Après avoir inondé la ville de Nouakchott de ses nuisances sonores, des semaines d’affilé, la COD a été incapable de rassembler 5000 personnes, soit 0,5% des 900 000 habitants de la capitale du pays.
Elle espérait tirer profit des évènements tragiques en cours en Egypte, pour se requinquer et reprendre le flambeau bien flétri de Rahil. La guerre des drapeaux partisans, entre Tawassoul et le RFD (les autres composantes de la COD étaient invisibles !), n’a échappé à aucun observateur ; elle permet d’apprécier l’état d’impréparation de la COD à assumer, dans la cohésion, des responsabilités publiques. Comparer le président Aziz à Alsissi, n’est pas choquant formellement, ce qui l’est par contre c’est le fait que Ould Daddah a qualifié, sur les antennes de la TVM, le changement initié par Aziz, en 2008, de « rectification », alors que sur les mêmes antennes, il parle, aujourd’hui, de « coup d’Etat », au sujet Alsissi d’Egypte. Va Aïna Wajhou chabahi, baïna l’ Ithnaïni ?! Les insultes véhémentes des vieux barons de la politique d’exception, à l’endroit du président de la république, n’ont pas convaincu hier place Ibn Abass, car les observateurs présents sur les lieux, ont tous relevé le désintérêt des manifestants pour un discours maintes fois ressassé sur cette même place : « nous n’iront pas aux élections », « le pays est en crise », « vivement le changement par la rue ». .. Un discours à l’opportunisme indécent, car il a essayé, de par le passé, de tirer profit du Printemps arabe et tente à présent de « surfer » sur le reflux irréversible de ce même Printemps. Il n’y a pas de voie de salut pour la Mauritanie, en dehors de la démocratie et des libertés publiques, telles que défendues en ce moment par la majorité, sous l’aiguillon du président Aziz. Tout autre raccourci de quelque nature que se soit, ne pourrait aboutir qu’au désastre dans lequel se débattent, en ce moment, les pays arabes « printaniers ». L’idée saugrenue de rassembler tout le spectre politique national au sein d’un même gouvernement, à un trimestre des élections générales et à environ un an des échéances présidentielles, relève d’un mépris royal des valeurs démocratiques ; comment les Mauritaniens pourraient-ils décider des destinataires de leurs suffrages, dans un paysage politique monolithique ? L’enjeu de n’importe quelle élection est de permettre aux citoyens d’évaluer le bilan de ceux qui exerçaient le pouvoir et de décider ainsi s’ils sont dignes d’assurer ce pouvoir ou si au contraire ils doivent céder la place à une politique alternative proposée par leurs opposants ; si tout le monde siège au même gouvernement, qui défendra le bilan ? Si une partie de ce gouvernement se met à le défendre et une autre à le vilipender, comme elle s’y exerce régulièrement, la solidarité gouvernemental et l’autorité de l’Etat s’en trouveraient gravement menacées, dans un pays où la conscience nationale est à ses débuts. Si au contraire, ceux qui ont violemment combattu la politique du président élu, quatre années durant, se mettent à se réclamer de ce bilan ou à éviter de le critiquer ouvertement, le citoyen mauritanien ne s’y retrouverait pas et ce serait le comble de la cleptomanie politique. En effet, se prévaloir d’un bilan qui n’est pas le sien, pire encore, que l’on a combattu becs et ongles, relève de la pire des gabegies politiques. Pour qu’un scrutin ait un sens, il faudrait avoir d’un côté un gouvernement comptable de l’action publique (bilan) et une opposition (alternative) qui prendrait en charge le pays, au cas où les citoyens désapprouveraient une telle action. Soit dit en passant qu’avec juste un chapelet d’invectives à l’endroit du président Aziz et un étalage au grand jour des divergences idéologiques notoires, , en lieu et place de propositions d’avenir, la COD n’a aucune chance de représenter une alternative politique crédible. En deçà de deux pôles politiques bien identifiables par des citoyens en partie analphabètes, la démocratie est vidée de son contenu. En adoptant la solution de facilité consistant à « se partager » l’administration publique, en dehors de critères électoraux avérés, l’on donnerait, aux citoyens, l’image d’une classe politique prédatrice, une image qui est à l’origine de la violence civile qui ronge certains pays de la sous-région. Ce qui indispose tant les vieux dirigeants de la COD, c’est de s’être rendu compte que le pays pouvait non seulement être géré sans eux, mais en mieux. Ils savent également qu’aujourd’hui, ils seraient battus à plate couture, quelles que soient les conditions de scrutin et quel que soit le nombre d’observateurs étrangers ; ils préfèrent donc manœuvrer à l’infini, en comptant sur la superstition et la magie noire, pour que leurs désirs se transforment en réalités. Rappelez-vous l’histoire à dormir debout du fameux « È » qui « sautillait » d’un bulletin de vote à un autre, toujours en faveur du candidat Aziz, en 2009... Délire électoral et aveu d’échec, n’est-ce pas ? Ce dont la Mauritanie a instamment besoin c’est la mise en œuvre des conclusions du dernier dialogue national et l’organisation rapide d’élections libres et transparentes, à charge pour la CENI de recourir à l’assistance de … la Papouasie-Nouvelle-Guinée, si elle le juge nécessaire et si les principaux acteurs politiques n’y voient pas d’inconvénient majeur, pour que les citoyens de ce pays choisissent ceux qui géreront leurs affaires publiques, loin des intrigues et des manœuvres dilatoires d’un autre âge. Pendant ce temps, le mandat présidentiel court jusqu’en Août 2014 et aucun démocrate ne peut remettre en cause l’autorité et la légitimité du président actuel, à décider des grandes orientations de la politique publique du pays. Il y’a un autre impératif de salut public auquel l’opinion publique doit constamment penser, il s’agit du renouvellement de la classe politique ; les mentalités de nos dirigeants politiques doivent être compatibles avec nos aspirations à un développement durable et harmonieux et à une démocratie viable et apaisée. D’ici-là, la liberté d’expression, en Mauritanie, n’a de limites que celles que voudront bien lui imposer les orateurs eux-mêmes, à la nuance près que « tout ce qui est excessif est insignifiant »... Cheikh Elwely (Maurisahel)
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