciaux et toutes ces personnes qui faisaient fonctionner Air Mauritanie. Le sit-in a eu le mérite de rappeler à tous, les peines que vivent ces gens là depuis près de sept mois. Ils ont mis fin à leur action avec l’assurance que leurs doléances seraient satisfaites. Mais à ce jour, rien n’a encore été proposé concrètement. Pourtant, ce qui est demandé par les professionnels de l’air n’est pas énorme. Il s’agit de régler leurs droits après la mise en liquidation d’Air Mauritanie. Ceci a d’autant plus d’importance à leurs yeux que l’opération a été mise entre les mains de Ould Horma fraîchement débarqué de l’Inspection Générale de L’Etat. L’Homme, connu pour son courage et son indépendance de jugement passe pour être l’homme de la situation . Ce dont on est en définitive sûr, c’est que cette situation est simplement lamentable. En effet, il est difficile de se faire à l’idée de demeurer comme ça sans le moindre zinc sur le tarmac. La flotte nationale est désormais abonnée à «R.A.S». Et ce n’est pas le DC.3 de l’armée de l’air qui, au passage se verrait bien dans un musée et qui tournoie depuis quelques temps dans le ciel nouakchottois qui nous rendra notre fierté. Par ailleurs, le Premier Citoyen de l’Etat n’est pas épargné par la situation, lui qui est contraint de faire de l’auto-stop aérien. De plus, on n’en peut plus de rencontrer des aviateurs avec pour certains, une trentaine d’années derrière eux et des milliers d’heures de vol dans les mains courir dans l’affolement urbain. Ces hommes ne connaissent que l’air, rendons leurs leur vie. Donnons leurs les commandes, la manche à balaie, la radio pour qu’ils prennent leur envol.
Biri N’diaye
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