S’exprimant le 15 janvier dans un discours à l’occasion de l’ouverture de l’année judiciaire mauritanienne le président Sidi Mohamed Ould Cheikh Abdellahi a déclaré la détermination de la Mauritanie à lutter sans merci contre le terrorisme, l’extrémisme et le crime transfrontalier. Il s’agit de "fléaux étrangers à la société mauritanienne et tout sera mis en oeuvre pour éradiquer ces maux" a-t-il précisé.
"Ces phénomènes transfrontaliers seront combattus avec la plus grande fermeté grâce à notre juste appréhension de l’Islam, à nos forces armées et de sécurité, à notre justice et grâce au consensus de notre peuple autour du rejet de ces pratiques", a-t-il affirmé. Le président Ould Cheikh Abdellahi s’exprimait pour la première fois après l’attaque d’Aleg qui a coûté la vie (le 24 décembre) à quatre touristes français suivie le 27 décembre de l’embuscade d’ El Ghallawiya qui a fauché la vie à 3 soldats mauritaniens. Le discours présidentiel intervenait également trois jours après l’extradition de Guinée Bissau de deux mauritaniens soupçonnés d’avoir tué les touristes français. Il a été suivi de deux interpellations dans les milieux salafistes et de la relance de la coopération sécuritaire avec les USA. Interpellations dans les milieux salafistes La première interpellation a été celle de Abdellahi Ould Mohamed Sidi dit Abdellahi Ould Bouh, un salafiste recherché par les autorités saoudiennes depuis plus de deux années. Il a été arrêté la semaine dernière à Nouakchott. Son nom figure sur une liste de trente six suspects recherchés par les autorités saoudiennes suite aux attentats perpétrés par Al Qaida dans ce pays. Venu en Mauritanie au milieu de 2005, Ould Sidiya a mené une vie normale et vendait les voitures avant d’entrer en clandestinité suite à l’avis de recherche lancé contre lui par les Saoudiens. Selon un journaliste arabophone très proche idéologiquement de la mouvance jihadiste, les saoudiens reprochaient à Ould Mohamed Sidi d’avoir hébergé dans des appartements qu’il gérait en Arabie Saoudite des jihadistes saoudiens impliqués dans des attentats commis au Royaume wahhabite. D’autres sources affirment qu’il aurait été aperçu en Guinée Bissau avant l’arrestation des présumés meurtriers des touristes français et qu’il fut cité par ces derniers, lors de leur interrogatoire. Deuxième interpellation celle du prédicateur salafiste Mohamed Lemine Ould Mohamed Salem alias El Majlissi deux fois hôte des camps de l’ex-GSPC au Nord du Mali selon des enquêtes sécuritaires. Il a été arrêté dans la nuit de lundi à mardi 16 janvier. Une source judiciaire a indiqué qu’ «il aurait été en contact avec les trois assassins présumés des touristes français avant l’attaque d’Aleg le 24 décembre». "El Majlissi" avait été arrêté en 2006, jugé et acquitté en juillet 2007. La police ne lui avait pas reproché grand-chose. Son interrogatoire avait tourné autour des victimes musulmanes et non musulmanes du jihad, sa position par rapport à l’Imam de la mosquée centrale ainsi que des poèmes qu’il aurait écrit pour faire l’éloge du GSPC. Sur ce dernier point, il avait expliqué aux enquêteurs en 2006 que ses poèmes étaient plutôt érigés à la gloire du jihad en Afghanistan. Coopération militaire avec les USA Troisième acte de l’après discours du 15 janvier. Des "Marines" américains vont former bientôt des soldats mauritaniens aux techniques de lutte anti-insurrectionnelle. Des instructeurs américains arriveront en Mauritanie aux termes de l’accord de Partenariat Transaharien de lutte contre le terrorisme (TSCTP), qui vise à aider les pays d’Afrique à combattre l’activisme fondamentaliste. Les "Marines" américains formeront des soldats des unités méharistes mauritaniennes qui patrouillent dans le désert le long de la frontière avec l’Algérie, du Sahara occidental et du Mali. IOM
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